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Liban - Décryptage

L’heure est au travail, pas aux polémiques inutiles, selon les visiteurs de Baabda

Il était exactement 21h15. La tension était à son comble au stade de Zouk. Il n’y avait plus une seule place libre sur les gradins et tout le monde avait les yeux tournés vers le terrain de basket-ball où devait commencer la partie entre l’équipe libanaise et celle de Nouvelle-Zélande. Mais en quelques secondes, l’attention générale s’est portée vers un petit groupe qui avançait rapidement vers la tribune d’honneur. Le président Michel Aoun venait d’arriver au stade et d’une seule voix, la foule s’est mise à crier d’enthousiasme.

Pour le chef de l’État, cette explosion de joie est un signe de la confiance qu’ont en lui les citoyens, loin de toute considération politique ou confessionnelle. À chacun de ses rendez-vous, imprévus ou préparés à l’avance, avec les Libanais, le même scénario se produit : la foule est en liesse et exprime sa joie à sa façon. En même temps, elle lui montre l’ampleur de ses attentes. Pour le président, c’est certainement une source de satisfaction, mais c’est aussi une lourde responsabilité. L’accueil populaire chargé d’émotion au stade de Zouk s’est produit après la scène de jeudi au Conseil des ministres, qui avait failli donner lieu à la première polémique politique au sein du nouveau gouvernement. La chaleur et l’appui des Libanais présents sur les gradins sont arrivés comme une réponse aux critiques formulées la veille par certaines parties politiques, qui ont même été jusqu’à évoquer un empiètement du chef de l’État sur les prérogatives du Premier ministre.

Jeudi, Michel Aoun avait, en effet, frappé de son poing sur la table en pleine réunion du Conseil des ministres pour mettre un terme à la polémique naissante au sujet des déplacés syriens et pour rappeler que lorsqu’il s’agit de l’intérêt supérieur du pays, il est le mieux placé pour agir. Depuis l’adoption de l’accord de Taëf, une telle attitude était pratiquement du jamais-vu. Elle a surpris les ministres eux-mêmes autant que les Libanais en général. Certains ont émis des critiques, mais d’autres ont applaudi, échaudés par le fait que les différentes parties passent plus de temps à discuter qu’à agir.

Certaines parties politiques ont réagi en évoquant un dépassement des prérogatives du président, telles qu’énumérées dans l’accord de Taëf et, donc, un empiètement sur celles du Premier ministre. D’autres ont reproché au chef de l’État de pousser vers ce qu’ils appellent « une normalisation des relations avec la Syrie et un renflouement du président syrien Bachar el-Assad ».

À ceux qui ont estimé que Taëf a ôté au président le fait d’être la tête de l’exécutif, les visiteurs de Baabda précisent que ce n’est pas parce que les présidents qui se sont succédé à la tête de la République libanaise depuis 1989 n’ont pas utilisé leurs prérogatives que celles-ci n’existent pas. Ces visiteurs évoquent ainsi les articles 49 et 50 de la Constitution qui sont très clairs au sujet du fait que le président est « le chef de l’État et le symbole de l’unité de la patrie. Il veille au respect de la Constitution et à la préservation de l’indépendance du pays, de son unité et de l’intégrité de son territoire... ». De même, l’article 50 précise que « le serment constitutionnel prononcé par le chef de l’État le rend responsable de la protection de l’indépendance du pays et de l’intégrité de son territoire ». Les visiteurs de Baabda déclarent aussi que la gouvernance n’est pas seulement un ensemble de textes, elle est aussi un état d’esprit. Il y a ceux qui arrivent en se considérant redevables aux uns et aux autres et évitent donc de déranger les parties en présence et ceux qui considèrent que la présidence de la République est une mission et un devoir qui engagent la responsabilité de celui qui est élu en des termes clairs et solennels à travers le serment constitutionnel.

Le président Michel Aoun, précisent les visiteurs, n’a pas prononcé le serment constitutionnel devant les députés à la légère. Il estime donc être bien placé pour définir l’intérêt général du pays, bien plus, en tout cas, que ceux qui cherchent à susciter des polémiques pour entraver toute action concrète dans l’intérêt des Libanais. Sur le plan constitutionnel, le chef de l’État estime donc avoir respecté le texte et l’esprit en mettant un terme au débat politique qui commençait. Sur le plan politique, les arguments avancés par certaines parties politiques ne tiennent pas non plus la route. D’abord, l’intérêt général du pays exige le retour des déplacés car cette présence massive n’a pas d’équivalent dans le monde, sur un petit pays, plongé déjà dans une crise économique et sociale. D’ailleurs, lors de la formation du gouvernement, il y avait un accord tacite pour donner le ministère chargé des déplacés syriens à une personnalité capable de dialoguer aussi bien avec le régime syrien qu’avec la communauté internationale, dans l’objectif de faire avancer le processus. C’était même une façon indirecte de ménager le Premier ministre en trouvant une formule décente pour qu’il ne s’implique pas directement dans ce dossier. Quant à la protestation contre le » renflouement « du président Bachar el-Assad, le Liban a un rôle minime dans ce contexte. Ce n’est certes pas lui qui renfloue ou qui dénonce. Il doit donc se contenter de faire son intérêt propre et celui-ci passe par des contacts directs avec l’État syrien pour faciliter le retour de ceux qui le peuvent chez eux. Selon les visiteurs de Babada, le Liban ne peut plus se permettre de perdre du temps dans des débats sans fin. L’heure est à l’action, dans tous les domaines. La lutte contre la corruption a déjà effectivement commencé, d’abord aux FSI avec la mise à pied de certains officiers impliqués dans des affaires de corruption et dans l’ouverture du dossier de la CNSS. Bientôt, le Conseil des ministres devrait se pencher sur le dossier de l’électricité et adopter de nouvelles nominations. Ce n’est pas par hasard que ce gouvernement s’est donné pour slogan le terme suivant : « Au travail. »

Il était exactement 21h15. La tension était à son comble au stade de Zouk. Il n’y avait plus une seule place libre sur les gradins et tout le monde avait les yeux tournés vers le terrain de basket-ball où devait commencer la partie entre l’équipe libanaise et celle de Nouvelle-Zélande. Mais en quelques secondes, l’attention générale s’est portée vers un petit groupe qui...

commentaires (7)

Il y a 2 problèmes cruciaux : - Le traitement et la gestion des déplacés syriens qui effectivement doivent rentrer chez eux dans de bonnes conditions humaines , - l’armement du Hezbollah et dle passage de pouvoir en souplesse car seule l’armée du cèdre et donc l’Etat libanais doivent être en mesure de contrôler l’ensemble du territoire national.

L’azuréen

09 h 26, le 26 février 2019

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Commentaires (7)

  • Il y a 2 problèmes cruciaux : - Le traitement et la gestion des déplacés syriens qui effectivement doivent rentrer chez eux dans de bonnes conditions humaines , - l’armement du Hezbollah et dle passage de pouvoir en souplesse car seule l’armée du cèdre et donc l’Etat libanais doivent être en mesure de contrôler l’ensemble du territoire national.

    L’azuréen

    09 h 26, le 26 février 2019

  • depuis quand l'enthousiasme populaire etait signe de merite, de succes ? mais bon, c juste une petite pointe INUTILE puisque c'est qd meme du marketing universellement reconnu en democratie et en dictature. ---pour le reste j'ajouterais qu'il est imperatif d'ajouter un "bis" a chacun des articles de la constitution # 49 & 50 : le president de la republique a le devoir de les interpreter a sa convenance- s;agissant de la definition d:""le chef de l’État veille ...à la préservation de l’indépendance du pays etc, la protection de l’indépendance du pays et de l’intégrité de son territoire"". car il est legitime de convenir qu'a chaque president som appreciation personnelle de la chose citee ci-haut . PS. heureusement qu'un president a encore pour lui de laisser une trace de sa personne ! ---l'explication de la non reaction au coup de poing est que les accords passes entre les 2 a 4 tenants du pouvoir, laissent ZERO marge de maneuvre aux qqs "independants"- mais aussi-malhuereusement ceux la croient -beatement -ainsi "fortifier" la position du fauteuil maronite de baabda- generalement parlant.

    Gaby SIOUFI

    11 h 16, le 25 février 2019

  • Saura-t-il aussi taper du poing sur la table pour stopper la corruption de beaucoup de "responsables" qui gravitent dans son entourage ? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 24, le 25 février 2019

  • Fallait il autant de temps perdu pour en arriver là ? On dit bien il n'est jamais trop tard pour bien faire , en effet rares sont ceux qui comprennent les écrits de Scarlett qui se lit pourtant très facilement si on a pas l'esprit parasité par des propagandes à répétition qui n'ont mené notre pays que dans des impasses . Un nouvelle équipe dans un Liban nouveau et AU BOULOT , sous la protection des armes dissuasives de la résistance et ses nouveaux alliés.

    FRIK-A-FRAK

    08 h 59, le 25 février 2019

  • Mais madame on vous comprend plus !! Un moment Taëf a supprimer les prérogatives du président et maintenant il en a ?!? Ou bien c’est moi qui est mal compris

    Bery tus

    06 h 29, le 25 février 2019

  • UN TITRE QUE JE NE FAIS QUE REPETER DEPUIS DES SEMAINES ET SURTOUT DE JOURS ! CE COMMENTAIRE ME SUFFIT ET JE N,ENTRE PAS DANS LES DETAILS DE L,ARTICLE DE LA TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD...

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 01, le 25 février 2019

  • AU TRAVAIL POINT NUMRO UN RAMENER DE SYRIE LES LIBANAIS ENLEVES PAR LE SYRIENS ET SOIT EMPRISONNES OU MORTS RAMENER LES CADAVRES OU LES PERSONNES ENCORE VIVANTES POUR PERMETTRE ENFIN A DES MILLIERS DE PARENTS EPLORES ET SANS NOUVELLES DES LEURS DE FAIRE LEUR DEUIL OU DE RETROUVER LEUR ETRES CHERS MEME APRES 40 ANS

    LA VERITE

    01 h 20, le 25 février 2019

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