Le bloc parlementaire du Hezbollah a présenté ses excuses, vendredi, lors de la reprise des débats au Parlement à l'issue desquels devrait être votée la confiance au nouveau gouvernement, après les propos polémiques du député du parti chiite, Nawaf Moussaoui, qui avait déclaré mercredi que l'ancien président Bachir Gemayel avait été élu "grâce aux chars israéliens", suscitant l'ire des Kataëb et des Forces libanaises.
Au troisième jour des débats, le chef du bloc du Hezbollah, Mohammad Raad, a pris la parole : "Lors de la séance d'avant-hier, un violent échange indésirable a eu lieu entre certains députés au cours duquel des propos inacceptables et impulsifs ont été prononcés par l'un des membres de notre bloc. Nous vous présentons nos excuses et je demande au nom du bloc que ces déclarations soient retirées du procès-verbal. Les propos de M. Raad ont été applaudis par l'ensemble des députés.
Un climat de tension entre les Kataëb et le Hezbollah règne depuis mercredi, à la suite d'une joute verbale entre les député Nawaf Moussaoui d'une part, et Nadim Gemayel de l'autre. Le député du Hezbollah avait affirmé que Bachir Gemayel avait été élu à la présidence de la République en 1982 "grâce aux chars israéliens", lors de l'invasion israélienne du Liban cette année-là. Quelques heures plus tard, Nadim Gemayel avait organisé un rassemblement de partisans des Forces libanaises (fondées par Bachir Gemayel) et Kataëb place Sassine, à Achrafieh, et avait prononcé une allocation au cours de laquelle il a menacé de "prendre les armes".
Réagissant aux excuses du Hezbollah, Nadim Gemayel a adopté un ton apaisant. "Si présenter des excuses est une vertu, reconnaître les martyrs de tout un chacun est signe de patriotisme. Dorénavant, nous ne devons plus être divisés concernant la vérité. Bachir était le rêve d'un peuple et le martyr de la République", a-t-il écrit sur Twitter.
De son côté, l'ancien ministre FL Melhem Riachi s'est félicité des excuses du Hezbollah. "Le respect des règles éthiques du débat est à la base de l'édification de la nation modèle et à partir du courage qu'il a fallu pour présenter des excuses, nous pouvons la construire ensemble", a-t-il écrit sur son compte Twitter avec le mot-clé #Bachir_ne meurt_pas, en arabe.
Avant la reprise des débats au Parlement, une réunion avait eu lieu entre des députés du Courant patriotique libre, des Forces libanaises et des Kataëb, les trois principaux partis chrétiens du pays, afin de discuter des propos de Nawaf Moussaoui. Jeudi, le CPL avait pris ses distances des propos du député du Hezbollah, son chef Gebran Bassil estimant qu'il n'était "pas permis de s'en prendre à un martyr."
Lors de son intervention au Parlement, Alain Aoun, député CPL de Baabda, a de son côté déclaré que "toute atteinte à Bachir Gemayel en dehors du champ du débat politique est une atteinte à une composante essentielle du peuple libanais, ainsi qu'à l'unité nationale, saluant l'"esprit de responsabilité" de M. Raad. "Face à la bonne volonté de Nawaf Moussaoui, des malentendus ont été suscités dans l'opinion publique et certains milieux politiques ont tenté d'exploiter cette affaire", a-t-il ajouté. Concernant la déclaration de M. Moussaoui selon laquelle Michel Aoun est arrivé à la tête de l’État "grâce au fusil du Hezbollah", le député CPL a déclaré que le parti aouniste "ne nie pas la contribution du Hezbollah" à l'accession du fondateur du CPL à Baabda, mais ce dernier "est arrivé au pouvoir grâce à une action politique dans laquelle les armes n'ont joué aucun rôle".
Plus tôt dans la journée, le président des Kataëb, Samy Gemayel, avait fustigé les armes du Hezbollah, appelant le parti chiite à remettre son arsenal à son allié, le président de la République, Michel Aoun.
"A ceux qui disent qu'ils ont fait parvenir Michel Aoun à la présidence, nous demandons : Pourquoi ne livrez-vous pas vos armes au président Aoun? Pourquoi le Hezbollah ne livre pas son arsenal au chef de l'Etat s'il fait confiance à ce dernier?", a lancé Samy Gemayel, devant un parterre de responsables et de partisans de son parti. "Nous avons un symbole, celui du président Bachir Gemayel qui nous a appris à dire la vérité sans compromission (...). Bachir avait pour projet de dissoudre toutes les milices, en commençant par celle qu'il avait fondée, les Forces libanaises", a rappelé Samy Gemayel.
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commentaires (11)
mediterraneens arabo libanais ! au coeur fragile et delicat, a vite oublier l'essentiel pour ne garder que le secondaire. BRAVO GRAND MERCI ..... ils ont presente des excuses.
Gaby SIOUFI
14 h 24, le 16 février 2019