La guerre est finie avant même d’avoir commencé. C’est l’impression qui ressort après les deux jours de confrontations à Gaza qui se sont terminés par un cessez-le feu, suite à une médiation du Qatar et de l’Égypte, qui ont soudain recommencé à travailler ensemble.
Pourtant, pendant la période de la campagne électorale et même après sa victoire aux élections, le Premier ministre réélu Benjamin Netanyahu n’avait pas caché son intention de lancer une vaste opération contre Gaza pour briser le Hamas et le Jihad islamique. En fait, cette idée est dans l’air depuis que les Palestiniens ont lancé, en mars 2018, le processus des « Marches du retour » qui dérange au plus haut point les autorités israéliennes. D’ailleurs, depuis la grande confrontation de 2008-2009 – au cours de laquelle au bout de plus de trois semaines, l’armée israélienne qui avait entamé une offensive aérienne doublée d’une autre terrestre n’a pas pu atteindre ses objectifs déclarés –, les Israéliens lancent régulièrement des attaques contre Gaza à la fois pour tâter le terrain et maintenir la pression sur les Palestiniens et pousser la population à quitter les lieux.
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Selon les informations véhiculées par les médias israéliens, l’attaque qui a commencé à la fin de la semaine dernière devait être plus importante que celles qui ont eu lieu au cours des dix dernières années. Mais à peine les avions israéliens ont-ils commencé à lancer des raids sur les cibles prévues à Gaza que des dizaines de missiles ont commencé à pleuvoir sur les colonies et les localités israéliennes du sud. En 36 heures, les Palestiniens ont lancé près de 700 missiles, dont certains d’une portée moyenne de 40 km. 65 % de ces missiles ont atteint leurs cibles, malgré le bouclier de protection israélo-américain qui, en principe, est destiné à les intercepter. En réalité, les Palestiniens ont précisé par la suite qu’ils ont trouvé le moyen de neutraliser le bouclier de protection (appelé « la voûte d’acier ») en lançant plusieurs missiles en même temps, ce qui réduit l’efficacité de l’interception.
Ce n’était pas la seule mauvaise surprise réservée aux Israéliens pendant ces 36 heures de confrontation. En effet, les autorités israéliennes ont découvert que les Palestiniens détiennent des missiles de type Badr 3, dont l’un a été lancé sur la ville d’Ashkelon. D’une portée de 40 km, il est doté d’une tête qui peut porter une charge de 250 kg d’explosifs. Apparemment, ces missiles sont fabriqués à Gaza, ce qui signifie que les Palestiniens réussissent à se procurer les matériaux pour les fabriquer en dépit du blocus sévère qui leur est imposé. Dans le même contexte, le film diffusé par les brigades Ezzedine al-Qassam (la branche armée du Hamas) au sujet de ce missile lancé sur Ashkelon montre en toile de fond un train. Ce qui a été interprété comme un avertissement adressé par les Palestiniens aux Israéliens sur la possibilité de cibler la prochaine fois des installations précises et vitales.
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Le missile Badr 3 et les missiles Kornet ont donc constitué le clou de ces 36 heures d’affrontements qui ont provoqué une polémique interne en Israël, avec un flot de critiques adressées au Premier ministre aussi bien par des députés du parti Bleu Blanc de Benny Gantz et Yaïr Lapid que par d’autres du Likoud (comme Gideon Saer). D’ailleurs, toujours selon les médias israéliens, au cours de la réunion du cabinet réduit dimanche, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer l’arrêt de cette offensive. Il semblerait ainsi que le chef d’état-major, le général Aviv Kochavi, et le chef du Shin Bet, Nadav Argaman, auraient été très fermes pour réclamer la conclusion d’un cessez-le feu, car, selon eux, « le front interne » n’est pas prêt pour une opération d’envergure. D’ailleurs, les chiffres sont en eux-mêmes significatifs car le bilan de ces 36 heures a été, du côté palestinien, 29 morts et 150 blessés, pour la plupart des civils, alors que du côté israélien, il y a eu 4 morts et plusieurs dizaines de blessés.
Pour toutes ces raisons, les médiations du Qatar et de l’Égypte ont été rapidement couronnées de succès et un cessez-le feu a été conclu, avec des mesures concrètes qui sont actuellement sous étude.
Il y aura certainement de longues évaluations et des analyses détaillées de ce qui s’est passé au cours de ces 36 heures, sur le plan militaire proprement dit. Mais la première leçon à en tirer, selon les milieux proches du Hezbollah, c’est que les propos du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, sur l’incapacité des Israéliens à mener une nouvelle guerre contre le Liban sont confirmés. Si les Israéliens n’ont pas marqué un seul point dans la bande de Gaza, soumise à un blocus strict depuis des années et surveillée par tous les satellites américains et israéliens installés dans son ciel, comment pourraient-ils lancer une offensive au Liban où le Hezbollah possède des milliers de missiles ? Les sources proches du Hezbollah estiment aussi que s’il s’agissait d’un test de la part du Premier ministre israélien, il a dû être concluant. Les rapports de force militaires ne sont plus en faveur des Israéliens, qui restent certainement les plus forts et de loin, mais ils doivent tenir compte de la capacité de nuisance des mouvements de résistance. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les États-Unis ont désormais recours aux sanctions économiques, à Gaza, mais aussi au Liban, en Syrie et en Iran.
Chronologie
Plus d'un an de tensions et de heurts à Gaza
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Effectivement "Les leçons de Gaza, selon le Hezbollah" me rappelle les leçons de la conquête de la lune selon Hergé et Tintin! Une bande dessinée amusante mais sans aucune justification logique. La seule leçon à prendre c'est qu'alors qu'Israël évolue tranquillement et sûrement dans le 21eme siècle, Gaza et les pays avoisinant à Israël se balladent naïvement à reculons vers l'âge de ruines. Une ballade quand même bien menée au son des chants de gloire et de succès! Non seulement ceci ne dérange pas Israël mais plutôt l'enchante!. Yallah ... Aal sikiin ya batikh
16 h 08, le 08 mai 2019