Dima Jamali, députée sunnite de Tripoli dont l'élection a été invalidée jeudi par le Conseil constitutionnel libanais, a annoncé qu'elle présentera à nouveau sa candidature aux législatives partielles censées être organisées dans les deux prochains mois, dans la circonscription du Liban-Nord II. Mme Jamali, affiliée au courant du Futur, a fait cette annonce après avoir été reçue par le chef de ce mouvement et Premier ministre Saad Hariri.
"Nous respectons la décision du CC bien qu'il se soit laissé prendre au jeu des interférences politiques, a déclaré Mme Jamali. Je remercie M. Hariri qui m'a invitée à représenter ma candidature. Je suis certaine que la rue tripolitaine va renouveler sa confiance en moi et nous allons poursuivre la bataille".
Le CC avait annoncé qu'il invalidait l'élection de la députée sunnite après avoir étudié le recours en invalidation présenté par le candidat malheureux des Ahbache (islamistes prosyriens), Taha Nagi. Son recours a été retenu en raison de la présence de violations enregistrées lors du scrutin. M. Nagi a qualifié la décision du CC d'"injuste", estimant qu'il fallait qu'il soit déclaré vainqueur du siège de Dima Jamali.
Pour sa part, le bloc du Futur a regretté la décision du CC dans des termes virulents. "Nous pensons qu'il s'agit d'une traîtrise politique. La décision du Conseil constitutionnel a des motivations politiciennes par excellence, ce qui constitue une faute constitutionnelle", a déclaré la députée Bahia Hariri, au nom du groupe parlementaire.
Les membres de la liste électorale "La dignité nationale" du député Fayçal Karamé (sunnite, proche du régime syrien), sur laquelle s'était présentée Taha Nagi, se sont de leur côté réunis en urgence, au domicile de ce dernier. A l'issue de cette réunion, M. Karamé a regretté que le CC ait laissé vide le siège de Mme Jamali dans l'attente de nouvelles législatives au lieu d'y nommer directement M. Nagi, "sachant que les plus grandes infractions ont été commises à l'encontre de notre liste".
De son côté, l'ancien ministre Achraf Rifi, candidat à l'un des sièges sunnites de Tripoli et qui avait également présenté un recours en invalidation, a indiqué "respecter la décision du CC", malgré certaines remarques. "Je vais entrer en contact avec les Tripolitains et les forces politiques et populaires de la ville afin de discuter des futures élections législatives partielles", a-t-il ajouté.
L'invalidation de l'élection de Mme Jamali est la seule décision d'invalidation prise par le CC, les 16 autres recours présentés ayant été rejetés, à l'issue de plusieurs mois d'étude des recours contre les résultats des élections législatives de mai 2018.
Pour les circonscriptions de Beyrouth I, où la journaliste Joumana Salloum Haddad (issue de la société civile) avait déposé un recours contre le député Antoine Pano (siège des minorités, membre du Courant patriotique libre), et Beyrouth II, où un groupe de députés de la société civile avait déposé un recours, le CC a jugé que les raisons invoquées n'étaient pas suffisantes pour invalider l'élection.
Mme Haddad n'a pas tardé à commenter la décision du CC, qu'elle a accusé d'avoir "subi des pressions et ingérences de la part de certaines parties politiques et confessionnelles". Elle a cependant rendu hommage à trois membres du Conseil qui ont, selon elle, demandé l'invalidation de l'élection du siège réservé aux minorités à Beyrouth I, estimant qu'il s'agissait d'un "cri de conscience".
Dans les autres circonscriptions, des décomptes de voix ont été modifiés par le CC, mais sans toutefois mener à une invalidation, la différence de voix restant importante entre les candidats.
Le Conseil a notamment basé ses décisions sur le rapport final de la Commission de supervision des élections.
Pour mémoire
Recours contre les résultats des législatives : le Conseil constitutionnel dément les rumeurs
Recours en invalidation : Le Conseil constitutionnel poursuit son enquête avant de se prononcer
En tout, dix-sept recours en invalidation présentés devant le Conseil constitutionnel
commentaires (8)
Elle a des atouts maître pour se représenter.
FRIK-A-FRAK
21 h 45, le 21 février 2019