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Les collections institutionnalisées

Fondation Aïshti : Pour introduire, au Liban, les artistes contemporains internationaux…

En 15 ans, Tony Salamé, l’homme d’affaires à la tête du groupe de luxe Aïshti, a rassemblé une collection d’art contemporain international parmi les plus importantes de la région. Quelques 3000 pièces - jusqu’à ce jour - qu’il était donc tout à fait naturel d’héberger au sein d’une fondation. A vocation, en principe, muséale.

D’emblée, la couleur est affichée : « Lorsque j’achète de l’art, je suis en compétition avec Léonardo di Caprio et Brad Pitt… », dit avec une fierté non dissimulée celui qui se targue aussi d’être devenu l’ami de quelques-uns des plus grands artistes internationaux vivants, comme Albert Oehlen, « qui était chez moi il y a quelques mois », Richard Prince « avec qui je prends régulièrement un café à New York » ou encore Guiseppe Penone et Michelangelo Pistoletto. Bref, Tony Salamé se positionne en tant que collectionneur à un niveau cosmopolite. Ce que ne manquera pas de confirmer un rapide tour à la Fondation Aïshti, à Jal-el-Dib.


Des grands noms à tous les étages

Occupant une superficie de 4000 m2, sur 3 étages, au sein du Flagship Aïshti érigé comme un véritable temple du luxe par l'architecte star britannique David Adjaye, cette fondation qui a ouvert ses portes en 2015, héberge la collection d’œuvres contemporaines internationales rassemblées par l’homme d’affaires et son épouse Elham, depuis le début des années 2000. Des toiles, sculptures et installations portant la signature des plus grands artistes du moment. A l’instar du célèbre peintre allemand Albert Oehlen, auquel la fondation consacre un accrochage d’envergure jusqu’à fin septembre. Une sorte de rétrospective de son parcours iconoclaste depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui avec, comme point culminant, six toiles spécialement réalisées à cette occasion. Une grande exposition qui s’inscrit dans la suite de celles que le Palazzo Grazzi (Fondation Pinault) à Venise et le New Museum de New York avaient dédié récemment à cet artiste pourfendeur de l’emprise des médias dont il utilise paradoxalement et largement les techniques.

« Un peintre intéressant, c’est quelqu’un qui s’inscrit dans la continuité de l’art, mais qui a apporté un tournant, ouvert une brèche », explique, à ce sujet, le propriétaire des lieux qui semble prendre un réel plaisir à faire découvrir les trésors de sa collection.  Des pièces des célébrissimes Gerhard Richter, Urs Fischer, Michelangelo Pistoletto, Guiseppe Penone, Daniel Buren, Tony Cragg, Richard Prince, George Condo, Wade Gyton, Christopher Wool, Marin Kippenberger, pour n’en citer que quelques-uns… Mises en dialogue avec de petites huiles d’Etel Adnan et des photos de Fouad Elkoury, côté Libanais. Mais aussi avec des peintures d’étoiles montantes de la scène new-yorkaise, comme Matthew Wong et Christina Quarles, qui figurent parmi les dernières découvertes de ce collectionneur au regard affuté.

Car s’il est entouré d’un bataillon d’experts de renom - dont le puissant couple Massimiliano Gionni, directeur associé du New Museum et son épouse Cecilia Alemani, curatrice du High Line à New York, ainsi que le fameux curateur Jeffrey Deitch - qui le tiennent au courant de ce qui se passe dans les hauts lieux de l’art actuel, le businessman collectionneur écume les galeries, foires et ventes de Milan à New York en passant par Venise, Bâle ou Los Angeles pour choisir personnellement les pièces qui viendront s’ajouter à celles déjà présentes au sein de la fondation. « Certes, je fonctionne encore beaucoup au coup de cœur, mais les œuvres que je sélectionne doivent impérativement s’intégrer à l’esprit de cette collection, laquelle devra pouvoir retracer, dans 20 ans, l’histoire des plus importants développements de la scène artistique internationale de notre époque, c’est-à-dire depuis les années 1980 jusqu’à nos jours », dit-il.  

De l’Arte Povera à l’Art américain des années 80  

Tout a pourtant commencé par l’acquisition d’un Lucio Fontana des années soixante découvert au hasard d’un séjour au Byblos Art Hotel de Vérone. Tony Salamé s’éprend d’Arte Povera, et se lance dès lors dans l’acquisition d’œuvres d’autres artistes majeurs de ce courant, comme Penone et Pistoletto…

Son intérêt pour l’art enclenché, le patron du groupe Aïshti va, au fil de ses voyages d’affaires, courir les expositions et les foires où, initié par de grands curateurs, il va s’ouvrir à l’art plus résolument contemporain et international, voir même largement américain. En quelques années, la collection Tony et Elham Salamé ayant largement dépassée le millier d’œuvres, la création d’une fondation d’art s’imposera d’elle-même. Outre le naturel besoin de partager sa passion en l’ouvrant au public, une fondation facilite l’acquisition de certaines pièces fondamentales qui sont difficilement cédées à de simples collectionneurs. Sauf que la principale vocation de la Fondation Aïshti, qui a ouvert ses portes en 2015, est, selon les dires de son patron, « de placer le Liban sur la carte mondiale de l’art ». « L’idée de départ était d’établir une plateforme de dialogue entre artistes internationaux et libanais. Mais découragé par le manque de collaboration de ces derniers, qu’on avait pourtant emmenés à New York dans le cadre de Here and Elswher, une exposition de pré-lancement de la fondation, j’ai décidé de me concentrer uniquement sur l’art étranger de très haut calibre. Celui qu’on peut voir au Tate, au MoMa ou encore à la Biennale de Venise (la fondation finance d’ailleurs cette année les projets des exposants suivant : Antoine Catala, Alex Da Corte, Nicole Eisenman, Anicka Yi, qu’elle récupèrera dans ses collections, une fois l’événement terminé). Et auquel les Libanais peuvent désormais avoir accès, à travers les expositions présentées par la fondation Aïshti, sans être obligés de faire le tour des musées et galeries du monde ». 

D’ailleurs si la visite de la fondation est payante (10 $), comme c’est le cas pour la majorité des fondations, elle est totalement gratuite pour les écoles, les établissements universitaires et les organisations qui sont ainsi encouragés à se joindre à ses tours curatoriaux.

D’emblée, la couleur est affichée : « Lorsque j’achète de l’art, je suis en compétition avec Léonardo di Caprio et Brad Pitt… », dit avec une fierté non dissimulée celui qui se targue aussi d’être devenu l’ami de quelques-uns des plus grands artistes internationaux vivants, comme Albert Oehlen, « qui était chez moi il y a quelques mois », Richard Prince « avec qui...
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