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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Les enjeux du sommet « anti-iranien » à Varsovie

Les discussions devraient porter sur l’endiguement de l’influence de Téhéran dans la région. Le processus de paix israélo-palestinien et le conflit au Yémen seront également abordés.

Le ministre polonais des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz serrant la main du secrétaire d’État américain Mike Pompeo au palais Lazienki de Varsovie, en Pologne, le 12 février 2019. Kacper Pempel/Reuters

À l’heure où la République islamique célèbre son quarantième anniversaire dans un contexte de tensions économiques et politiques, des représentants d’une soixantaine de pays se réunissent aujourd’hui et demain à Varsovie à l’occasion d’une conférence organisée par le département d’État américain et annoncée dès le mois de janvier. Au menu, des discussions pour « promouvoir un avenir de paix et de sécurité au Moyen-Orient ». Celles-ci seront animées par le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, le vice-président Mike Pence et le ministre polonais des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz.

Mais contrairement à ce que le nom officiel de la conférence laisse entendre, les discussions devraient avant tout porter sur l’endiguement de l’influence iranienne dans la région, même si les questions du processus de paix israélo-palestinien et du conflit au Yémen seront également abordées. « En tête d’agenda, il y a l’Iran – comment continuer à l’empêcher de s’implanter en Syrie, comment déjouer ses agressions dans la région et, surtout, comment empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires », a affirmé le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui sera présent à Varsovie, dimanche dernier au cours de la réunion hebdomadaire de son cabinet, cité par le journal Times of Israel. Le haut conseiller à la Maison-Blanche et gendre de Donald Trump, Jared Kushner, fera le déplacement pour évoquer « l’accord du siècle » sur lequel Washington entretient planer le suspense depuis plusieurs mois. Outre Israël, grand allié de Washington dans la région, les participants venant du Moyen-Orient comprennent l’Arabie saoudite, Bahreïn, le Yémen, la Jordanie, le Koweït, le Maroc, Oman, les Émirats arabes unis, l’Égypte et la Tunisie. Les pays européens y envoient quant à eux des représentants de rang « inférieur », à l’exception du ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt, qui souhaite aborder la crise humanitaire déclenchée par l’offensive de l’Arabie saoudite au Yémen. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a pour sa part indiqué qu’elle avait déjà « des engagements », mais aura cependant un petit déjeuner de travail avec M. Pompeo à Bruxelles dans les jours qui suivent la conférence.

Plusieurs pays moyen-orientaux seront néanmoins absents à Varsovie : le Liban, qui tient à maintenir ses distances avec les problématiques régionales et en particulier quand il s’agit de l’Iran ; l’Autorité palestinienne, dont le ministre des Affaires étrangères a récemment appelé les pays arabes à boycotter le meeting; le Qatar, en froid avec les autres pays du Golfe ; et, sans surprise l’Iran, qui a manifesté son mécontentement à plusieurs reprises vis-à-vis de Varsovie pour la tenue de ce sommet jugé comme un « cirque » anti-iranien par le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif. Plusieurs députés iraniens ont même été jusqu’à demander l’expulsion de l’ambassadeur polonais et le gouvernement iranien a promis des « conséquences » pour la Pologne, sans donner plus de précisions.

Les Russes et les Turcs ne seront pas présents non plus dans la capitale polonaise. Ankara et Moscou sont de solides partenaires de Téhéran, notamment dans le cadre des négociations concernant le terrain syrien à travers le processus dit d’Astana. Le président iranien Hassan Rohani doit d’ailleurs se réunir ce jeudi avec ses homologues turc et russe sur le sujet.


(Lire aussi : Netanyahu : Nos missiles peuvent atteindre n'importe quel ennemi, y compris les sbires de l'Iran dans notre région)


Puissance ou manque de stratégie
Si la conférence de Varsovie est inédite par son format, son organisation relève davantage de l’ouverture d’un processus de la part des États-Unis. Washington cherche en effet – en rassemblant plusieurs pays anti-iraniens de la région et alliés des États-Unis – à étendre la coalition anti-Iran vers l’Europe. La question est maintenant de savoir si des résultats concrets sont à attendre. « Les États-Unis investissent beaucoup de leur crédibilité diplomatique dans cette conférence avec la présence du vice-président Pence et M. Pompeo. Va-t-elle refléter la puissance de Washington dans des résultats concrets ou son manque de but et de stratégie ? Difficile de le prédire avant la tenue du meeting », s’interroge David Miller, directeur du programme Moyen-Orient au sein du Wilson Center à Washington, contacté par L’Orient-Le Jour. « En plus de l’organisation de cette conférence, la grande question est de savoir si, en plus des poignées de main, il y aura, en coulisses, des rencontres, entre les Saoudiens et les Israéliens par exemple ; et savoir ce que M. Kushner aura à dire sur le processus de paix » entre Israéliens et Palestiniens, ajoute-t-il. La tenue d’un tel sommet est par ailleurs à double tranchant pour le gouvernement polonais.

Ce dernier soutient sans équivoque l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 dont les États-Unis se sont retirés en mai dernier, mais tient à maintenir et même accroître les relations qu’il entretient avec Washington, notamment face à la présence russe à l’est. À cet effet, la Pologne souhaite que le Pentagone décide de l’installation d’une base américaine sur son sol. Mais par la tenue d’un sommet à portée « anti-iranienne », et en s’alignant sur les méthodes de l’administration Trump, Varsovie risque ainsi de s’isoler des autres pays européens (ou même de se les mettre à dos). « Ce qui m’inquiète, c’est que le gouvernement polonais met presque totalement ses œufs dans le panier de Trump. Pas même le panier américain, mais le panier de Trump. Le pari sur Trump va assez loin », a déclaré Piotr Buras, directeur du bureau de Varsovie du Conseil européen des relations étrangères, cité par l’agence Associated Press, ajoutant que « tout cela se fait au détriment des relations avec les partenaires de l’UE et même au détriment de l’unité de l’OTAN ».


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UNE CONFERENCE QUI VA DONNER TROP DE FILS A RETORDRE AUX IRANIENS...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 45, le 13 février 2019

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Commentaires (2)

  • UNE CONFERENCE QUI VA DONNER TROP DE FILS A RETORDRE AUX IRANIENS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 45, le 13 février 2019

  • Un cirque anti iranien que dit Rohani , normal puisqu'il sera présidé par un clown à la mèche jaunie. Mr Saikali se pose la question de savoir quelles vont être les conséquences d'un tel cirque , je connais les résultats, pas besoin d'être devin pour ça. Les délégations amaigries qui seront présentes vont s'amuser un bon coup , boire et manger un bon coup et vont s'en aller sans trop demander leur reste , laissant le criminel de guerre nathanmachintruc en liberté provisoire , seul face à ses échecs. La chose qu'il faudra regretter c'est les dépenses inutiles qui seront occasionnées pour ce festival du ridicule , mais ils en ont l'habitude ces loosers , on se rappelle encore en 2011 déclenchement du complot anti héros BASHAR EL ASSAD, combien de ces conférences bidons ils ont faites . LA SEULE CHOSE QUI COMPTE POUR QUE CE FESTIVAL DU RIRE RÉUSSISSE C'EST UNE DÉCISION D'ATTAQUE CONJOINTE CONTRE L'AXE D'ACIER DE LA RÉSISTANCE, ET LES PAUVRES POLTRONS N'EN ONT PAS LES MOYENS , OU PLUTÔT NE GARANTISSENT PAS LE "DAY AFTER" A LEUR ENFANT GÂTÉ, QUI LES A ENTRAÎNER DANS CETTE SITUATION DÉSASTREUSE POUR LUI .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 25, le 13 février 2019

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