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Liban - Discours

Après l’attaque de Pompeo, Nasrallah sur la défensive

Le secrétaire général du Hezbollah appelle les Arabes à retirer l’initiative de paix de 2002, en riposte à la décision américaine sur le Golan.

Hassan Nasrallah prononçant son discours, hier. Al-Manar TV/AFP

Comme prévu, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a consacré une bonne partie de son discours prononcé hier et retransmis à la télévision à répondre aux propos virulents à l’encontre de son parti tenus par le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, lors de sa visite à Beyrouth, en fin de semaine dernière. Le dignitaire chiite a également saisi l’occasion pour réagir à la décision de Washington de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien occupé.

Mais le secrétaire général du parti chiite a évité cette fois-ci de se lancer dans de virulentes diatribes contre les États-Unis et Israël, se plaçant sur la défensive et s’efforçant de manier les contre-arguments pour rejeter les accusations lancées contre son parti par le chef de la diplomatie américaine et s’affirmer comme « partenaire essentiel dans l’équation de la stabilité interne ».

Mais il a surtout créé la surprise en adoptant un ton particulièrement calme au sujet du Golan, ne faisant que dresser des constats et réitérer ses condamnations habituelles des prises de position de Washington concernant l’État hébreu.

Il n’en reste pas moins que le dignitaire chiite a tenu quelques propos significatifs à ce sujet. Stigmatisant naturellement la décision de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le Golan, le secrétaire général a estimé qu’il s’agit d’une étape importante du conflit israélo-palestinien. Et d’ajouter : « Elle constitue une réelle menace pour nos droits et notre avenir. » « Cette décision est une insulte pour tout le monde arabo-musulman et des dizaines d’États qui considèrent toujours que le Golan est un territoire syrien occupé par Israël », a lancé Hassan Nasrallah. « Cette reconnaissance nous prouve que l’administration américaine ne reconnaît en rien les décisions du Conseil de sécurité, de l’ONU ni de la communauté internationale », a-t-il ajouté, soulignant que les États-Unis n’utilisent ces institutions que pour « servir leur propre projet ». Il a estimé aussi que cela « prouve que les décisions et institutions internationales ne sont pas capables de protéger les peuples et leurs droits en ce qui concerne la récupération des terres occupées et qu’elles ne sont capables que de “dénoncer” ».


(Lire aussi : Des trous dans le réquisitoire, l'édito de Issa GORAIEB)


« Revenir au point de départ »

En conséquence, Hassan Nasrallah a appelé les dirigeants arabes à se retirer du processus de la paix avec Israël. « La seule réponse à la décision américaine est que la Ligue arabe décide, lors du sommet de Tunis (prévu dimanche prochain), de retirer son initiative de paix » lancée en 2002, et de « revenir au point de départ ». « Face à cette décision, le seul choix qu’il reste aux Syriens pour récupérer le Golan, et au Liban pour récupérer les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba, et pour que soient respectés leurs droits sur les ressources pétrolières et gazières, c’est la résistance », a-t-il déclaré.

Le patron du Hezbollah faisait ainsi allusion à l’initiative arabe de paix adoptée à l’unanimité par les chefs d’État arabes réunis à Beyrouth en mars 2002. Ce plan prévoit la reconnaissance par les Arabes de l’existence d’Israël dans le cadre d’une solution au conflit israélo-palestinien. Celle-ci devrait être axée sur les deux États, ainsi que le retour aux frontières du 4 juin 1967, la proclamation de Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien et le retour des réfugiés.

Depuis son adoption, cette « initiative arabe pour la paix » est la position officielle des pays arabes par rapport au conflit. Cependant, nombre d’observateurs soulignent sur ce plan que l’appel de Hassan Nasrallah aux pays arabes n’est pas une position nouvelle, le Hezbollah n’ayant jamais reconnu le processus de paix.

Par ailleurs, on relève dans certains milieux politiques que les prises de position du secrétaire général du Hezbollah sont venues confirmer les craintes que le président de la Chambre, Nabih Berry, a exprimées devant le chef de la diplomatie américaine lors de leur entretien, vendredi dernier, à Aïn el-Tiné. Le chef du législatif avait estimé que la décision américaine concernant le Golan était de nature à « encourager les extrémistes ». C’est dans ce cadre que s’inscrit l’appel lancé par Hassan Nasrallah aux Arabes, souligne un observateur, dans une allusion claire à la nuance qui sépare sur ce plan M. Berry du Hezbollah.


(Lire aussi : Le Golan et les possibilités d’une nouvelle guerre, le décryptage de Scarlett Haddad)


« Monter les Libanais les uns contre les autres »

Quoi qu’il en soit, le secrétaire général du Hezb s’est attardé sur le séjour de Mike Pompeo à Beyrouth. Il s’est employé à démonter le discours incendiaire du chef de la diplomatie américaine. Il a accusé les États-Unis de « monter les Libanais les uns contre les autres », Washington étant selon lui « très irrité que le Liban soit sûr et stable ». « Cela nous rappelle ce qui s’est passé lorsque le Premier ministre Saad Hariri a été séquestré en Arabie saoudite, parce qu’ils (les États-Unis et l’Arabie saoudite) souhaitaient lancer une guerre civile entre les Libanais », a-t-il souligné, accusant un ministre saoudien « de semer la discorde entre Libanais ». Allusion à Thamer Sabhane, ministre d’État saoudien pour les Affaires du Golfe, connu pour ses positions particulièrement virulentes à l’encontre du Hezbollah et qui s’était rendu à Beyrouth peu avant la démission forcée de Saad Hariri, annoncée le 4 novembre 2017 depuis Riyad.

Hassan Nasrallah a souligné que le Hezbollah, bien que constituant « une puissante force militaire », n’a jamais troublé la paix interne du Liban. « Est-ce que nous empêchons la prospérité du Liban lorsque nous appelons à lutter contre la corruption ? » s’est-il interrogé, déclarant que son parti « est celui qui veille le plus à la stabilité et la paix » au Liban.


(Lire aussi : Pompeo : Les États-Unis "prêts à aider" pour éviter le danger que représente l'Iran pour la démocratie libanaise)


Le leader chiite s’en est pris à la politique américaine dans la région, principalement axée sur la confrontation directe avec l’Iran, récemment visé par une vague de sévères sanctions, ainsi que ses alliés régionaux. « C’est avec des armes iraniennes que nous avons protégé le Liban contre les groupements terroristes créés par les États-Unis. Et c’est également par des armes iraniennes que nous avons libéré le pays de l’occupation israélienne », a-t-il lancé. Il a encore mentionné « la grande stupidité » de Mike Pompeo en ce qui concerne ses déclarations sur la présence d’usines de production de missiles, soulignant que c’est le triptyque « peuple, armée, résistance » et l’unité des Libanais qui empêchent Israël de lancer une nouvelle guerre contre le Liban. Il a aussi affirmé que les États-Unis « empêchent l’armée libanaise de posséder certains types de missiles ».

Notons enfin que Hassan Nasrallah s’est montré particulièrement soucieux de « remercier » le président de la République, Michel Aoun, le président de la Chambre, Nabih Berry, et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, pour leur opposition catégorique à la décision américaine de considérer le Hezbollah comme une organisation terroriste. Il s’est naturellement abstenu de rendre hommage au Premier ministre Saad Hariri, les deux hommes étant aux antipodes l’un de l’autre en matière de politique étrangère et de souveraineté. « Les prises de position de MM. Aoun, Berry et Bassil sont remerciées, respectées, attendues et normales, dans la mesure où ils sont nos alliés », a déclaré Hassan Nasrallah. Une façon pour lui de confirmer la solidité de son accord avec le Courant patriotique libre et son fondateur, en dépit du partenariat Aoun-Hariri dans le cadre du compromis présidentiel.


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commentaires (12)

J'avoue ne rien trouver dans le texte qui justifie de dire que HN est sur la défensive. C'est moi ou?

Marionet

15 h 38, le 27 mars 2019

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Commentaires (12)

  • J'avoue ne rien trouver dans le texte qui justifie de dire que HN est sur la défensive. C'est moi ou?

    Marionet

    15 h 38, le 27 mars 2019

  • Attendons donc scarlet, lol.

    Christine KHALIL

    10 h 31, le 27 mars 2019

  • C vraiment vexant mr Pompeo, vous permettre de nous tancer a nous fier peuple du Liban ! Mais pardieu pourquoi voulez vous que ce sieur & ses pareils - y compris vali fakih, assad,MBS, etc,,,,, pourquoi voulez vous qu'ils ne foutent pas leur nez dans notre ... a nous alors qu'ils savent tres bien que nous formons "terrain propice " a force de divisions !

    Gaby SIOUFI

    10 h 11, le 27 mars 2019

  • "Etre sur la défensive est une attitude, en apparence d'auto-protection, en prévision d'un danger ou du comportement de quelqu'un qui peut nous faire du mal." Se défendre quand on est attaqué de front n'a donc rien à voir avec "être sur la défensive" en prévision d'une attaque. Pour un journal francophone, les nuances, mêmes petites sont de taille n'est-ce pas? Restez subjectifs si vous le voulez, mais n'en perdez quand même pas votre latin! Lol

    Tina Chamoun

    10 h 05, le 27 mars 2019

  • FAUT PAS MELANGER L,INITIATIVE DE PAIX PALESTINIENNE DES ARABES AVEC LE PROBLEME DU GOLAN QUI RESTE SYRIEN CAR AUCUN PAYS TIERS NE PEUT OFFRIR DES REGIONS D,UN PAYS QUEL QU,IL SOIT A UN AUTRE PAYS. C,EST UN ACTE DE PIRATERIE POLITIQUE ! UN PARTENAIRE INTERNE DANS L,EQUATION DE LA STABILITE INTERNE NE DEVRAIT PAS ETRE D,ALLEGEANCE ETRANGERE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 41, le 27 mars 2019

  • Donc, la soi-disant "résistance libanaise" agit avec des armes iraniennes, fournies gracieusement pour les beaux yeux du Liban, sans aucune arrière-pensée ni projets de Téhéran ! Et après cette vérité clamée par Hassan Nasrallah, ce dernier s'offusque des propos de Mike Pompeo... Malheureusement pour nous, ni Hassan Nasrallah ni Mike Pompeo ne veulent comprendre ce que Liban veut réellement: vivre en paix...c'est à dire rester en-dehors de tous ces conflits qui ne le concernent pas directement: Israël-Iran, Syrie-Israël, les Houthis au Yémen etc. Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 39, le 27 mars 2019

  • Après la " langue de bois " inappropriée, voilà qu'on parle de sur la " défensive " . Les mots ont un sens quand même ! HASSAN Nasrallah se défend des attaques que bombeo est venu lui porter, il n'est pas sur la défensive à proprement parlé, ou si vous voulez le chef de la resistance du Liban est toujours en mode défensif, donc pas offensif . Attendons patiemment Scarlett pour avoir les mots et les idées justes et non parasitées par je ne sais quel mauvaise foi .

    FRIK-A-FRAK

    08 h 24, le 27 mars 2019

  • Le "veilleur de la stabilité du Liban", puisqu'il nousledit, et la main sur le coeur...

    Christine KHALIL

    08 h 12, le 27 mars 2019

  • Il me semble que H.N. a la mémoire un peu courte. Il prétend que "le Hezbollah (...) n’a jamais troublé la paix interne du Liban"! Il a oublié l'invasion de Beyrouth Ouest en 2008, l'occupation de l'aéroport et le bombardement de diverses régions libanaises à cette même occasion. Tout cela après que lui-même ait promis que jamais le fusil du Hezbollah ne serait dirigé contre un libanais!

    Yves Prevost

    07 h 17, le 27 mars 2019

  • bon mais je comprend pas … vous dites que vous etes assez puissant pour battre les israéliens .. l'iran affirme pouvoir effacer israel, vous en voulez aux pays arabes d'accords mais alors dans ce cas que faites vous vous meme afin de reprendre ou redonner le golan a la syrie !? et ce que je dis est sincere pas de sous entendu ou d'arriere pensee .. ne croyez vous pas qu'avec cet affront c'est mettre a genoux tous le monde et surtout un pied de nez a toutes les resistances au moyen orient !?

    Bery tus

    03 h 39, le 27 mars 2019

  • Celui qui a cree la guerre civile au Liban est Hafez Al Assad et l on sait qui sont aujourd hui ses allies au Liban traitres a la patrie.

    HABIBI FRANCAIS

    02 h 46, le 27 mars 2019

  • je jense qu'il y'a une faute d'aurtographe un peu plus haut:dans la ligne le President de la chambre a exprimees devait s'ecrire a exprime! D'apres l'analyse logique!non?

    charles elmann

    01 h 56, le 27 mars 2019

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