Rechercher
Rechercher

Liban - Éducation

À Beyrouth, les représentants du réseau MLF-monde veulent reconquérir la confiance des parents d’élèves

À l’heure où le Grand Lycée franco-libanais attend toujours une sortie de crise, une baisse de 6 % des effectifs est constatée dans les cinq établissements scolaires gérés par l’association.

Jean-Christophe Deberre, François Perret et Véronique Aulagnon lors de la conférence de presse. Photo MLF Liban

L’année scolaire est déjà bien engagée. Mais la crise des cinq lycées de la Mission laïque française n’est toujours pas résolue, plus particulièrement celle du Grand Lycée franco-libanais, à l’instar de nombreuses institutions éducatives privées. Et pour cause, l’application de la loi 46 adoptée en août 2017 continue de poser problème. Elle impose aux écoles privées d’augmenter sensiblement les salaires des enseignants, entraînant une hausse considérable des écolages, au grand dam des parents d’élèves qui n’ont pas bénéficié de hausses salariales. En l’absence d’instances éducatives d’arbitrage compétentes en matière de litiges entre les administrations scolaires et les parents d’élèves, et en réponse à la décision des administrations des lycées de la MLF d’appliquer la loi intégralement, les comités de parents d’élèves n’ont pas hésité à présenter des recours en justice auprès de juges des référés au cours de l’année scolaire 2017-2018. Résultat : le dialogue a été interrompu, la justice a bloqué la perception des écolages augmentés et les enseignants ont observé des mouvements de grève.


(Lire aussi : Le Drian déterminé à doubler les effectifs des écoles françaises à l'étranger)


Renouer le dialogue entre les différents partenaires
C’est dans ce cadre que le président du réseau MLF dans le monde, François Perret, et le directeur général de cette association, Jean-Christophe Deberre, ont donné lundi une conférence de presse au Salon du livre francophone, au stand de la MLF-AEFE (Agence de l’enseignement français à l’étranger). Une première après un long mutisme. Non seulement pour faire le point sur l’état des lieux du conflit qui a opposé les administrations scolaires et les comités de parents d’élèves. Mais surtout pour faire part de leur volonté de « renouer le dialogue avec leurs différents partenaires », à savoir les autorités libanaises, les proviseurs d’établissement et les parents d’élèves.

Car il est désormais impératif de « dissiper les malentendus » et de « reconquérir la confiance des parents d’élèves », confient-ils à L’Orient-Le Jour. Ils envisagent, pour ce faire, de multiplier les rencontres, officielles et aux plus hauts niveaux, conduites par l’ambassadeur de France, Bruno Foucher, mais aussi individuelles avec des parents d’élèves, vu que « le dialogue a été confisqué par les comités de parents qui n’ont pas l’exclusivité de la représentation, leur rôle se limitant à la signature des budgets scolaires ». Et ce n’est que « tardivement que la MLF a pris la mesure du soutien de nombreux parents d’élèves », alors que « se faisait attendre la solidité de leurs sentiments d’appartenance » aux institutions où sont scolarisés leurs enfants. Un discours qui montre l’ampleur des divisions causées par la nouvelle législation, mais aussi « les efforts à fournir de la part de la MLF » afin que les parents « deviennent porteurs du projet que porte l’institution » et ne soient plus de simples « consommateurs d’écoles ».

Revenant sur les étapes du conflit, les deux intervenants relèvent d’ailleurs que les comités de parents d’élèves n’ont pas directement contesté la loi elle-même. Ils se sont concentrés sur la construction du budget et sur la part dite du propriétaire, prévue par la loi 515/96. « Cette contestation masquait mal le refus d’assumer les conséquences précises de la loi 46 votée par le Parlement, en déportant la charge sur la MLF », soulignent-ils. Or, la MLF est une association à but non lucratif, qui ne fait donc pas de bénéfices. « Et même si elle comprend les difficultés économiques que vivent les parents libanais, elle ne peut partager le fardeau décidé par la loi », affirment-ils, faisant part « d’efforts de l’association pour atténuer la part propriétaire des budgets, autrement dit les investissements ».


(Pour mémoire : Grand Lycée de Beyrouth : Lorsque la MLF et l’ambassade de France entrent en scène...)


Tassement des inscriptions en maternelle
Entre les parties en conflit, le dialogue ne s’est jamais interrompu, soutiennent MM. Deberre et Perret. Et ce grâce à la médiation du gouvernement, et plus particulièrement du ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati, qu’ils tiennent à remercier. Ce qui a permis « de conclure un accord au sein de 4 des 5 établissements », sur base de la nécessité d’appliquer la loi et de payer les augmentations de salaires qu’elle prévoit, « avec effet différé pour les échelons supplémentaires ». Tout en laissant le tribunal éducatif arbitral régler les contestations de budgets des 5 comités de parents, toujours effectives. « Aujourd’hui, seul le Grand Lycée franco-libanais est sans accord », notent les représentants de la MLF, espérant qu’une issue pourra être trouvée.

Quoi qu’il en soit, « ce qui compte aujourd’hui dans cette situation difficile, ce sont les élèves », soutiennent Jean-Christophe Deberre et François Perret, rappelant que « l’année dernière a été moins pédagogique que financière ». Il est donc nécessaire de rectifier la tendance. D’autant que la rentrée d’octobre 2018 s’est traduite par « une baisse significative d’effectifs dans trois des cinq établissements de la MLF », à Tripoli, Habbouche (Nabatiyé) et Verdun, « pour des raisons majoritairement économiques ».Globalement, « cela représente 6 % d’élèves de moins cette année », constatent les deux responsables. Autrement dit, 540 élèves de moins par rapport à l’année 2017-2018, au cours de laquelle les cinq écoles pleinement gérées par la MLF comptaient un total de 8 871 élèves. Une situation à laquelle s’ajoute « un tassement des inscriptions en maternelle, un phénomène quasiment mondial » et qui justifie pleinement la démarche conjointe des représentants de l’association.

La conférence de presse a vu la participation de la conseillère à la coopération et l›action culturelle près l’ambassade de France, Véronique Aulagnon, également directrice de l’Institut français au Liban. Elle s’est déroulée en présence notamment du conseiller culturel adjoint, Serge Tillmann, du vice-président du réseau Aflec (Association franco-libanaise pour l’éducation et la culture), Rimah Hammoud, de la représentante de la MLF au Liban, Andrée Daouk, du conseiller consulaire élu Ghassan Ayoub et des membres de direction des lycées.



Pour mémoire
Les coupes budgétaires touchent les écoles conventionnées par l’État français

L’année scolaire est déjà bien engagée. Mais la crise des cinq lycées de la Mission laïque française n’est toujours pas résolue, plus particulièrement celle du Grand Lycée franco-libanais, à l’instar de nombreuses institutions éducatives privées. Et pour cause, l’application de la loi 46 adoptée en août 2017 continue de poser problème. Elle impose aux écoles privées...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut