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Économie - Réformes

Jihad Azour : Pour renforcer sa crédibilité, le Liban doit agir rapidement

Lors de sa participation au World Government Summit le week-end dernier à Dubaï, le Premier ministre Saad Hariri a réitéré sa détermination à mener les réformes convenues lors de la conférence de Paris.


Le directeur Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, Jihad Azour, en juillet 2018 à Beyrouth. Jamal Saïdi/Reuters

Le Liban n’a pas demandé à bénéficier d’un programme de financement du Fonds monétaire international malgré une dette publique atteignant les 85,13 milliards de dollars en 2018, soit plus de 150 % du PIB, a déclaré hier le directeur Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jihad Azour, à l’agence Reuters. « Un pays membre peut solliciter une aide financière du FMI, s’il constate un besoin de balance des paiements – réel ou potentiel –, c’est-à-dire dans les cas où il ne peut pas obtenir de financements suffisants à des conditions abordables pour régler ses paiements internationaux (par exemple, importations ou remboursements de dette extérieure) tout en maintenant des volants adéquats de réserves », explique le FMI sur son site. « Un prêt du FMI constitue un volant de ressources qui facilite les politiques d’ajustement et de réforme qu’un pays doit mettre en œuvre pour corriger ses déséquilibres de paiements et restaurer les conditions d’une croissance économique durable », ajoute-t-on. Le déficit de la balance commerciale a augmenté de 2 % à 15,7 milliards de dollars à fin novembre 2018, tandis que les entrées de capitaux étrangers au Liban ont baissé de 18,8 % à 11 milliards de dollars fin novembre 2018, entraînant un déficit de 4,1 milliards de dollars de la balance des paiements, contre un milliard à la même période en 2017.

Le FMI fournit une assistance technique au Liban, et il est régulièrement consulté par le gouvernement. « Nous les avons aidés, par exemple, à mettre en place un cadre pour la gestion des investissements afin d’assurer une mise en œuvre correcte des investissements publics », a indiqué Jihad Azour. Il a estimé que « la formation du gouvernement et son engagement à s’attaquer non seulement aux infrastructures, mais aussi aux vulnérabilités de l’économie, étaient des signes positifs ». « La prochaine étape consiste à renforcer la crédibilité en agissant rapidement » sur les finances publiques et les réformes structurelles. Le Liban a besoin de « mesures bien articulées et décisives » pour réduire le déficit public, a-t-il poursuivi. C’est ainsi que le pays devrait rétablir la confiance et réactiver les discussions avec la communauté internationale afin de mobiliser les fonds promis par les donateurs, a considéré Jihad Azour. En effet, lors de la conférence CEDRE tenue le 6 avril à Paris, plusieurs bailleurs de fonds se sont engagés à octroyer quelque 11 milliards de dollars de prêts et de dons pour financer de grands projets d’infrastructure, à condition que le pays mette en place une série de réformes, devant principalement aboutir à un assainissement des finances publiques, une meilleure gouvernance dans la gestion des affaires publiques et un règlement du problème de l’électricité.


(Lire aussi : Une question de priorité, l’édito de Michel TOUMA)


Une opportunité en or

Lors de sa participation au World Government Summit le week-end dernier à Dubaï, Saad Hariri a réitéré sa détermination à mener les réformes convenues lors de la conférence de Paris, avant de qualifier ce processus « d’opportunité en or ». « Le nouveau gouvernement a préparé un programme clair de réformes qui permettront d’encourager les investisseurs étrangers à revenir au Liban. (...) Dans la déclaration ministérielle (qui doit être présentée en début de semaine au Parlement) et lors de la conférence de Paris, nous avons développé un programme pour redresser l’économie et réformer certaines lois », a affirmé le Premier ministre. Il a dans ce contexte souligné qu’une partie des lois requises par la conférence avaient été adoptées au Parlement, et que les législations nécessaires restantes avaient été mentionnées dans la déclaration ministérielle et seront adoptées rapidement par la Chambre. « Ce qui a changé, c’est que nous avons décidé, à l’unanimité, de sauver le Liban », a encore indiqué M. Hariri. Et de poursuivre : « L’unanimité politique prévaut également dans notre volonté de lutter contre la corruption, un des plus grands défis auxquels nous devons faire face. C’est notre dernière chance d’attirer les investissements au Liban », a-t-il insisté. Le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, qui s’est entretenu avec M. Hariri en marge du sommet de Dubaï, lui a signifié « le soutien de la France (...) pour faire en sorte que le Liban profite pleinement de cette assistance et applique les réformes envers lesquelles il s’est engagé ».


(Lire aussi : A Dubaï, Hariri affiche sa détermination à mener les réformes)


Soutien de pays alliés

De son côté, le vice-président du Conseil, Ghassan Hasbani, a confirmé que le Liban a engagé des pourparlers avec plusieurs pays alliés pour assurer le financement de sa dette publique, comme l’avait annoncé la semaine dernière le conseiller spécial du Premier ministre, Nadim el-Mounla, à la chaîne Bloomberg. « Dans la foulée de la promesse du Qatar d’investir 500 millions de dollars dans des obligations d’État en devises, le Liban cherche à gagner la confiance des pays arabes et des autres nations en vue d’effectuer des dépôts à la Banque du Liban, et cela pourrait arriver dans peu de temps », a déclaré M. Hasbani dans un entretien également accordé à Bloomberg. « En déposant des fonds à la Banque du Liban », ces pays pourront aussi « aider le pays à préserver la stabilité du taux de change de la livre », a-t-il ajouté.

Le Qatar a exprimé fin janvier son intention d’investir 500 millions de dollars dans des obligations libanaises en devises. Quelques jours plus tard, l’Arabie saoudite avait fait savoir, par le biais de son ministre des Finances Mohammad al-Jadaan, son intention de soutenir financièrement le Liban. De passage à Beyrouth, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a assuré que son pays était « prêt à tendre la main et coopérer avec l’État libanais, dans tous les domaines que celui-ci jugerait nécessaires ».




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