La Porsche Taycan, tout sauf un « véhicule générique »

De plus en plus de constructeurs automobiles réorientent leur production pour se concentrer sur les véhicules propres. Porsche, qui a investi le segment des voitures hybrides, ne fait pas exception. Pouvez-vous revenir sur votre stratégie ?

Cela fait en effet un moment que Porsche a pris ses marques dans ce segment. La marque a produit ses premiers modèles en 2012, avec notamment des versions hybrides de la Cayenne et de la Panamera. Depuis, le constructeur n’a eu de cesse d’améliorer les performances de ces véhicules, qui offrent aujourd’hui plus de puissance que leurs modèles à motorisation conventionnelle, y compris la Cayenne S ou la Cayenne 6 cylindres, que ce soit en termes de chevaux ou de couple moteur. L’hybride de Porsche est de plus un plug-in hybride, qui a donc besoin d’une simple prise de courant triphasé pour être rechargée, pour une autonomie en électrique pure de 40 à 45 km/h. Bien entendu, l’autonomie totale (moteur à combustion inclus) est beaucoup plus grande.

Porsche est également en train de tester un modèle 100 % électrique…

Effectivement. Il s’agit de la Taycan, au sujet de laquelle le constructeur a récemment partagé les résultats des derniers tests (NDLR : au total, les essais ont eu lieu dans une trentaine de pays jusqu’à présent et 6 millions de km de distance parcourus). Le véhicule, qui découle du concept Mission E, est une berline de 600 chevaux dévoilée pour la première fois en 2015 et qui a été exposée dans plusieurs salons internationaux, dont les mondiaux de l’Auto à Paris et Francfort, ou plus récemment le salon de Genève, en mars.

Nous avons eu la chance de recevoir au Liban, pendant quelque temps, une reproduction grandeur nature du concept Mission E, dont la commercialisation est programmée pour la fin de l’année, afin de permettre à notre clientèle de découvrir son apparence. En dehors de cela, et des annonces sur les résultats des tests, il n’y a toutefois pas encore beaucoup d’informations qui circulent.

Ce que je peux vous assurer c’est que les Taycan 4S et Taycan Turbo promettent d’afficher un même nombre de chevaux que le concept Mission E, ainsi qu’une autonomie de 500 km. Lors de l’e-MotorShow, nous proposerons une reproduction de la Taycan à l’échelle 1/3, aux côtés d’une véritable Cayenne Hybride.

Mettre l’accent sur les performances, est-ce un choix stratégique pour Porsche ?

Tout à fait. Le concept de Porsche, c’est la « E Perfomance », pas la « E Mobility ». En plus d’être respectueux de l’environnement, nos véhicules sont des Porsche, avec tout ce que cela implique en termes de performances, d’héritage ou de confort. Il est donc naturel que la Taycan, comme les véhicules hybrides que la marque allemande a déjà commercialisés, n’ait pas été conçu pour être un véhicule générique. Elle sera donc à la pointe de la technologie, que ce soit au niveau de sa motorisation, ou de ses dispositifs de recharge, pour ne citer que ces aspects.

Plus généralement, pensez-vous que les véhicules hybrides et électriques sont adaptés aux besoins des automobilistes libanais ?

Je dirais même que la voiture hybride est parfaite pour le Liban, vu qu’elle peut être potentiellement chargée à domicile et que les distances parcourues au Liban sont toujours relativement courtes, ce qui limite l’urgence de devoir déployer un réseau de bornes de rechargement sur tout le territoire. Je rappelle de plus que les voitures hybrides n’ont pas obligatoirement besoin d’être rechargées.

L’hybride comme l’électrique seront de plus parfaitement adaptés aux habitués des véhicules Porsche, dans la mesure où ils ne parcourent qu’entre 15 000 et 20 000 km par an, avec une moyenne quotidienne atteignant rarement à 50 km. Les propriétaires de Porsche auront simplement besoin d’adapter leur garage ou leur place de parking afin de tendre une prise en attendant que le réseau de bornes soit déployé.

En termes d’entretien, les voitures électriques auront moins de « moving parts » ou pièces en mouvement, qui sont plus exposées au risque d’usure. Enfin, la réduction des droits de douane sur les véhicules hybrides et leur suppression pour les véhicules électriques votées il y a presque un an par le Parlement (NDLR : une mesure réclamée par l’Association des importateurs d’automobiles au Liban) contribuent à encourager les Libanais à se tourner vers les véhicules propres.