Quel panache ! Quelle maestria digne des meilleurs prix Nobel d’économie ! Imposer une taxe de 1000 LL sur chaque gland d’argile grésillant à la pointe du narguilé, fallait le braire ! Chapeau les gars ! Le Trésor public est sauvé…
Ainsi, non content de continuer encore à fabriquer, distribuer et vendre du tabac, cet État arriéré veut maintenant faire les poches de ses propres clients feignasses téteurs de tuyau, vautrés sur les balcons, terrasses ou lieux publics et sommés de cracher au bassinet avant qu’ils ne crachent leurs poumons. Vite, vite, fallait rattraper le manque à gagner avant le dernier soupir !
Entre-temps, on en a appris de bien belles sur ce projet branlant de budget. Que par exemple les pois-chiche aux commandes de cette République de poche ne payent ni douane ni taxe mécanique sur les bahuts qu’ils achètent pour parader. Que les présidents, ministres et députés ne sont même pas soumis à l’impôt sur le revenu. Le principe d’égalité dans toute sa splendeur : les gueux n’arrivent pas à boucler le mois ni eux la boucle de la ceinture de leur pantalon. Maintenant qu’une cure d’amaigrissement a été imposée à cet État de planqués, ils devront théoriquement passer à la caisse. Faudra sans doute organiser une quête, pour éponger leurs fins de mois désormais difficiles.
Pas un mot évidemment sur les quelque 5 000 fonctionnaires embauchés en toute illégalité, pas plus que sur les projets de développement générateurs d’emplois. Tant et si bien que les 83 pages noircies du projet de budget peuvent se résumer ainsi : des salaires pour les flemmards et le fisc pour les crevards. Tout ce papier imprimé, quel gâchis pour la forêt amazonienne et la planète !
Mais le moyen de faire autrement, tiens ! La quasi-totalité du pays est entortillée dans les « lignes rouges », cliché type du Libanais en colère. Les militaires ? Ligne rouge ! Les douaniers ? Ligne rouge ! Les juges ? Ligne rouge! Finalement, il n’y a que les fonctionnaires des chemins de fer qui ne mouftent pas, trop contents qu’on ait oublié leur emploi bidon…
Pour le reste, tout va bien. L’Argentier bas de caisse d’Istiz Nabeuh et le Basileus continuent de se castagner à qui mieux mieux. Le premier est carrément dépassé par ses comptes d’apothicaires tirés par la touffe, le second entend le traire jusqu’au dernier fifrelin.
Alors patience ! Quand la dette atteindra 100 milliards, quand le pain, le sucre, le riz et l’essence seront introuvables, le pays aura touché le fond des tréfonds. Mauvaise nouvelle : la disette aidant, il n’y aura plus que des rats à bouffer. Bonne nouvelle : il y en aura pour tout le monde.
gabynasr@lorientlejour.com
ET S,ILS TAXAIENT CHER GABY NASR 1000 L.L. POUR CHAQUE PIPI CE SERA BEAUCOUP PLUS D,ARGENT QUE LES NARGUILES, A MOINS QUE LES GENS FERAIENT LA GREVE EN NE PISSANT PLUS !
18 h 13, le 24 mai 2019