Le pays est à la ramasse, les caisses sont vides, ministres et députés font assaut de créativité pour secouer avec vigueur les derniers Libanais possédant encore quelques piécettes. Puis arrive le week-end, et le spectacle peut commencer…
On vit une époque formidable! Il n’y a pas si longtemps, à chaque fois qu’un neuneu de la politique voulait pondre une ânerie, il fallait rameuter : 1- un reporter lécheur chargé de recueillir religieusement la saillie universelle, 2- un caméraman, 3- un ingénieur du son, 4- un technicien pour les projos… sans compter la brouettée de manutentionnaires et autres larbins applaudisseurs pour faire mousser le gougnafier qui pérorait, l’index toujours relevé comme Diogène quand il énonçait sa théorie sur le ballon sonde.
Comme le temps passe ! Aujourd’hui, ne reste plus que l’index et… Twitter. Les âneries des politiciens libanais, elles, n’ont pas bougé et sont débitées sur clavier à la fréquence d’un staccato de mitraillette. Surtout les samedis et dimanches. Gloire à toi, Jack Dorsey, qui leur a inventé ce petit bidule numérique et libéré enfin leur doigt magique des servitudes de l’onanisme.
La palme de la fébrilité va incontestablement au Basileus, qui rafale son venin exclusivement avec le majeur, ratissant large parmi les guignols qui le vomissent. En le voyant à l’œuvre, on a envie de rappeler la réaction de Louis-Ferdinand Céline devant l’œuvre d’un peintre abstrait : « Il fait des choses qu’on ne lui demande pas. »
L’Onctueux du Grand Sérail pianote aussi, mais lui, c’est pour aligner des propos aussi veloutés que soporifiques sur l’entente nationale, le vivre-ensemble et naninanère. Bon, ça ne mange pas de pain, mais ça marche encore ! Ce qui n’est pas le cas de Wi’am Wahhab, dont le nombre de « followers » doit sans doute se limiter aux membres de sa famille et à une poignée d’idolâtres sévèrement atteints. La grande force de ce prosyrien de charme, c’est son culot. Il passe son temps à s’essuyer les pieds sur les autres puis, quand il se prend une mandale dans les grandes largeurs, il nous joue la violette à l’orgueil blessé.
Mais il n’y a pas que Twitter dans la vie. La preuve, le Hezbollah n’en a rien à cirer, vu que son patron est en liaison Wi-Fi directe avec Dieu et ne pianote plus que la télécommande de ses missiles. Quant à Istiz Nabeuh, dont le cellulaire antédiluvien pèse autant qu’une brique, il a dû refiler cette corvée du doigt à l’un de ses sous-fifres.
C’était notre rubrique hebdomadaire : internet et les réseaux sociaux pour les nuls.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (9)
....""c’est pour aligner des propos aussi veloutés que soporifiques sur l’entente nationale, le vivre-ensemble et naninanère."" Surtout le ""vivre ensemble"". Votre humour noir me fait peur, M. Nasr, et rarement me donne le sourire. Mais dès qu’il s’agit de ""règle de doigts"", on n’est pas sûr de compter jusqu’à 1, même sur ses doigts… J’ai une question pertinente : Comment appelle-t-on un tondu qui laisse pousser sa barbe ? Méditez bien ma question, SVP. Avec tendresse, C.F.
L'ARCHIPEL LIBANAIS
08 h 14, le 29 juin 2019