Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

HRW dénonce les châtiments corporels encore en vigueur dans les écoles libanaises

L'ONG rapporte une cinquantaine de témoignages d'enfants ayant été battus par des enseignants. 

Dans un rapport, HRW rapporte plus de cinquante témoignages d'enfants scolarisés au Liban, tant dans le secteur public que privé et victimes de punitions corporelles, qui sont pourtant interdites depuis les années 70. Photo d'illustration AFP / Jeff Pachoud

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a dénoncé lundi le recours encore en vigueur dans certaines écoles libanaises aux châtiments corporels et aux humiliations verbales contre les enfants, appelant à plus de transparence, à mettre un terme à l'impunité des enseignants violents et à une meilleure formation de ces enseignants afin d'éviter les punitions physiques. 

Dans un long rapport intitulé "Je ne veux pas que l'on batte mon enfant : les châtiments corporels dans les écoles du Liban", l'organisation rapporte plus de cinquante témoignages d'enfants scolarisés tant dans le secteur public que privé et victimes de punitions corporelles, qui sont pourtant interdites depuis les années 70. "Depuis 2014, le code pénal libanais ne contient plus aucune justification du crime d’agression d’élèves par le personnel enseignant", précise le texte. Pourtant, les violences subies par les élèves ne sont pas rares et vont des humiliations verbales et insultes et coups portés avec la main aux punitions plus violentes, assénées avec des tuyaux ou des câbles électriques, qui dans certains cas, "dégénèrent en grave agression", selon le rapport. 

"Encore aujourd’hui, des enfants doivent choisir entre subir des abus et se passer d’une éducation, déclare Bill Van Esveld, chercheur senior sur les Droits de l’enfant à Human Rights Watch, dans le rapport. Des adultes battent des enfants dans les écoles libanaises et il est urgent que cela cesse".


(Pour mémoire : Droits de l’homme et violence domestique : pour une stratégie « des petits pas »)



"Tirer les cheveux et fouetter la main"
HRW mentionne notamment le cas d'un garçon souffrant des effets secondaires d’un traitement contre la leucémie et qui avait des difficultés dans ses études, qui s'est fait insulter, tirer les cheveux et exclure de la salle de classe par son enseignant. Ou encore le témoignage d'un enfant affirmant qu'un enseignant l'avait fouetté à la main avec un câble électrique, lui causant une estafilade profonde qui "a saigné pendant quelques jours". 

L'organisation reproche aux institutions de ne pas effectuer de suivi des cas de châtiments contre les enfants, voire même, dans certains cas, de faire preuve d'encore plus de violence sur les enfants ayant signalé des cas de violence. "Dans certains cas, des parents se sont plaints auprès de la police, sans résultat", ajoute le rapport. HRW met par ailleurs en garde contre les conséquences néfastes des châtiments corporels sur les enfants qui, en plus des souffrances infligées, peuvent "prédisposer les enfants à l’agressivité, à la délinquance et à la violence conjugale dans leur vie d’adulte, ainsi qu’à un comportement asocial, à des troubles dus à l’anxiété et à des problèmes comme la dépression et les tendances suicidaires". En revanche, "aucune étude n’a démontré que les châtiments corporels avaient un effet positif à long terme", affirme l'organisation humanitaire. 

HRW insiste en outre sur la vulnérabilité des enfants réfugiés syriens scolarisés au Liban aux abus. "Des enfants syriens ont affirmé qu’en plus de les frapper, les membres du personnel scolaire insultaient leur nationalité et, dans plusieurs cas, leur interdisaient d’aller aux toilettes", rapporte l'ONG. Elle regrette que, malgré la mise en place de mesures, comme une ligne de téléphone pour recueillir les plaintes, les familles d'enfants maltraités à l'école ne sont pas tenues au courant du suivi de leurs plaintes. "Une famille syrienne qui s’est plainte a affirmé que le personnel de l’école avait menacé de la signaler à la police si elle persistait", indique HRW. 



(Pour mémoire : Une nouvelle initiative pour défendre les enfants face au marché du travail)



Mécanismes de suivi et formation
Afin de mettre un terme à ces abus, l'ONG appelle le ministère de l'Education à ne pas se limiter à respecter la politique adoptée en 2018 et visant à protéger les enfants  l'école, mais également à faire appliquer la loi et mettre en place de réels mécanismes de suivi des plaintes déposées, publier les sanctions imposées aux enseignants auteurs de maltraitance et mieux former les enseignants. HRW demande également au ministère de respecter la confidentialité des enfants se plaignant d'abus et de coopérer avec les ONG en charge de la protection des enfants, qui se chargent régulièrement du suivi des plaintes devant la justice. 

"Les enseignants ont besoin de recevoir une formation adéquate sur les meilleures manières d’inculquer la discipline aux enfants sans recourir à la violence, et les élèves ont besoin d’un système scolaire qui garantisse leur droit à recevoir une éducation à l’abri de la peur, affirme Bill Van Esveld. Avec des réformes sensées, le Liban pourrait enfin faire cesser les châtiments corporels à l’école".



Pour mémoire
Une stratégie officielle, enfin, pour la protection de l’enfance...

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a dénoncé lundi le recours encore en vigueur dans certaines écoles libanaises aux châtiments corporels et aux humiliations verbales contre les enfants, appelant à plus de transparence, à mettre un terme à l'impunité des enseignants violents et à une meilleure formation de ces enseignants afin d'éviter les punitions...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut