L'ex-président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), Béchara Asmar.REUTERS/ Aziz Taher
Un mandat d'arrêt a été émis mardi par le juge d’instruction de Beyrouth, Georges Rizk, contre l'ex-président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), Béchara Asmar, après l'avoir entendu, pour avoir porté atteinte aux sentiments religieux en se livrant à des propos insultants à la mémoire du patriarche maronite Nasrallah Sfeir, décédé le 12 mai dernier.
L'avocat de l'ex-patron de la CGTL, Bilal Husseini, a dénoncé une "attaque politique" contre son client. "L'attaque contre Béchara Asmar est une attaque politique pour se venger de son rôle au sein de la CGTL", a-t-il déclaré. "Le patriarche Sfeir a été insulté des dizaines de fois dans sa vie et a pardonné à tout le monde", a-t-il ajouté.Dans une vidéo ayant fuité sur Internet, le président de la CGTL s'était moqué du défunt patriarche émérite. "Ils en ont fait un saint", avait-il ironisé, provoquant des éclats de rire à gorge déployée des autres intervenants assis auprès de lui, avant de tenir des propos insultants sur la propension du patriarche défunt "à effectuer des miracles" désormais.
M. Asmar s’est immédiatement attiré les foudres de plusieurs personnalités et formations politiques. Il avait ensuite été contraint de démissionner de la présidence de la CGTL. Lundi, la confédération avait accepté cette démission et présenté ses excuses aux Libanais.
Interrogé par la police criminelle sur ordre du parquet de cassation, le syndicaliste avait été arrêté samedi et placé en garde à vue. Sur le plan judiciaire, le procureur général Imad Kabalan avait déféré M. Asmar devant le bureau du procureur général de la cour d'appel de Beyrouth, chargée des procédures judiciaires à son encontre. L'accusant de diffamation et dénigrement de pratiques religieuses, la cour d'appel a, à son tour, transféré le dossier au premier juge d'instruction de Beyrouth, Ghassan Oueidate, afin d'assurer le suivi nécessaire. Le juge Oueidate a par la suite transmis le dossier au juge Rizk.
Sur les réseaux sociaux, l'arrestation de M. Asmar a fait polémique, plusieurs internautes trouvant cette mesure injustifiée.
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C'est de l'enfumage politique pour faire avaler la pilule en douce. Quant aux hommes religieux qui se lèvent et qui veulent faire la peau à ce pauvre homme, maladroit certes, mais qui a le droit d'exprimer son opinion. Ces religieux n'incarnent plus aujourd'hui l'idée dont je me fait de ces "représentants" de Dieu qui sont sensé répandre le pardon et la paix.
23 h 56, le 21 mai 2019