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Liban - Justice

Des avocats provoquent un esclandre au bureau de la juge Ghada Aoun

Un groupe d’avocats en colère ont pénétré hier par la force dans le bureau de la procureure générale du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, en réaction à sa décision de déférer devant le juge d’instruction deux de leurs pairs pour atteinte à son autorité.

Ouvrant son bureau chaque matin à ceux qui souhaitent lui communiquer leurs plaintes, la juge recevait hier l’avocate Hiyam Dandache, accompagnée par son époux, également avocat, Moussa Awta. L’avocate plaidait pour la remise en liberté de sa cliente, accusée d’avoir falsifié des résultats de tests médicaux, dans le cadre de la constitution d’un faux dossier (de cirrhose du foie en stade terminal) ayant justifié la remise en liberté de Mahdi Masri, accusé de narcotrafic entre le Liban et l’Égypte. L’enquête ouverte sur la falsification du dossier a attiré l’attention sur les fréquences de telles pratiques, où juges, avocats et médecins légistes seraient complices et a donné le coup d’envoi de la lutte contre la corruption au sein du Palais de justice.

La juge Aoun a refusé de donner suite à la demande de Mme Dandache.

La remise en liberté, si elle est refusée, est susceptible d’appel devant la chambre d’accusation, dont la présidence est assurée par intermittence entre trois juges. L’avocate aurait reproché à la juge de retenir la demande et de ne la transférer à la chambre qu’au moment où sa présidence est assurée par le juge qui, de ces trois, est sûr de refuser la remise en liberté.

Les échanges ne menant nulle part, l’avocate aurait haussé le ton.

Lorsque Ghada Aoun a prié ses visiteurs de sortir, ceux-ci lui auraient opposé une vive résistance, Me Awta allant même jusqu’à « la menacer d’un massacre », rapportent des milieux judiciaires. L’avocate, issue de la tribu Dandache dans la Békaa, aurait en outre menacé de représailles le garde du corps de la juge, originaire de cette même région, selon ces milieux.

Cela aurait conduit la juge à demander l’intervention des services de sécurité pour « menace et atteinte à l’autorité d’un juge », un acte commis en flagrant délit, justifiant la levée de l’immunité dont bénéficient les avocats, selon ces milieux.

Les avocats qui se sont solidarisés avec leurs collègues ne l’entendent pas de cette oreille.

Ceux qui se sont mobilisés au sein du Palais de justice ont menacé d’une grève.

Le Regroupement des avocats des différents partis politiques, réuni hier au siège central des professions libérales du mouvement Amal, en présence d’avocats du courant du Futur, du Parti socialiste progressiste, des Marada, du Hezbollah, du Congrès populaire libanais et d’Amal ont dénoncé dans un communiqué conjoint les « atteintes répétées » à l’immunité des avocats et pressé l’ordre des avocats de réagir à de telles pratiques.

Le premier juge d’instruction, Nicolas Mansour, a décidé de relaxer les deux avocats sous caution d’élection de domicile, dans une volonté – qui est aussi celle de Ghada Aoun – de contenir l’affaire.

S.N.

Un groupe d’avocats en colère ont pénétré hier par la force dans le bureau de la procureure générale du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, en réaction à sa décision de déférer devant le juge d’instruction deux de leurs pairs pour atteinte à son autorité. Ouvrant son bureau chaque matin à ceux qui souhaitent lui communiquer leurs plaintes, la juge recevait hier l’avocate Hiyam...

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