Au lendemain de son retour à Beyrouth, le Premier ministre, Saad Hariri, s'est réuni avec le président Michel Aoun à Baabda et a assuré à l'issue de leur entretien que leur relation était bonne et qu'ils s'étaient entendus sur une méthode pour accélérer le travail gouvernemental.
Cette réunion intervient dans un contexte de tensions politiques entre le courant du Futur du chef du gouvernement et la formation fondée par le président de la République et dirigée actuellement par le chef de la diplomatie Gebran Bassil, deux partis liés par une entente politique qui semble vaciller.
"Ma relation avec le président Aoun est amicale, notre plus grand souci est d'accomplir des réalisations qui sont dans l'intérêt des citoyens", a déclaré M. Hariri. "Je me suis entendu avec le président Aoun sur une méthode pour accélérer le travail gouvernemental surtout que nous sommes dans une phase économique difficile", a encore indiqué le chef du gouvernement, précisant que son cabinet devrait se réunir la semaine prochaine. "Ce qui nous importe au président et à moi, ce sont les résultats", a-t-il ajouté.
Il a aussi indiqué qu'"il n'y a pas de désaccord sur les nominations", appelant à un retour au calme et à la poursuite du travail. On s'attend à ce que le gouvernement procède à de nouvelles nominations, notamment celles des vice-gouverneurs de la Banque du Liban, suspendues depuis quelques mois.
(Pour mémoire : Bassil persiste et signe : Tous les pays donnent la priorité à leurs ressortissants)
Le chef du CPL avait effectué, il y a quelques semaines, une tournée dans la Békaa-Ouest. Dans des propos tenus lors de cette tournée et ayant fuité sur les réseaux sociaux, M. Bassil aurait critiqué ce qu’il a qualifié de "sunnisme politique", estimant qu’il était né "sur le cadavre du maronitisme politique (…)". Plus récemment, et lors d’une tournée dans le caza de Baabda, le ministre des AE s’en est pris au directeur général des Forces de sécurité intérieure, le général Imad Osman (proche du courant du Futur). Toutes ces prises de position jugées "provocatrices" de la part des détracteurs du chef de la diplomatie avaient suscité la colère des ténors de la communauté sunnite.
Près de deux semaines après les secousses subies par le compromis présidentiel, c’est le président de la République, Michel Aoun, qui s’est invité dans la partie pour tenter de rectifier le tir et assurer la pérennité de l’entente politique élargie de 2016, qui avait donné le coup d’envoi à son mandat. Le ministre d’État pour les Affaires présidentielles, Salim Jreissati, a ainsi été dépêché à Dar el-Fatwa, la plus haute instante religieuse sunnite libanaise, pour une rencontre avec le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, afin de calmer la situation.
(Lire aussi : CPL-Futur : Aoun rectifie le tir et redynamise le compromis présidentiel)
Par ailleurs, interrogé sur les enseignants de l'Université libanaise, M. Hariri a répondu : "Ils n'ont pas le droit de faire la grève point final. Rien de ce qui est prévu dans le budget ne les concerne". "Pourquoi ils manifestent ? Pourquoi ils privent les étudiants d'aller à l'université?", s'est-il interrogé.
Le président de l'UL, Fouad Ayoub, avait appelé les professeurs à temps plein à revenir sur leur décision d'observer une grève ouverte, soulignant que les ministres lui ont assuré que le budget de l'université ne serait pas réduit et que personne ne voulait toucher aux salaires des professeurs ou des employés de l'UL.
Les mesures d'austérité prévues dans le budget de l'année en cours ont suscité la colère des fonctionnaires et des militaires à la retraite, dont les mouvements de grève et de protestation se sont multipliés ces dernières semaines.
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commentaires (2)
Le travail gouvernemental doit reprendre son rythme normal surtout que beaucoup de dossiers épineux et des positions jugées "provocatrices" entravent le travail normal du gouvernement .
Antoine Sabbagha
21 h 21, le 12 juin 2019