La crispation sur le marché secondaire extérieur de la dette s’est relativement détendue ces dernières 24 heures, puisque les rendements des titres de dette en dollars émis par le gouvernement libanais – les eurobonds – ont baissé hier par rapport à mercredi. Une baisse des rendements à très court terme (sur les obligations arrivant à échéance en novembre 2019, dans ce cas) signifie que la perception par les investisseurs du risque que l’État se retrouve en situation de défaut de paiement lors de l’année en cours est moindre. En revanche, ces rendements augmentent lorsque les détenteurs d’eurobonds souhaitent les vendre sur le marché secondaire (notamment quand leur perception du risque est élevé) alors que la demande est faible, ce qui fait baisser leur prix.
L’écart de rendement moyen des eurobonds par rapport aux bons du Trésor américains avait atteint 946 points de base, un plus haut en dix ans, avait relevé mercredi soir l’agence Bloomberg. Hier, l’écart est redescendu à 885 points de base. Cet écart permet de comprendre si l’évolution des rendements des eurobonds est liée aux décisions de la Réserve fédérale américaine, qui ont naturellement un impact sur l’ensemble des titres libellés en dollars, ou bien à une conjoncture propre au Liban.
En parallèle, les prix des contrats qui permettent de se couvrir contre le risque de défaut de l’État libanais, les Credit Default Swap (CDS), ont baissé. Les CDS sur cinq ans, qui étaient à 900 points de base mercredi, ont baissé à 885 points de base hier.
Retard dans l’adoption du budget
Bloomberg a expliqué la récente crispation sur le marché de la dette par le retard de plus de six mois dans l’adoption du budget de 2019, toujours en cours d’examen au Parlement, « ce qui fait perdre patience aux investisseurs, face aux querelles politiciennes qui paralysent la mise en œuvre de réformes économiques ». L’agence souligne que tant que le gouvernement libanais ne mettra pas un terme au creusement du déficit public, les investisseurs ne seront pas rassurés et la situation des eurobonds sur le marché secondaire continuera de se détériorer.
Mais pour le directeur du département de recherche de la Byblos Bank, Nassib Ghobril, le fait que les investisseurs étrangers ne détiennent qu’environ 25 % du total des eurobonds et moins de 11 % de la dette publique libanaise « rend peu fiables les réactions sur ce marché secondaire extérieur qui demeure opaque et non régulé ». « Une simple transaction de quelques millions de dollars peut faire augmenter les CDS », relativise-t-il. La Banque du Liban et les banques commerciales locales détiennent plus de 86 % de la dette publique totale du pays.
L’exécutif prévoit un déficit public à 7,5 % du PIB pour l’année 2019 dans le projet de budget de l’année en cours, alors que plusieurs experts estiment que ce ratio dépassera la barre des 9 %. De plus, les réductions budgétaires et les mesures fiscales prévues dans ce projet de budget et ayant permis au gouvernement de fixer cet objectif ne seront vraisemblablement pas toutes retenues par les députés, qui examinent actuellement le texte.
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commentaires (2)
je suggere a la surete generale - section finances- de serieusement filtrer les "nouvelles" emises par les differentes ""agences de notations "" qui bcp trop souvent sont VOLONTAIREMENT FAUSSES aux buts d'intox, de desinformation et autres buts pernicieux --- et/ou simplement faux par betise !
Gaby SIOUFI
12 h 08, le 21 juin 2019