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Liban - Moukhtara

Derrière l’hommage à Hollande, les messages souverainistes de Joumblatt

L’ex-président français insiste sur l’importance de la lutte contre le terrorisme et réitère le soutien de son pays au Liban.

François Hollande entouré de la famille Joumblatt et de Mgr Boulos Matar. Photo Nabil Ismaïl

Bien au-delà de l’amitié « personnelle » liant l’ancien président français François Hollande au leader du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, l’hommage rendu à l’ex-locataire de l’Élysée à Moukhtara, hier, est porteur de plusieurs messages d’ordre souverainiste adressés tant aux détracteurs de M. Joumblatt sur la scène druze qu’au camp pro-Assad en général.

Par son timing, le rassemblement tenu dans le fief de Walid Joumblatt revêt une importance aussi bien symbolique que politique, dans la mesure où il a eu lieu à l’heure où le leader druze est victime de ce que ses milieux appellent « une campagne orchestrée visant à le contourner politiquement ». Les tractations pour la mise sur pied du gouvernement l’ont illustré. Durant ce processus, le Hezbollah a effectué un forcing pour intégrer son allié druze, chef du Parti démocrate libanais Talal Arslane, au cabinet, contre la volonté du chef du PSP. Un objectif rempli avec la nomination de Saleh Gharib au ministère d’État pour les Affaires des réfugiés, qui n’a pas tardé à se rendre à Damas, sous prétexte de (commencer à) régler la question des réfugiés, à l’heure où M. Joumblatt s’en prenait violemment au régime de Bachar el-Assad.

À cela s’ajoute l’incident de Jahiliyé survenu en décembre dernier. Des affrontements avaient alors opposé des partisans de l’ancien ministre Wi’am Wahhab (connu pour sa proximité avec le régime Assad) aux Forces de sécurité intérieure avec, en toile de fond, des atteintes de M. Wahhab aussi bien à Walid Joumblatt qu’au Premier ministre Saad Hariri. C’est également dans ce cadre qu’il conviendrait de placer une récente décision prise par le régime syrien. Celle-ci impose à tout cheikh druze libanais souhaitant se rendre en Syrie l’obtention d’une carte d’identification de la part du cheikh Nassereddine Gharib, considéré comme autorité religieuse druze par les détracteurs du leader du PSP. Naïm Hassan, cheikh Akl soutenu par M. Joumblatt, était d’ailleurs présent hier.


(Lire aussi : Hollande aux Libanais : De votre avenir dépend celui des libertés dans la région)


À la lumière de ce contexte politique, la participation à l’événement de figures de proue du camp souverainiste issu de la mouvance du 14 Mars, entre autres personnalités, est significative. Parmi les présents, notamment, Simon Abiramia, député de Jbeil (Courant patriotique libre), représentant le chef de l’État Michel Aoun, à l’heure où le président de la Chambre Nabih Berry a délégué son frère, Mahmoud Berry. De son côté, le Premier ministre Saad Hariri a dépêché Mohammad Hajjar, député du Chouf (courant du Futur). Quant à l’évêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, il représentait le patriarche Béchara Raï. Mais il y avait aussi et surtout l’ancien chef de l’État Michel Sleiman, l’ex-chef de gouvernement Tammam Salam, la cheffe de la mission diplomatique de l’Union européenne au Liban, Christina Lassen, l’ambassadeur de France à Beyrouth, Bruno Foucher, le leader des Kataëb Samy Gemayel, ainsi que Nadim Gemayel, député Kataëb de Beyrouth, aux côtés des parlementaires joumblattistes Marwan Hamadé, Henri Hélou, Nehmé Tohmé et Fayçal Sayegh. Il y avait aussi les anciens députés Dory Chamoun, chef du Parti national libéral, Farès Souhaid, président du Rassemblement de Saydet el-Jabal, Nabil de Freige, Salah Honein et Carlos Eddé, ancien amid du Bloc national, pour ne citer que quelques exemples.

Toujours dans la forme, force est de constater que Walid Joumblatt a réservé à l’ancien président français un accueil particulièrement chaleureux. En témoignent les banderoles qui ont décoré les routes menant à la résidence joumblattiste. Les auteurs s’y félicitent des liens d’amitié entre la France et le Liban, d’une part, et entre le PSP et le Parti socialiste français, de l’autre. Ils saluent aussi les positions de François Hollande concernant le Tribunal spécial pour le Liban, ainsi que son appui indéfectible au peuple syrien révolté contre Bachar el-Assad. L’ancien président français a fait son entrée à Moukhtara sous les chants et cris de bienvenue des scouts progressistes.


(Lire aussi : Hollande à « L’OLJ » : Le Liban est l’exemple même qu’après les déchirements, il est possible de se retrouver)

« Les ides de mars »

Tout comme ses partisans, Walid Joumblatt a mis l’accent sur le soutien de son « ami » français. « Les ides de mars avaient décidé, il y a 14 ans, que tu sois parmi nous, avec le peuple libanais, dénonçant le crime (contre Rafic Hariri) et appuyant un Liban souverain et indépendant », a lancé M. Joumblatt à l’adresse de M. Hollande, dans une allusion à sa présence au Liban lors de la manifestation monstre du 14 Mars 2005. Soulignant que « les enfants de Deraa s’étaient révoltés il y a huit ans, suivis de la Syrie entière », M. Joumblatt a assuré que « la Syrie se relèvera », en dépit des « massacres, de la torture, de la mort ou des armes chimiques »... « Tu as été le seul à vouloir intervenir (l’ancien président américain Barak) Obama ayant mis des lignes rouges fictives. » Il faisait ainsi allusion à l’échec de la communauté internationale à riposter à l’usage, par Bachar el-Assad, d’armes chimiques dans la Ghouta, en 2013.

Quant à François Hollande, il a insisté sur l’importance de lutter contre le terrorisme quelle qu’en soit la source. « Si mon pays a été frappé par l’État islamique, c’est parce qu’il y avait un conflit en Syrie et du terrorisme en Irak », a-t-il rappelé, en référence aux attentats de 2015 et 2016 en France, avant de poursuivre : « Quand il y a une violation du droit international, il faut intervenir avant qu’il ne soit trop tard. »

Sur un autre registre, M. Hollande s’est, à nouveau, félicité du fait que le Liban est « un exemple d’espoir pour les pays du monde ». Il a tenu à adresser ce message aux Libanais : « Soyez certains que le peuple français est à vos côtés et que la France continuera à faire entendre sa voix pour la liberté et la souveraineté du Liban. »L’ancien président français devait être reçu hier après-midi au palais de Baabda par le chef de l’État, Michel Aoun.




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Bien au-delà de l’amitié « personnelle » liant l’ancien président français François Hollande au leader du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, l’hommage rendu à l’ex-locataire de l’Élysée à Moukhtara, hier, est porteur de plusieurs messages d’ordre souverainiste adressés tant aux détracteurs de M. Joumblatt sur la scène druze qu’au camp pro-Assad en...

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HOLLANDE ! QU,EST-IL VENU FAIRE ?

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 18, le 08 mars 2019

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Commentaires (2)

  • HOLLANDE ! QU,EST-IL VENU FAIRE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 18, le 08 mars 2019

  • La famille socialiste au complet ? (humour) Si Joumblatt savait oh combien l'écart entre le parti socialiste français et le sien est conséquent, il n'en croirait pas ses yeux ... Allez, tout le monde est beau sur la photo ...et Walid est un "beau gosse francophone" ... Un petit sourire ...je télécharge la photo. Oh que oui, l'humour est important.

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 21, le 08 mars 2019

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