L’e-MotorShow Middle-East, une plateforme d’éveil aux voitures électriques et hybrides au Liban

En premier lieu, qu’est-ce que l’e-MotorShow ?

L’e-MotorShow Middle-East est un Salon automobile exclusivement dédié aux véhicules électriques (mus par des batteries seulement) et hybrides (moteur à combustion couplé à un générateur électrique). Cet événement, organisé à Beyrouth par la société EcoSolutions et moi-même en accord avec l’Association des importateurs automobiles (AIA) au Liban, a lieu pour la première fois au Moyen-Orient. En réalité, ce Salon ne ressemble pas aux expositions automobiles traditionnelles. Il s’agit plus exactement d’une plateforme d’éveil et de première mise en contact, destinée aux automobilistes libanais qui connaissent très peu ou pas du tout même ce mode de transport nouveau.

L’e-MotorShow Middle-East, premier Salon automobile dans son genre de la région donc, se tient durant cinq jours consécutifs, du 11 (journée réservée à la presse et aux officiels) au 15 avril, au Forum de Beyrouth. Pour le public, l’ouverture des portes se fera quotidiennement de 14h00 à 22h00. Trois plateformes principales sont au programme :

– Un Salon de voitures électriques et hybrides, qui sont présentées sur leurs stands respectifs par les divers concessionnaires locaux commercialisant déjà ce type de véhicules dans le pays. Signalons que des motos et des bicyclettes électriques sont également exposées, l’e-Mobilité ne se limitant pas aux seules voitures et autres types de véhicules à quatre roues.

– Une conférence « Tech-Talks » étalée sur plusieurs sessions, impliquant des intervenants locaux et internationaux, qui aborde les sujets de l’e-Mobilité. Ainsi, toutes les institutions, associations et sociétés concernées par ce domaine, dont le ministère libanais de l’Environnement, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les banques, les assurances et les universités, sans oublier les concessionnaires, ont un temps de parole imparti d’une heure et trente minutes afin de présenter et d’expliquer leurs programmes et produits. Rappelons que plusieurs universités libanaises ont récemment diligenté des études sur l’impact de la voiture électrique et hybride dans le pays – rapports théoriques et essais de voitures en conditions réelles sur les routes –, dont elles dévoileront les résultats lors de ces séminaires.

– Un e-circuit, dont le tracé s’étend à l’intérieur et à l’extérieur de la salle d’exposition du Forum de Beyrouth, est également à la disposition des visiteurs pour des essais de conduite couvrant 600 mètres. Ils pourront ainsi tester la voiture électrique de leur choix parmi les derniers modèles récemment arrivés au Liban, se familiarisant plus aisément avec ce nouveau mode de transport et expérimentant par eux-mêmes l’effet insonore et non polluant propre à ce genre de véhicules. En outre, un organisme de la sécurité routière, la Fondation Adel Metni, sera présent sur place pour aider les usagers à mieux comprendre comment fonctionnent les voitures électriques et hybrides.

Pourquoi ce concept de Salon novateur au Liban ? Outre la première régionale, était-ce nécessaire et important ?

Comme déjà mentionné, la majorité des automobilistes libanais n’ont aucune notion, ou très peu, concernant les voitures hybrides et électriques. Il était donc essentiel, vu la grande pollution de l’air au Liban et étant donné l’impact écologique très positif de ce mode de transport, de les éveiller sur l’importance cruciale de ce type de véhicules. Il était également essentiel de leur expliquer le mode de fonctionnement des voitures électriques et hybrides, dont le maniement peut être bien plus simple que celui des véhicules thermiques (moteur à essence ou diesel). De même, l’entretien de ce genre de véhicules est bien moins coûteux à terme que celui des voitures thermiques : il n’y a pas, ou alors très peu, de composants mécaniques dans ces voitures. Le passage régulier au garage, pour les diverses réparations ou révisions, devient donc obsolète.

Parallèlement, cet événement donne une occasion aux banques et aux assurances de s’adapter à ce futur marché automobile libanais, encore balbutiant aujourd’hui, et de créer ainsi de nouveaux services et produits en conséquence (crédits auto, polices d’assurance adaptées, etc.). Plus important encore, l’e-MotorShow positionne le Liban au premier plan dans l’arène internationale des grands événements innovants.

Vous avez brièvement mentionné l’impact écologique positif des voitures électriques. Pouvez-vous détailler concernant le Liban ?

Le Liban est un des pays les plus pollués au monde par le dioxyde de carbone CO2 – gaz provenant en bonne partie des échappements des voitures thermiques et responsable du réchauffement de la planète. Toutefois, le Liban s’est engagé à la conférence des parties sur le climat (COP, Conference of the Parties) à baisser le taux de CO2 d’ici à 2025, mais sans toutefois préciser le taux de baisse qu’il s’est fixé. Cet engagement et sa mise en œuvre devraient éveiller les Libanais, jeunes et grands, sur l’importance de ce nouveau mode de transport et les aider à s’y adapter rapidement.

Le Liban est très en retard en matière de véhicules électriques, alors que les grandes capitales mondiales, elles, sont déjà adaptées à ce mode de transport. Il est grand temps qu’il s’y mette également, et nous espérons que cet événement majeur donnera un nouveau visage à l’automobile dans le pays. Il existe une clientèle locale potentielle importante, qui plus est très attachée à l’environnement et à sa sauvegarde.

Quels sont donc les obstacles et les défis qui entravent l’implantation de la voiture électrique au Liban ?

Il n’y en a plus… Récemment, l’État a totalement annulé la taxe douanière sur les voitures électriques, particulières ou autres. Quant aux véhicules hybrides, il a fixé la taxe à 25 % pour les voitures particulières et à 10 % pour les taxis. Étant donné le prix encore très élevé des véhicules électriques par rapport à celui des voitures thermiques, annuler la taxe douanière sur les voitures électriques et fixer une taxe plus ou moins raisonnable sur les véhicules hybrides est un facteur qui a nettement facilité l’importation de ce type de voitures dans le pays. C’est ce qui, en fait, nous a donné l’idée d’organiser l’e-MotorShow.

Mais que répondez-vous alors à ceux qui s’interrogent : des voitures électriques au Liban, un pays où l’on manque d’électricité ?

Que ces voitures fonctionneront normalement. N’oublions pas que malgré les coupures de courant, tout un chacun est branché sur un générateur électrique de quartier. Il suffit d’installer un disjoncteur de 10 ampères minimum – l’intensité standard requise pour recharger à domicile la batterie de son véhicule. Évidemment, plus de 10 ampères serait bénéfique, car il faut aussi penser à brancher les lumières de sa maison ainsi que toute machine nécessitant de l’électricité. Et nous espérons de plus que cette situation de courant « alternatif » (rires) ne persistera pas éternellement.

En outre, plusieurs concessionnaires ont déjà installé des bornes de recharge dans leurs différentes salles d’exposition. Ces bornes à recharge rapide seront continuellement à disposition des usagers et seront branchées nuit et jour. Bien entendu, cela peut paraître contraignant, mais actuellement il faut bien s’arrêter aussi aux stations-service pour faire le plein d’essence. Et à la longue, ces bornes devraient être disposées un peu partout sur les axes routiers. Sans oublier que certaines voitures seront importées avec leur propre câble de recharge, ce qui facilitera le rechargement à domicile. Par ailleurs, des compagnies libanaises dont la spécialité est l’énergie renouvelable (chargeurs pour voitures, énergie solaire et même peinture écologique pour les véhicules) s’impliquent de plus en plus dans ce domaine et seront, elles aussi, présentes au Forum de Beyrouth.

Mais étonnement, notre principal sponsor est… une compagnie pétrolière ! La libanaise Medco, qui cherche ainsi à se diversifier. Medco a déjà commencé, ou va commencer très prochainement, à placer des bornes de recharge pour voitures électriques dans ses multiples stations-service.

Un dernier mot pour conclure ?

Je tiens à rendre un hommage appuyé à mon partenaire Gilbert Tégho et à sa jeune équipe d’EcoSolutions, qui ont fait un formidable travail pour organiser l’e-MotorShow avec un budget minimal, étant donné la crise économique au Liban.