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À La Une - Justice

Près de 140 Bahreïnis déchus de leur nationalité pour avoir tenté de former un Hezbollah local

"Cela équivaut à une dénaturalisation de masse arbitraire", dénonce Devin Kenney, un chercheur d'Amnesty pour le Golfe.

Un protestataire bahreïni avec un drapeau du Bahreïn sur ses épaules face à des fumées de gaz lacrymogènes à Manama, en 2012. Photo d'archives AFP

Un tribunal au Bahreïn a condamné mardi 138 personnes à des peines allant de trois ans à la prison à vie pour "terrorisme" et les a déchues de leur nationalité à l'issue d'un procès de masse vivement dénoncé par des opposants et Amnesty International. Les condamnés - des citoyens bahreïnis chiites selon une source judiciaire - faisaient partie d'un groupe de 169 personnes poursuivies pour "formation d'un groupe terroriste" et liens avec les Gardiens de la Révolution en Iran.

Il s'agit du plus grand groupe de personnes à être condamnées et déchues de leur nationalité en un seul procès depuis le début des poursuites judiciaires contre des dissidents chiites, après le mouvement de contestation de 2011, selon le groupe d'opposants Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD).

Ces personnes ont tenté, selon le procureur du royaume Ahmad al-Hammadi, de former à Bahreïn un "Hezbollah", à l'image de la formation chiite libanaise. Parmi elles, 69 ont été condamnées à la prison à vie et 39 autres à dix ans de prison. Les autres membres du groupe ont été condamnés à des peines allant de trois à sept ans de prison. Parmi les condamnés, un seul n'a pas été déchu de sa nationalité bahreïnie.

Trente prévenus ont été acquittés à l'issue de ce procès dont le verdict a aussitôt été dénoncé par Amnesty International. "Cela équivaut à une dénaturalisation de masse arbitraire", a déclaré à l'AFP Devin Kenney, un chercheur d'Amnesty pour le Golfe, ajoutant que "le recours aux procès de masse est une tendance en croissance" à Bahreïn. Plus tard, dans un communiqué, Amnesty a dénoncé "une parodie de justice" et a demandé aux autorités de cesser de recourir à la déchéance de nationalité, qualifiée de "mesure punitive".


(Pour mémoire : Près de 170 Bahreïnis devant la justice pour avoir formé un Hezbollah local)



Apatrides
La plupart des personnes condamnées mardi sont détenues à Bahreïn, mais certaines sont en fuite et ont été jugées par contumace, a indiqué le BIRD, sans préciser leur nombre. "Le fait de rendre les gens apatrides est une violation évidente du droit international", a commenté dans un communiqué Sayed Ahmed Alwadaei, responsable de ce groupe d'opposants. Il a relevé que la justice de Bahreïn avait commencé à déchoir des dissidents de leur nationalité en 2012. Depuis, le nombre total de Bahreïnis privés de leur citoyenneté a atteint 990, dont 180 pour la seule année 2019 (en comptant les condamnés de mardi).

Bahreïn, adossé à son allié, l'Arabie saoudite, est le théâtre de troubles sporadiques depuis la répression de la contestation de 2011. Le pays est dirigé par une dynastie sunnite et sa population est majoritairement chiite. Les autorités nient toute discrimination et affirment être confrontées à des groupes violents liés à l'Iran voisin qui nie pour sa part les accusations de Manama.

Depuis 2011, les procès d'opposants se sont multipliés et des centaines de dissidents ont été emprisonnés et/ou déchus de leur nationalité. Le principal mouvement de l'opposition chiite al-Wefaq a été dissous, ainsi que le groupe d'opposition libéral Waad. La Cour suprême de Bahreïn a confirmé fin janvier la peine de prison à perpétuité infligée au chef d'al-Wefaq, cheikh Ali Salmane, pour "intelligence avec le Qatar". Une autre figure de l'opposition, le défenseur des droits humains Nabil Rajab, purge une peine de cinq ans de prison pour des tweets dénonçant la guerre au Yémen et des cas présumés de torture dans des prisons bahreïnies.



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Un tribunal au Bahreïn a condamné mardi 138 personnes à des peines allant de trois ans à la prison à vie pour "terrorisme" et les a déchues de leur nationalité à l'issue d'un procès de masse vivement dénoncé par des opposants et Amnesty International. Les condamnés - des citoyens bahreïnis chiites selon une source judiciaire - faisaient partie d'un groupe de 169 personnes...

commentaires (3)

dictature sunnite ! mais grand silence !! les méchants sont les chiites et les iraniens ! donc pour le reste... la démocratie ...

Talaat Dominique

22 h 02, le 16 avril 2019

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • dictature sunnite ! mais grand silence !! les méchants sont les chiites et les iraniens ! donc pour le reste... la démocratie ...

    Talaat Dominique

    22 h 02, le 16 avril 2019

  • BIEN FAIT POUR PRESERVER L,ETAT DE BAHREIN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 22, le 16 avril 2019

  • Face à une sanglante dictature des wahabites minoritaires il n'y a pas de place à la démocratie et la liberté d'expression.

    FRIK-A-FRAK

    19 h 26, le 16 avril 2019

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