Le député du Hezbollah, Mohammad Raad. Photo d'archives Ani
Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a mis en garde vendredi les responsables libanais contre toute mesure dans le budget de l'Etat pour l'exercice 2019, qui affecterait les fonctionnaires et classes défavorisées, estimant que cela mènerait le pays à sa ruine.
"Il est inacceptable que l'on touche aux portefeuilles des employés et des pauvres lorsqu'on veut mener des réformes et réduire le déficit budgétaire, et que l'on oublie les vols, les pillages, le gaspillage et la corruption grâce auxquels de nombreuses personnes se sont remplies les poches pendant des décennies", a lancé M. Raad lors d'une cérémonie à l'occasion de l'anniversaire de l'imam Mahdi à Kfar Dounine (Liban-Sud).
"Si quelqu'un pense pouvoir faire porter ce fardeau aux personnes à revenus modérés, aux pauvres, à nos ouvriers et fonctionnaires, il mènera le pays à sa ruine", a insisté Mohammad Raad. Il a appelé les responsables à "chercher d'autres sources de revenus", soulignant que les fonctionnaires les moins bien nantis "contribueront à améliorer la situation économique et réduire le déficit budgétaire".
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Mercredi, lors d'une séance parlementaire, le Premier ministre Saad Hariri avait laissé entendre que le gouvernement préparait des mesures "d'austérité sans précédent" dans l'histoire du pays pour empêcher une détérioration de l'économie, tout en promettant de ne pas porter atteinte aux personnes à revenus limités, sans donner plus de précisions sur les mesures prévues par son cabinet dans le projet de budget qu'il est censé présenter dans les semaines qui viennent.
Samedi dernier, le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil avait préconisé une réduction "momentanée" des salaires des fonctionnaires pour pouvoir remédier au déficit des finances publiques, enflammant ainsi les milieux politiques et les corps professionnels, qui ont crié au scandale.
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Le Hezbollah "ouvert aux discussions"
Le numéro deux du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, a de son côté évoqué la situation économique du Liban, affirmant que le parti chiite était "ouvert aux discussions" afin de résoudre la crise que traverse le pays. "Le Liban fait face à un réel problème économique et financier qu'il faut résoudre", a lancé le cheikh Kassem lors d'une cérémonie dans une école de Hadath, au sud de Beyrouth. Il a dans ce contexte affirmé que le Hezbollah était déterminé à résoudre ce problème dont "tout le monde dans le pays porte la responsabilité". "Nous devons coopérer car le pays ne s'en sortira pas sans solidarité", a-t-il déclaré, soulignant que sa formation politique est "ouverte aux discussions paisibles et raisonnables afin de décider ce qui est le mieux pour le pays".
En ce qui concerne les sanctions dont le parti est la cible, le dignitaire chiite a assuré que le Hezbollah "a l'intention de persévérer malgré toutes les conditions difficiles et les sanctions auxquelles nous devons faire face". Fin octobre, le président américain, Donald Trump, avait signé un texte renforçant les sanctions contre le Hezbollah. Il s'agit de la loi "Hezbollah International Financing Prevention Amendments Act (HIFPAA) of 2018", une version amendée (S.1595) d'une loi précédente, votée par le Sénat le 5 octobre 2017. La S.1595 impose notamment des sanctions à toute personne, entité ou Etat étrangers aidant directement ou indirectement le parti pro-iranien.
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11 h 08, le 20 avril 2019