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À La Une - Yémen

Colère et peur à Sanaa après la suspension partielle d'aides du PAM

"Cette suspension de l'aide est un acte de guerre contre le Yémen. Une guerre, au sens propre du terme".

Un centre pour le traitement des malnutritions à l'hôpital al-Sabeen à Sanaa, le 22 juin 2019. AFP / Mohammed HUWAIS

A Sanaa, la capitale du Yémen aux mains des rebelles  houthis, l'annonce par le Programme alimentaire mondial (PAM) de la suspension de ses livraisons effraie les plus pauvres, déjà éprouvés, qui redoutent la famine.

Invoquant un risque de détournement de son aide alimentaire, l'organisation de l'ONU, après avoir formellement prévenu puis menacé les houthis de le faire, a annoncé jeudi une suspension de ses livraisons dans les zones contrôlées par les rebelles, précisant que cela allait affecter quelque 850.000 personnes. Les programmes pour les enfants souffrant de malnutrition, les femmes enceintes et les mères allaitantes seront toutefois maintenus, a précisé le PAM.

Mohammed Omar, qui a fui la ville portuaire assiégée d'Hodeida pour se réfugier à Sanaa, a peur de ne plus pouvoir nourrir ses cinq enfants. "Ce que nous recevons du PAM est tout ce que j'ai pour les nourrir", dit-il à l'AFP, "et encore, ce n'est pas suffisant".

Zaydi Abdelrahmane, habitant de Sanaa, ajoute : "Cette suspension de l'aide internationale va affecter tout le monde. Pas seulement ceux d'un village, d'une province ou d'une ville, mais tout le pays".


(Lire aussi : Quelle issue pour le conflit au Yémen ?)


Environ 24 millions de Yéménites, soit plus de deux tiers de la population, dépendent d'une façon ou d'une autre de l'aide humanitaire internationale pour leur survie, estime l'ONU. La décision a été prise "en dernier recours après de longues négociations sur un accord visant à introduire des contrôles pour empêcher le détournement de denrées alimentaires de certaines des personnes les plus vulnérables du Yémen", a expliqué le PAM.

Nasser al-Moaq, 40 ans, assure avoir été témoin du détournement de l'aide onusienne, dont certains produits se retrouvent en vente dans les supermarchés. "C'est de la manipulation", accuse ce père de six enfants, sans emploi. "Je suis enregistré auprès de l'organisation et pourtant, un mois sur deux, ils refusent de me fournir de l'aide (...) On retrouve ces produits dont nous avons tant besoin dans les magasins."

Interrogé par l'AFP près de la vieille ville de Sanaa, Ebrahim al-Kebsi ne cache pas sa colère : "De toutes façons, chaque fois qu'ils nous distribuent de la nourriture, elle est pourrie, plus mangeable après avoir été stockée trop longtemps. Nous n'en avons pas besoin ! Nous pouvons planter, dans notre terre, c'est beaucoup mieux. Avec l'aide de Dieu, nous n'avons pas besoin de l'ONU !"

Pour Samir al-Saqaf, un autre habitant de la capitale, "cette suspension de l'aide est un acte de guerre contre le Yémen. Une guerre, au sens propre du terme".


(Lire aussi : Les houthis annoncent un retrait de trois ports au Yémen, l'ONU prudente)


"Tout le monde est pauvre"

Le PAM estime que des détournement de son aide ont également lieu dans les régions du pays contrôlées par le gouvernement, mais que la coopération avec les autorités y est suffisante pour que ses livraisons se poursuivent.

Le PAM a déjà à plusieurs reprises accusés certains dirigeants houthis "d'obstruction" et de "non-coopération", en fermant certains accès ou en mettant des obstacles aux distributions.

"Nous ne recevons plus de salaires, donc nous sommes forcés de mendier auprès des organisations humanitaires", regrette Zeid Abdelrabb, 35 ans, fonctionnaire. La majorité des employés d'état yéménites ne sont plus payés depuis des mois. Les rebelles houthis, soutenus par l'Iran, ont pris en 2014 le contrôle de Sanaa.

Une coalition dirigée par Riyad est intervenue en 2015 en soutien du gouvernement, alors que le président Abd Rabbo Mansour Hadi s'était réfugié en Arabie Saoudite.

Le conflit, qui dure depuis plus de quatre ans, a fait des dizaines de milliers de morts, la plupart civils, estiment les organisations humanitaires. Le Yémen connaît, selon l'ONU, la pire crise humanitaire au monde en cours. "Au Yémen, tout le monde est pauvre", assure Ibrahim Sanad, 38 ans. "Nous avons besoin d'aide." 



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