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Liban - Changement climatique

Savoir quantifier les émissions de déchets pour une meilleure planification politique

Depuis l’adoption de l’accord de Paris sur le changement climatique en 2015, les pays signataires doivent effectuer des rapports sur leurs émissions nationales. Quelles méthodes privilégier dans les pays en développement ? Une étude de l’AUB fait le point.*

Calculer les émissions d’un pays n’est pas simple. Photo Bigstock

Les préoccupations concernant l’impact de la gestion des déchets solides sur le réchauffement de la planète (les déchets sont des émetteurs de gaz à effet de serre, notamment de méthane) stimulent les efforts visant à quantifier et à réduire les émissions du secteur des déchets. Cette pratique, également appelée inventaire des émissions ou comptabilité, ou empreinte carbone, dépend d’une part des processus de traitement et de gestion des déchets, et d’autre part du type de déchet et de sa composition physique, et enfin de la méthode de quantification privilégiée par le pays en question. Dans ce contexte, il existe plusieurs méthodes en termes d’exigence de données et de portée qui permettent d’examiner les émissions en fonction du processus de traitement et de gestion des déchets spécifiquement. D’où le besoin d’évaluer la relation entre ces méthodes de traitement et le volume des émissions qui en résultent.

L’un des principaux problèmes qui accompagnent la mise en place de l’accord de Paris sur les changements climatiques en 2015, et qui restait controversé lors du récent 24e sommet sur le climat en Pologne, est de savoir comment vérifier les engagements des pays en matière de réduction des émissions et comment établir des contrôles et des règles pour vérifier le respect des engagements nationaux de réduction des émissions.

Malgré de nombreuses initiatives volontaires et axées sur le marché du carbone dans les économies développées, les pays en développement n’avaient pas d’obligation de réduction des émissions en vertu du protocole de Kyoto (l’accord mondial précédant Paris, qui est entré en vigueur en 2005 et le reste jusqu’à 2020). La situation a changé suite à l’accord de Paris sur le climat (adopté sous la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques-CCNUCC en 2015) selon lequel il est devenu obligatoire pour toutes les parties de rendre compte régulièrement de leurs émissions et de leurs efforts de mise en œuvre de l’accord par leurs « contributions déterminées au niveau national » (CDN), qui intègrent les tentatives de chaque pays pour réduire les émissions nationales et s’adapter aux impacts du changement climatique.


(Pour mémoire : Des ONG lancent une plate-forme arabe d’action climatique)


Le problème des méthodes de quantification
La comparaison des méthodes couramment utilisées pour estimer les émissions résultant de la gestion des déchets solides municipaux a suscité une attention considérable, étant donné le potentiel de pollution de ce secteur. Ces méthodes emploient des paramètres d’émissions invariables, dépendant de la localisation géographique et/ou de la méthode particulière employée. Or, ces méthodes sont surtout adaptées aux économies développées, et dans ce contexte, des incertitudes seraient inévitables lorsqu’on les applique dans un contexte géographique différent. Cela peut notamment affecter les déclarations d’émissions de pays en développement tels que le Liban, lorsque ces pays tentent d’appliquer ces méthodes qui pourraient leur être inadaptées.


La variabilité en employant ces méthodes a atteint 65 %
Une nouvelle étude menée à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) a été développée pour examiner la variabilité dans l’estimation des émissions du secteur des déchets solides à l’aide de méthodes internationales couramment adoptées.

L’objectif est de définir comment et quelle méthode de quantification des émissions utiliser pour la planification des politiques et l’élaboration d’un modèle de cadre conceptuel pour remédier aux limitations potentielles des méthodes existantes. L’étude fournit des informations sur la variabilité des émissions associée à diverses méthodes et met en évidence les limitations liées à des considérations géographiques, en dehors du contexte pour lequel elles ont été développées.

La variabilité des émissions, qui variait de 3 à 65 %, passe à 2 et 17 % lorsque les paramètres par défaut étaient normalisés d’une méthode à l’autre. Une variabilité plus grande a été perçue, atteignant plusieurs replis en fonction de la source, du gaz ou du type d’émission. La variabilité observée peut être attribuée aux différences entre les méthodes d’approche et les paramètres par défaut. Ces différences peuvent influer sur les mesures d’atténuation des émissions/objectifs de réduction des émissions ou sur les investissements dans les crédits de carbone*** afin de satisfaire les contributions déterminées au niveau national par les pays en vertu de l’accord de Paris. L’étude se termine par un cadre visant à remédier aux limitations des méthodes existantes, l’accent étant mis sur une flexibilité accrue permettant à l’utilisateur de modifier les approches et les paramètres par défaut.

Les implications politiques correspondant aux différences de méthode comptable peuvent affecter les mesures d’atténuation (des émissions) et les objectifs de la rédaction de rapports nationaux exigés par la CCNUCC, ou encore influencer les objectifs de réduction en utilisant des crédits carbone pour permettre aux pays de respecter leurs engagements en vertu de l’accord de Paris.

*Étude de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), département de génie civil et environnemental, sous la supervision du Pr Mutasem el-Fadel et avec le soutien du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) et de l’AUB.


Cette étude a été publiée dans le journal scientifique international « Journal of Cleaner Production »

Maalouf, A., & el-Fadel, M. (2019), « Towards improving emissions accounting methods in waste management : A proposed framework », in « Journal of Cleaner Production », 206, 197-210. doi : https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2018.09.014.


Amani Maalouf : Candidate au doctorat en génie de l’environnement et des ressources en eau à l’AUB.

***Un crédit carbone est une unité correspondant à une tonne d’équivalent CO2 sur les marchés du carbone. C’est une commodité environnementale échangée au sein du marché du carbone.


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