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Liban - Conférence

Hollande aux Libanais : De votre avenir dépend celui des libertés dans la région

À l’USJ, l’ancien président français qualifie de « mauvaise » la décision de transférer l’ambassade US de Tel-Aviv à Jérusalem.

François Hollande entouré de Salim Daccache (g), Christian Taoutel (d), Christine Assaf et du père Michel Sheuer. Photo Michel Sayegh

« Je suis un ambassadeur de la paix. On peut finir un mandat présidentiel et maintenir cette fonction noble. » « De votre avenir dépend celui des libertés dans la région. » C’est par ces deux messages amicaux adressés aux Libanais que l’ancien président français François Hollande, en visite au Liban, a choisi d’inaugurer une conférence-débat tenue hier au campus des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth.

À l’initiative du département d’histoire et de relations internationales au sein de la faculté des lettres de l’USJ dirigé par Christian Taoutel, l’ancien locataire de l’Élysée a exposé devant une salle comble sa vision de la situation au Moyen-Orient et en France, au vu notamment de l’ampleur de la crise intérieure déclenchée par le mouvement des gilets jaunes. Mais il serait peu rigoureux de limiter la conférence de M. Hollande à la stricte dimension liée aux tractations de la politique politicienne.

François Hollande n’a pas manqué de donner à cette conférence-débat un trait symbolique. Selon lui, il s’agit d’une occasion de répondre aux questions des étudiants, mais aussi et surtout d’exposer ce qu’il appelle « les leçons du pouvoir » qu’il a tirées de son quinquennat. Il les a d’ailleurs expliquées dans un ouvrage qui porte le même nom, signé hier à l’issue de la conférence.

Celle-ci a eu lieu en présence de plusieurs personnalités politiques, notamment l’ancien chef de l’État Michel Sleiman, le leader du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt et son épouse Nora, ainsi que Nadim Gemayel (Kataëb), Nazih Najm (courant du Futur), tous deux députés de Beyrouth, Pierre Bou Assi (Baabda, Forces libanaises) et Simon Abiramia, député de Jbeil (Courant patriotique libre). Il y avait également les anciens ministres Ziyad Baroud, Rony Araïji et Nayla Moawad. Parmi les présents aussi, Farès Souhaid, président du Rassemblement de Saydet el-Jabal. Mais avant de lui donner la parole, Sélim Daccache, recteur de l’USJ, s’est adressé à M. Hollande en ces termes : « Notre université est heureuse d’inscrire votre témoignage et votre message. » « Nous sommes sûrs que vous nous délivrez un message de paix, d’ouverture et de fraternité », a-t-il ajouté.

Poursuivant sur la même ligne, Christine Assaf, doyenne de la faculté des lettres et des sciences humaines, a mis l’accent sur l’attachement de l’université à « une francophonie ouverte et dynamique ».

C’est à la faveur de cette même logique d’ouverture que François Hollande a donné le coup d’envoi du débat. S’adressant au peuple libanais, il a déclaré : « Je suis venu au Liban à plusieurs reprises sur invitation de mon ami Walid Joumblatt. Puis je suis venu en tant que chef de l’État (…). Mais aujourd’hui, je viens en tant que Français pour vous dire que nous sommes liés à vous, tout comme vous êtes liés à nous. » Et d’ajouter : « La France est un pays ouvert. Et quand elle regarde vers le Moyen-Orient, elle se dirige d’abord vers le Liban. D’autant que la force d’un pays n’est pas nécessairement synonyme de démographie ou d’économie. La force, c’est aussi la culture. Vous êtes un exemple du vivre-ensemble avec vos relations qui réussissent à se juxtaposer et se reconnaître, en dépit de toutes les difficultés. »

Il va toutefois sans dire que c’est surtout l’actualité locale française et les péripéties internationales qui ont marqué le débat, les étudiants ayant saisi l’occasion pour permettre à l’ex-chef de l’État de s’exprimer au sujet des gilets jaunes.

Loin de vouloir critiquer ouvertement son successeur Emmanuel Macron, qui avait engagé un dialogue avec ses détracteurs au sujet des réformes économiques, François Hollande estime que ce mouvement contestataire a une dimension structurelle, dans la mesure où une population frappée par un manque d’encadrement politique se sent mal représentée. Mais il y a aussi une dimension conjoncturelle. Sur ce plan, l’ancien président s’explique : « Ce qui a créé la vague de colère, ce n’est pas la fiscalité (sur les carburants), mais le sentiment d’injustice qui doit être réglé incessamment pour que le conjoncturel ne se transforme pas en un problème structurel. »


(Lire aussi : Hollande à « L’OLJ » : Le Liban est l’exemple même qu’après les déchirements, il est possible de se retrouver)


Les « mauvaises » décisions américaines

Sur un autre registre, François Hollande s’est naturellement attardé sur la question de la crise syrienne. Quelques semaines après la réouverture de certaines ambassades arabes à Damas, il s’est indigné du fait que (le président syrien) Bachar el-Assad soit en quelque sorte réintroduit sur la scène internationale, à l’heure où « rien dans ce régime ne mérite quelque pardon que se soit. D’autant qu’il a massacré son peuple ».

Il s’empresse toutefois de prôner une solution politique au conflit syrien. « Celle-ci devrait être axée sur une phase de transition qui devrait témoigner d’une élection libre, suivie d’une mise à l’écart des interventions étrangères », souligne-t-il. Sauf que François Hollande (reçu à dîner hier par le Premier ministre Saad Hariri) semble conscient des rapports de force sur le terrain en Syrie, au vu notamment de la présence des troupes russes et des alliés de l’Iran pour soutenir le régime. « Il faut contraindre Bachar el-Assad et ses alliés à aller dans le sens d’un règlement politique du conflit », lance l’ancien président français, qui estime que l’échec de la communauté internationale à répondre à l’usage par M. Assad de l’arme chimique dans la Ghouta en 2013 a engendré l’expansion du terrorisme et la mise sur pied du groupe État islamique. « S’il y a une leçon à tirer de cet épisode, c’est bien qu’en ces matières, il faut agir vite et fort », ajoute-t-il.

Le rapport des forces en Syrie n’est pas cependant la seule inquiétude de François Hollande. Il y a aussi la décision de Donald

Trump de se retirer de ce pays. « Ses conséquences ne seront pas bonnes pour la région », dit-il, soulignant en outre que « le fait de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem est une mauvaise décision dans la mesure où elle entrave une solution au conflit israélo-palestinien axée sur les deux États, comme le soutient l’ONU ».

Interrogé enfin sur « les leçons du pouvoir », François Hollande affirme qu’« il est plus difficile de gouverner aujourd’hui qu’il y a quelques années. D’autant que les démocraties sont devenues plus fragiles ». « Il faut donc continuer à les défendre face aux dangers », conclut-il.


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commentaires (7)

Franchement Hollande n’a pas été le meilleur relativement au conflit en Syrie, notamment.

L’azuréen

22 h 01, le 07 mars 2019

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Commentaires (7)

  • Franchement Hollande n’a pas été le meilleur relativement au conflit en Syrie, notamment.

    L’azuréen

    22 h 01, le 07 mars 2019

  • cet homme qui a été nul dans la gestion de son pays parle beaucoup en ce moment. J'espère que les libanais ne vont pas croire les conseils inutiles de cet homme

    FAKHOURI

    20 h 27, le 07 mars 2019

  • Nous sommes mal barrés dans ce cas ...

    Zeidan

    20 h 24, le 07 mars 2019

  • JE DIRAIS PLUTOT DES LIBERTES ET DE LEUR RESPECT DANS LA REGION DEPEND L,AVENIR DU LIBAN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 27, le 07 mars 2019

  • Donc point d'avenir, culturellement la liberté est un sacrilège dans la région.

    DAMMOUS Hanna

    15 h 50, le 07 mars 2019

  • On l'entend trop en ce moment, une perte de temps d'un homme-président qui n'a rien fait de bon pour notre région. Affublé de Fabius aux affaires étrangères ce couple n'a oeuvré que dans l'intérêt de leur BOSS en permettant aux " combattants de la liberté " de se rendre en Syrie du héros BASHAR EL ASSAD.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 13, le 07 mars 2019

  • LE TRES AFFABLE MR HOLLANDE NOUS FAIT BCP TROP D'HONNEURS ! LES VOISINS, ENCORE UNE FOIS- N'APPRECIENT PAS CE GENRE D'INDÉPENDANCE INDIRECTEMENT CONFIRMEE !

    Gaby SIOUFI

    11 h 56, le 07 mars 2019

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