À l’initiative du Climate Action Network–CAN monde arabe, un groupe d’ONG au sein de l’organisation éponyme internationale, une nouvelle plate-forme arabe pour l’action climatique (Arab Climate Act Program) a été lancée hier à Katowice, en Pologne, où se tient le 24e sommet de l’ONU sur le changement climatique (COP24).
Cette plate-forme, qui regroupe notamment des acteurs des pays d’Afrique du Nord, du Liban et de la Jordanie, vise à servir de tremplin pour les ONG, le secteur privé et les différents acteurs concernés par les négociations sur le climat et la transition écologique en vue de pousser vers une action plus significative au niveau des pays, afin de réaliser les objectifs de l’accord de Paris. La plate-forme qui vient de voir le jour adopte sans détours l’objectif d’une limitation de la hausse de la température de la terre à 1,5 degré, récemment réaffirmé dans un rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC), dont on parle beaucoup au cours de ce sommet. Et pour cause : les pays arabes sont très vulnérables aux changements climatiques, dont les conséquences se font déjà ressentir, entre autres dans les pays pétroliers, avec des pics de chaleur, des records de sécheresse et une exacerbation des problèmes liés à l’eau notamment.
La nouvelle plate-forme entend répercuter « l’appel du dialogue Talanoa », un dialogue parallèle qui a eu lieu à Katowice pour faire pression sur les gouvernements en vue d’une action plus ambitieuse. Elle se fondera sur le fait que plusieurs projets d’énergies alternatives sont en cours dans les pays arabes, que la plupart des pays ont intégré l’idée d’une stratégie durable de l’eau dans leurs politiques, mais qu’il leur reste à l’intégrer dans leurs contributions volontaires nationales (les engagements des pays à réduire leurs émissions en marge de l’accord de Paris) et diversifier leurs économies en vue de réduire leur consommation d’énergie d’ici à 2030 de 30 % au moins.
À la question de savoir comment cette plate-forme pourrait œuvrer de façon effective avec de tels objectifs alors que deux pays arabes, l’Arabie saoudite et le Koweït, font partie des quatre États qui ont refusé « d’accueillir favorablement » le rapport du GIEC à la COP24, en d’autres termes de l’inclure effectivement dans le dialogue sur les ambitions des pays à réduire leurs émissions, les experts sur place notent que les pays arabes ne parlent pas d’une seule voix. Beaucoup, selon eux, ressentent l’urgence climatique et désirent une action plus ambitieuse, sachant que cette plate-forme inclura ceux qui voudront bien s’y joindre.
(Lire aussi : Le « passeport climatique » peut-il être une solution d’avenir ?)
Le Liban, « diamant brut du monde arabe »
Et parmi ces pays, le Liban figure en bonne place : membre du Forum de vulnérabilité climatique, un groupe qui appelle à une action ambitieuse en vue d’éviter les pires conséquences du changement climatique, le Liban s’est démarqué des autres membres du groupe arabe, par son discours au cours de cette COP.Tant et si bien qu’une publication de la société civile sur les négociations au ton particulièrement affûté, ECO, a consacré un article au Liban dans son édition d’hier. Opposant la position libanaise affichée aux efforts saoudiens pour limiter les ambitions en matière de réduction des émissions mondiales (ce qui signifie moins de recours aux énergies fossiles), l’article qualifie le Liban de « diamant brut du monde arabe ». « Contrairement aux attentes, un petit pays arabe résiste à ses frères plus puissants et riches en refusant de rejeter la science, lit-on dans l’article d’ECO. Lors d’une intervention passée quelque peu inaperçue au cours du dialogue de Talanoa, la délégation libanaise a déclaré accueillir très favorablement le rapport du GIEC et vouloir réviser les engagements de son pays. »
Rappelons que le Liban s’était engagé en 2015 à réduire de 15 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, faire en sorte que 15 % de sa production d’énergie soit à partir de ressources renouvelables, et réduire sa consommation d’énergie de 3 %.
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Merci pour cet article. Peut-on avoir le nom de cette plateforme? Merci
13 h 23, le 14 décembre 2018