Le comité chargé de remanier la gouvernance de Nissan a déclaré mercredi qu'il y avait suffisamment de faits permettant de soupçonner l'ancien président Carlos Ghosn d'avoir enfreint les lois et utilisé des fonds du constructeur automobile japonais à des fins privées.
Le comité externe, qui examine la gouvernance de Nissan depuis le début de l'année, a ajouté dans son rapport que la concentration des pouvoirs sous l'ère Ghosn était la principale cause des malversations dont l'ex-dirigeant est accusé.
Pour y remédier, le comité recommande que la majorité des administrateurs du groupe soient indépendants, qu'un administrateur indépendant devienne président du Conseil d'administration et que le rôle de président du Conseil d'administration de Nissan soit supprimé.
Par ailleurs, le patron exécutif de Nissan "ne pourra être dans le même temps employé de Renault ou Mitsubishi Motors". Il s'agit d'"éviter des conflits d'intérêts", a expliqué le coprésident du comité, Seiichiro Nishioka, lors d'une conférence de presse dans un hôtel de Yokohama (banlieue de Tokyo), non loin du siège de Nissan. "Nous nous attendons à ce que Nissan prenne ces recommandations au sérieux et les applique rapidement afin de mettre en place la meilleure structure de gouvernance possible", a déclaré M. Nishioka.
Parmi les autres propositions du comité, figure la mise en place de comités distincts (nominations, audit et rémunérations), pour plus de transparence.
Le groupe Renault n'a pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat.
(Lire aussi : Renault repousse sa décision sur la rémunération 2018 de Ghosn)
Sur la base des recommandations du comité, Nissan a annoncé qu'il présenterait des propositions visant à changer la gouvernance de l'entreprise lors de son Assemblée générale en juin. Avant cela, Nissan tiendra une Assemblée extraordinaire le mois prochain pour que ses actionnaires se prononcent sur l'éviction du Franco-Libano-Brésilien et de son ancien bras droit Greg Kelly du Conseil d'administration.
Carlos Ghosn, libéré début mars en échange du versement d'une caution d'un milliard de yens (7,9 millions d'euros) après plus de 100 jours de détention, dément les accusations portées contre lui, de même que Greg Kelly, qui a également été inculpé.
Le comité, dans son rapport, cible aussi Greg Kelly pour l'aide présumée qu'il a apportée à l'ancien président de Nissan. "Il existe des faits suffisants pour suspecter des violations des lois et des réglementations, des règles internes et une utilisation privée des fonds et des dépenses de l'entreprise (...) par M. Ghosn et M. Kelly", écrivent les sept membres du comité. "Il est clair qu'il y a des problèmes qui demandent une amélioration de la gouvernance de Nissan car celle-ci n'a pu empêcher les malversations."
Le Conseil d'administration de Nissan est actuellement composé de neuf administrateurs, y compris le président, dont trois sont des administrateurs indépendants. Deux administrateurs, dont un extérieur à l'entreprise, ont précédemment occupé les postes hauts placés chez Renault.
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commentaires (6)
Bien sûr que je suis chauvin et que j'espère que ça soit un complot mais malheureusement il n'y a pas de fumée sans feu.
Citoyen
18 h 16, le 28 mars 2019