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Liban - Crise de l’école privée

Aucune majoration des écolages pour deux ans, mais à condition... promet la MLF

Un accord a été conclu entre la Mission laïque française et les comités de parents du Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth et du lycée franco-libanais Lamartine de Tripoli.

Lors de la conférence de la MLF, Brice Léthier, Éric Krop, Jean-Christophe Deberre, Jean-Michel Maigre et Serge Tillmann. Photo fournie par Porter Novelli

Les frais de scolarité du Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth et du lycée franco-libanais Alphonse de Lamartine de Tripoli ne présenteront « aucune majoration durant deux ans, plus exactement pour les années scolaires 2018-2019 et 2019-2020 ». Les écolages qu’assumeront les parents d’élèves pour ces deux années et dans ces deux établissements de la Mission laïque française (MLF) au Liban seront donc « similaires à ceux de l’année scolaire 2017-2018 ». Et ce grâce à « une aide exceptionnelle versée par la MLF à ses établissements au Liban ». Mais pour ce faire, les comités de parents d’élèves de ces deux établissements « ont accepté de signer les budgets scolaires » présentés par l’administration de chaque établissement. Ils se sont aussi « engagés à abandonner les contentieux et les actions en justice contre les institutions scolaires ». Et ce au terme d’un « dialogue parfois compliqué », mais finalement fructueux.



(Rétro2018 : Éducation privée ou publique : Au Liban, on n’est pas sorti de l’auberge !)


Une solution en bonne voie à Habbouche et Nahr Ibrahim

C’est ce qu’a annoncé hier à la presse libanaise le directeur général de la MLF, Jean-Christophe Deberre, en visite au Liban. M. Deberre s’exprimait lors d’une conférence de presse, au stade du Chayla, sur « les suites de la loi 46 » et sur les mesures prises par l’institution française à but non lucratif pour « résoudre la crise liée à l’augmentation des écolages dans ses cinq établissements au Liban ». À savoir le Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth, le lycée franco-libanais Lamartine de Tripoli, le Lycée franco-libanais de Nahr Ibrahim, le Lycée franco-libanais Verdun de Beyrouth et le Lycée franco-libanais de Habbouche, à Nabatiyé. Une crise qui a débuté lorsque l’institution a fait part de « sa décision d’appliquer intégralement la loi 46 sur l’échelle des salaires » adoptée en août 2017 et « d’ajuster les scolarités en fonction des augmentations de salaire » de son corps enseignant. A suivi « une contestation des parents d’élèves » qui, pour faire valoir leurs droits, « ont mené des actions judiciaires auprès de juges des référés », entraînant « le gel par cette justice d’urgence des augmentations des frais de scolarité ». Ce qui a contraint les établissements de la MLF « à geler à leur tour le versement aux professeurs des hausses de salaire » prévues par la loi, entraînant un mouvement de « grève des enseignants d’avril à juin 2018 ».

Jean-Christophe Deberre a « bon espoir » que le dialogue aboutira avec les comités de parents d’élèves des lycées de Habbouche et de Nahr Ibrahim, « dans l’intérêt commun » des familles, des établissements et des enseignants. Le cas échéant, les mêmes mesures seront appliquées à ces établissements et les écolages ne subiront aucune hausse jusqu’en juin 2020, grâce à l’aide exceptionnelle accordée par la MLF. À la condition bien entendu que leurs comités de parents d’élèves signent les budgets scolaires et abandonnent les recours en justice. Mais le directeur général demeure réservé quant à une résolution imminente de la crise au Lycée de Verdun, compte tenu de « l’éclatement du comité de parents d’élèves », déchiré par de profonds désaccords. « Ce lycée traverse une situation particulière qui nous prive d’interlocuteur », regrette le directeur général.

(Pour mémoire : À Beyrouth, les représentants du réseau MLF-monde veulent reconquérir la confiance des parents d’élèves)


Le budget 2017-2018 soumis à un cabinet d’audit

La décision de la MLF d’aider ses établissements de manière exceptionnelle fait suite à « une grande conscience des difficultés économiques que traversent les familles confrontées à une augmentation des droits de scolarité de l’ordre de 25 % », révèle M. Deberre. Après avoir espéré et attendu en vain « un geste du législateur », qui se serait concrétisé par une décision d’appliquer la loi « de manière progressive », l’institution n’a eu d’autre choix que de prendre la décision d’appliquer la loi 46. Sauf qu’elle s’est heurtée à la position des comités de parents d’élèves, qui ont accusé les administrations des établissements scolaires et la MLF d’« un défaut de transparence dans les budgets scolaires ». « Nous avons été accusés de ne pas tout dire », rappelle le DG.

« Dans l’embarras », la MLF prend alors la décision « de faire auditer le budget 2017-2018 qui était en cause après la loi 46 par un grand cabinet libanais ». Non seulement les résultats démontrent « la conformité entre les dépenses et les recettes » et « le respect des termes de la loi 515/96 sur la construction du budget scolaire », mais ils concluent que « dans tous les cas de figure des cinq budgets audités, les dépenses sont supérieures aux recettes », explique Jean-Christophe Deberre. Autrement dit, « la MLF est en droit de réclamer des parents d’élèves des suppléments de droits de scolarité pour l’année 2017-2018 ». Ce qu’elle ne fera pas.


Défection de 1 000 élèves

En revanche, après avoir remis ces résultats d’audit aux cinq comités de parents d’élèves, l’institution peut aujourd’hui « clore une phase longue et obscure de discussions difficiles sur la véracité de ces budgets ». Elle espère que les trois comités de parents encore hésitants prendront rapidement les dispositions nécessaires qu’elle a proposées, afin qu’elle puisse se concentrer sur « sa mission pédagogique ». Mais la page n’est pas encore définitivement tournée. La MLF doit encore relever des défis. D’abord convaincre les enseignants réticents de la nécessité de faire eux aussi « des efforts », de s’accommoder de ne recevoir qu’en 2020 les deux derniers échelons exceptionnels que leur accorde la loi 46, de céder aussi quelques menus privilèges dont ils bénéficiaient avant l’adoption de l’échelle des salaires. L’institution doit de plus « faire face à la défection de 11 % des effectifs des cinq lycées, soit un bon millier d’élèves, dont une grande partie pour des raisons économiques ». « Ce qui est énorme », estime le DG. « Désormais, les budgets scolaires seront audités chaque année », promet-il pour conclure.

La conférence de presse a vu la participation du conseiller d’action et de coopération, Serge Tillmann, chargé du réseau de l’enseignement du français au Liban et représentant l’ambassade de France, du coordinateur et proviseur du Lycée de Verdun, Eric Krop, du proviseur du GLFL de Beyrouth, Brice Léthier, et du proviseur du lycée Lamartine de Tripoli, Jean-Michel Maigre.



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Les frais de scolarité du Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth et du lycée franco-libanais Alphonse de Lamartine de Tripoli ne présenteront « aucune majoration durant deux ans, plus exactement pour les années scolaires 2018-2019 et 2019-2020 ». Les écolages qu’assumeront les parents d’élèves pour ces deux années et dans ces deux établissements de la Mission laïque...
commentaires (1)

Happy end pour un dossier super épineux .

Antoine Sabbagha

14 h 39, le 16 mars 2019

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Commentaires (1)

  • Happy end pour un dossier super épineux .

    Antoine Sabbagha

    14 h 39, le 16 mars 2019

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