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La thèse d'une "attaque" contre un hôpital le 1er Mai à Paris battue en brèche

Une enquête avait été ouverte et 32 personnes placées en garde à vue mercredi pour "attroupement en vue de commettre des dégradations ou des violences". Mais toutes les gardes à vue ont été levées jeudi.

L'hôpital de La Pitié-Salpêtrière à Paris. Photo d'illustration KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Les autorités françaises ont joué l'indignation après l'intrusion de manifestants dans un hôpital parisien en marge du défilé du 1er Mai, évoquant même une "attaque", mais des témoins et des vidéos sont venus jeudi battre en brèche cette version.

Une enquête avait été ouverte et 32 personnes placées en garde à vue mercredi pour "attroupement en vue de commettre des dégradations ou des violences". Mais toutes les gardes à vue ont été levées jeudi, a annoncé le parquet de Paris dans la soirée.

Geste "totalement irresponsable" pour le Premier ministre, Edouard Philippe, "exaction" inédite, "inqualifiable" pour la ministre de la Santé, Agnès Buzyn... Les condamnations gouvernementales se sont succédé jeudi. La veille, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, avait même évoqué une "attaque" des "black blocs" d'ultragauche. Mais cette version a été battue en brêche par des témoignages de soignants de l'hôpital et des vidéos sur les réseaux sociaux.

Mercredi en fin d'après-midi, alors que les tensions augmentaient entre manifestants et forces de l'ordre dans le traditionnel défilé célébrant la Fête du travail à Paris, des dizaines de personnes avaient fait brièvement irruption dans l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, certains tentant de pénétrer dans un service de réanimation.

L'hôpital, où est morte la princesse Diana en août 1997, est situé sur le parcours de la manifestation, non loin de la place d'Italie, dans le sud de la capitale française, où avaient lieu les affrontements les plus violents.

Certains intrus avaient "des gestes violents et menaçants", a raconté à la radio France Inter la directrice de l'établissement, Marie-Anne Ruder, selon laquelle le personnel est "profondément choqué que l'hôpital puisse devenir une cible".




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"Pas de débordements"
Toutefois, des salariés de l'hôpital interrogés jeudi avaient une version moins dramatique. C'était une scène "très courte" et "non violente", a déclaré un infirmier, Mickaël, à la chaîne d'information BFM TV. "Est-ce qu'ils voulaient nous agresser ? Est-ce qu'ils voulaient juste échapper à quelque chose ? On ne savait pas", a-t-il poursuivi, racontant que les personnes criaient "Ouvrez la porte" et qu'"aucune" n'avait "le visage masqué, ni encagoulé". "Ça s'est passé dans le calme, il n'y a pas eu de débordement. L'équipe n'est pas du tout choquée, il n'y a pas de réel traumatisme", a assuré l'infirmier.

Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, filmée de l'intérieur du service de réanimation, du haut d'une passerelle desservant la sortie de secours du service, contredit aussi la thèse d'une "attaque". Elle montre des manifestants fuir soudain et s'engager sur la passerelle alors que les policiers arrivent sur le site. Le personnel hospitalier ferme alors la porte vitrée pour empêcher toute intrusion et leur explique à travers la vitre "Ici c'est la réa (réanimation, NDLR), on peut pas!", "Il y a des malades". Les manifestants restent calmes, comme les policiers qui arrivent à leur tour sur la passerelle et les font partir. Seul un homme essaie de s'introduire quand la porte est brièvement rouverte. "Ils nous gazent", dit une voix.

D'autres vidéos sur les réseaux sociaux montrent des manifestants apparemment calmes stationnant dans l'enceinte de l'hôpital, et une journaliste de l'AFP a vu des personnes se réfugier sur le site pour échapper au gaz lacrymogène sur le boulevard.

La communication gouvernementale est désormais sous le feu des critiques de l'opposition. "Le ministre de l'Intérieur doit cesser de mettre de l'huile sur le feu et doit maintenant s'expliquer sur ses déclarations démenties par les faits", a réagi Bruno Retailleau, président du groupe LR (droite) au Sénat. Pour le dirigeant de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, "M. Castaner est un menteur, en plus d'être un incompétent". "Personne n'a attaqué cet hôpital", a-t-il ajouté, "il y a eu des gens qui ont couru à l'endroit où ils pouvaient se réfugier" pour fuir les nasses policières et les gaz lacrymogènes. Même les syndicats hospitaliers ont dénoncé "l'amalgame fait entre un groupe ultra-organisé et violent ("black blocs") et les 80.000 manifestants qui ont défilé pacifiquement à Paris".

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté mercredi en France pour la Fête du travail à l'appel des syndicats, mais aussi des "gilets jaunes" qui contestent depuis plus de cinq mois la politique du gouvernement. Les manifestations se sont déroulées dans le calme en province, tandis que le défilé parisien était émaillé de violences et de heurts entre des manifestants et les forces de l'ordre.



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commentaires (1)

Que ce soit en France ou ailleurs, lorsqu'on a peur de la force publique, on ne se permet pas de commettre des dégradations et des violences et on ne jette pas des parpaings et des bouteilles d'acide sulfurique sur les forces de l'ordre et ensuite courir se réfugier lâchement dans un hôpital.

Un Libanais

14 h 37, le 02 mai 2019

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Commentaires (1)

  • Que ce soit en France ou ailleurs, lorsqu'on a peur de la force publique, on ne se permet pas de commettre des dégradations et des violences et on ne jette pas des parpaings et des bouteilles d'acide sulfurique sur les forces de l'ordre et ensuite courir se réfugier lâchement dans un hôpital.

    Un Libanais

    14 h 37, le 02 mai 2019

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