Au terme de trois jours de garde à vue, l’ex-président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), Béchara Asmar, est depuis hier en détention provisoire pour diffamation contre la mémoire du patriarche maronite Nasrallah Sfeir, décédé le 12 mai. Un mandat d’arrêt a été émis contre lui par le juge d’instruction de Beyrouth, Georges Rizk, qui l’a interrogé au préalable pendant une heure et demie. L’enquête fait suite à une plainte déposée contre lui par un groupe d’avocats, dont Élie Mahfoud, pour diffamation et pour dénigrement de pratiques religieuses.
« Béchara Asmar a été arrêté. Félicitations pour cet État policier et ce pays qui exploite la religion à des fins politiques », a vite réagi hier l’avocat de l’ex-patron de la CGTL, Bilal Husseini. « Le patriarche Sfeir a été insulté des dizaines de fois dans sa vie et a pardonné à tout le monde », a-t-il ajouté.
À L’Orient-Le Jour, il dénonce « une arrestation politique arbitraire » qui viserait, selon lui, « le travail syndicaliste de son client et sa personne en premier lieu ». Mais il n’écarte pas, en réponse à une question, qu’un bras de fer politique se joue derrière l’arrestation de M. Asmar, proche du président de la Chambre, Nabih Berry.
Même « la démission de M. Asmar n’aura pas suffi à le faire libérer », contrairement aux attentes de son camp, se désole Me Husseini, en précisant que la prochaine séance d’audition a été fixée à lundi.
La détention de Béchara Asmar pour délit d’opinion serait en soi symbolique de la politique de répression des libertés, puisque « la détention provisoire pour diffamation est interdite par la loi », précise Me Husseini en ajoutant que cela vaut pour tout citoyen, non seulement les journalistes.
Sur le fond, l’avocat rejette l’accusation de diffamation, en partie parce que son client n’a pas prononcé ses paroles en public, ou en tout cas ne pensait pas le faire.
Pour rappel, le président de la CGTL apparaît dans un enregistrement vidéo en train de tenir ses propos alors qu’il s’apprêtait à tenir une conférence au siège de la confédération, sans qu’il sache qu’il était filmé et que les micros étaient déjà activés. « M. Asmar n’a pas divulgué la vidéo et n’a pas œuvré à en diffuser le contenu », ajoute son avocat.
Par ailleurs, le syndicat des employés de banque a jugé que la démission de M. Asmar et la décision de la CGTL de l’accepter était « la bonne décision à prendre », au vu des propos « condamnables » qu’il a tenus contre le patriarche Sfeir.
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commentaires (9)
Il est cuit le Béchara Asmar. Ses propos sont plus que condamnables qu’on le veuille ou non. On a beau les tourner dans les sens , ces propos railleurs, irrespectueux et insultants sont indignes de la part d’un tel responsable. Il ne peut plus exercer de telles fonctions car il s’est littéralement fait hara-kiri et a vraiment démontré ,avec ceux qui l’entouraient , à quel point ils étaient atteints ...Quant à la détention , c’est exagéré car il ne faut pas en faire non plus un martyr ! Qu’il aille libre vendre des patates ...c’est ce qu’il a de mieux à faire . Et non Mr Asmar il n’y aura pas de miracle pour vous !
L’azuréen
22 h 26, le 22 mai 2019