Le ministre libanais des Finances, Ali Hassan Khalil (mouvement Amal), a annoncé avoir transmis mardi les comptes reconstitués de l'Etat des années 1993 à 2017 à la Cour des comptes, refusant d'entrer dans la polémique politique opposant notamment le Hezbollah à l'ancien Premier ministre Fouad Siniora sur la question des comptes publics entachés d'irrégularités.
"Nous avons transmis les comptes importants des années 1993 à 2017 à la Cour des comptes", a indiqué M. Khalil lors d'une conférence de presse au siège du ministère des Finances, saluant à cet égard le travail des fonctionnaires du ministère qui ont produit plusieurs dizaines de milliers de documents. "Toutes les informations et tous les détails, sans exception, sont désormais aux mains de la Cour des comptes", a-t-il ajouté.
Ces comptes, dont la reconstitution a été ainsi finalisée par le ministère des Finances, doivent maintenant faire l’objet d’un rapport de la Cour des comptes qui sera transmis au Parlement. Conformément à la Constitution, le gouvernement devra parallèlement soumettre les bilans des comptes publics sous forme de projets de loi au Parlement, avec le projet de budget pour l’exercice 2019. Le nouvel exécutif doit plancher prochainement sur le projet de budget de 2019. La semaine dernière, Pierre Duquesne, le diplomate français chargé par le président Emmanuel Macron du suivi du processus CEDRE et qui était en visite à Beyrouth, avait appelé les responsables libanais d'adopter le budget 2019 "avant fin mars".
"Le ministère est engagé à aller jusqu'au bout sur ce dossier, sans entrer dans une polémique politique", a affirmé le ministre des Finances, mettant en avant le rôle des instances de contrôle. "Les instances de contrôle et de surveillance, la justice financière et le Parlement ne doivent pas abandonner leur fonction de demander des comptes à toute personne qui serait dans l'illégalité sur la base des rapports et des documents officiels que nous avons fourni", a déclaré M. Khalil.
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"Lacunes"
Interrogé sur le bras de fer opposant le Hezbollah à Fouad Siniora, ancien Premier ministre et ministre des Finances sur le dossier des comptes publics à cette période, M. Khalil a refusé de porter d'accusations d'ordre politique. "Je n'ai pas à porter d'accusations", a-t-il déclaré. A une question d'un journaliste sur l'existence de sommes qui aurait été perdues, il a répondu : "Je ne veux pas m'exprimer car j’empiéterai sur les instances de surveillance, mais le processus de reconstitution des comptes montre qu'il y a eu des blancs durant les années précédentes. Ces blancs ont été corrigées".
La semaine dernière, le député du bloc du Hezbollah, Hassan Fadlallah, avait initié une dénonciation judiciaire en remettant au procureur général financier, Ali Ibrahim, une série de documents liés au dossier des comptes publics entachés d’irrégularités afin qu’il ouvre une enquête sur des milliards de livres libanaises qui auraient disparu, selon lui, notamment durant la période 1993-2012. L'ancien Premier ministre et ministre des Finances, Fouad Siniora, un des faucons du Courant du Futur de M. Hariri, avait exposé vendredi son point de vue sur ce dossier, chiffres à l'appui, lançant une virulente attaque contre le Hezbollah.
Par ailleurs, le ministre a annoncé que les projets détaillés de clôture des comptes avaient été transmis à la cour des comptes, au secrétariat général du Conseil des ministres ainsi qu'au Parlement. "Le gouvernement doit désormais examiner la clôture des comptes avant l'adoption du budget 2019", selon lui.
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commentaires (3)
Après un an presque d'absence de gouvernement, après tant d'années de souffrances du peuple martyre libanais, (oui c'est un peuple martyre malgré les apparences), nous sommes au tournant et à le une des événements importants pour notre peuple. Il n'est plus permis les erreurs du passé encore moins des erreurs provoquées dans l'avenir. Laissons les instances concernées s'occuper de ce qui était juste ou corrompu dans le passé et concentrons tous ensemble au devenir de notre destin economique, social, securitaire, du présent. C'est notre destin et celui de nos enfants qui est en jeu.
Sarkis Serge Tateossian
00 h 28, le 06 mars 2019