La roulette de la justice

Cette histoire des juges et compagnie qui font l’objet de poursuites pour corruption est très amusante. Et c’est assez édifiant. On a commencé par quelques magistrats, puis des auxiliaires de justice, puis des intermédiaires-facilitateurs de formalités, puis le chauffeur, et on entend déjà parler du cousin germain et de l’employée de maison éthiopienne de la belle-mère… C’est un peu comme lorsqu’il y a un médecin dans la famille : toute la tribu se sent la vocation de prescrire des médicaments.

Et attention à tout ce beau monde et d’autres sans doute sans aucune « couverture » ; la grande invention clientéliste locale. Tous les grands manitous déclarent donc fièrement qu’ils ne « couvrent » personne. Ce qui veut dire que la possibilité de couvrir existe, auquel cas c’est l’impunité qui prévaut ; mais que, par leur extrême magnanimité, ils y renoncent. Ils reçoivent à cette occasion une pluie d’éloges d’admirateurs ébahis par tant de grandeur d’âme.

Cela pose quand même un problème au simple mortel qui avait l’intention de porter plainte contre un partenaire qui lui aurait arnaqué des sous. Considérant qu’un procès normal va durer pas moins de 10 ans, avec tous les frais de justice, d’avocats, de temps consacré à l’affaire… et il n’est pas sûr de tomber sur un magistrat intègre. Question de chance. Certains proposent comme alternative la médiation ou l’arbitrage. Mais, chance pour chance, il y a un autre moyen à considérer sérieusement : le Loto. Avec deux grilles par semaine durant 10 ans, il y a de fortes chances de récupérer l’argent perdu. C’est moins cher, plus simple, et ça peut rapporter gros.

Une solution digne d’être proposée aussi au niveau étatique comme alternative aux procès. Imaginez alors l’économie sur les finances publiques. Ce serait (selon un slogan de mai 68) l’apogée de l’imagination au pouvoir.

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