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Lifestyle - Mode

Alexander McQueen, de roses et d’épines

Peu avant la sortie française du film « McQueen », documentaire paru en 2018 sur la vie du génial créateur britannique, la maison Alexander McQueen, sous la direction artistique de Sarah Burton, présentait, lors de la Semaine parisienne du prêt-à-porter automne/hiver 2019-2020, une collection brillante, à la fois personnelle et fortement imprégnée de l’héritage du maître.


Alexander McQueen prêt-à-porter automne/hiver 2019-2020. Photo DR

Le mercredi 13 mars sortait en salle, à Paris, le documentaire McQueen d’Ian Bonhôte et de Peter Ettedgui, vibrant hommage au créateur dont la passion formait avec l’âme tourmentée un dangereux mélange qui l’a conduit au suicide par pendaison il y a déjà huit ans. Un peu plus tôt, lors de la Fashion Week parisienne, Sarah Burton, bras droit et héritière spirituelle d’Alexander McQueen, présentait au lycée Carnot, l’un des plus vastes établissements de la capitale française, une collection inspirée de l’histoire et des traditions du nord de l’Angleterre, plus précisément le Derbyshire, sa région natale. Ce parti pris n’était pas sans rappeler l’obsession de McQueen de la mode comme reflet de l’histoire et de ses tragédies. Cependant, l’intention de Burton était surtout, en pleine incertitude du Brexit, de revaloriser l’industrie textile britannique dont le nord de l’Angleterre regroupe les fleurons, de William Halstead à John Foster, de Bower Roebuck à Savile Clifford et Joshua Ellis. En familiarisant ses équipes avec de tels fournisseurs et artisans, la directrice artistique d’Alexander McQueen a abouti à une collection d’une exceptionnelle beauté, faite d’hybridations heureuses, notamment en termes de textures et de tissages, et de coupes d’une perfection inégalée, avec des tailleurs à la fois stricts et à la croisée de cultures a priori inconciliables, celle du mouvement punk et celle de la City.

Le choix du tailleur comme fil conducteur a été naturellement dicté, d’un côté, par le sens légendaire de la coupe propre à Alexander McQueen, formé auprès des grands faiseurs masculins de Savile Row, et, de l’autre, par la fluidité des genres qui sous-tend la philosophie de la marque. De fait, manteaux militaires, queues-de-pie, plis creux, lacérations, épaules à la fois gracieuses et charpentées distinguent un vestiaire plein d’élégance et d’esprit, à la croisée du féminin et du masculin. La rose sous toutes ses formes, en imprimés éclatés, en épines envahissantes, en mouvements sculpturaux créés à même de plusieurs métrages de satin rouge ou blanc dans des robes spectaculaires, faisait un clin d’œil évident à la guerre des Roses, guerre de succession qui a secoué l’Angleterre au XVe siècle.

À ce défilé époustouflant se superposent les scènes d’un documentaire où l’on voit le fondateur lutter, de défilé en défilé, contre ces démons qui en ont fait le monstre sacré de la mode du XXIe siècle, hypersensible, traqué, se voyant « pareil à une gazelle, et les gazelles sont destinées à être dévorées ». « Nul n’a découvert Alexander McQueen, Alexander McQueen s’est découvert lui-même », est-il souligné dans le documentaire. Et force est de constater que Sarah Burton reste fidèle à la voie qu’il a tracée, se découvrant elle-même chemin faisant.


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