A l'occasion des célébrations des 40 ans de la Révolution islamique en Iran, mercredi soir dans la banlieue-sud de Beyrouth, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'est dit prêt à fournir son aide pour que l'armée libanaise soit "la plus forte de la région" à travers le soutien de Téhéran. Dans un long discours consacré à la Révolution de 1979, le leader chiite a en outre estimé que "la possibilité qu’Israël entre en guerre contre l’Iran n'existe plus depuis longtemps".
Téhéran a lancé vendredi dernier les cérémonies pour célébrer cet anniversaire, 40 ans jour pour jour après le retour d'exil de l'ayatollah Ruhollah Khomeyni, père de la Révolution.
"Le gouvernement libanais osera-t-il accepter les aides iraniennes? L'Iran est un pays ami, et un pays frère. Pourquoi le Liban est-il effrayé et inquiet ?", a lancé Hassan Nasrallah, estimant que la pays a besoin d'une "véritable souveraineté et de courage". Le leader chiite a ajouté que l'Iran pouvait aider le Liban que ce soit au niveau de l'électricité, ou de la production de médicaments ou de l'infrastructure des routes.
"Sur le plan militaire, si nous faisons tomber un avion israélien se trouvant dans le ciel libanais, les gens se soulèveront et diront que le Hezbollah entraîne le Liban vers la guerre, a-t-il noté. Pour cela, je suis prêt, en tant qu'ami de l'Iran, à aider l'armée libanaise en lui amenant de Téhéran, où je suis prêt à aller personnellement, tout ce dont elle a besoin pour devenir la plus forte de la région. Je suis même prêt à importer (d'Iran) un système de défense anti-aérienne".
Et de poursuivre : "Nous sommes les disciples du Vilayet el-Faqih et cela est notre fierté. Le Wali el-Faqih n'a jamais rien dicté au Hezbollah. Nous sommes un parti libanais et l’Iran est devenu notre partenaire dans la région".
"Israël va avoir davantage peur"
En outre, le secrétaire général du Hezbollah a affirmé que "le conflit dans la région va se poursuivre". "Il peut prendre différentes formes, mais l’axe de la résistance est aujourd’hui plus fort que jamais, malgré tout ce qui s’est passé, a-t-il ajouté. Les États-Unis vont se retirer davantage de la région et Israël va avoir davantage peur".
"La possibilité qu’Israël entre en guerre contre l’Iran n'existe plus depuis longtemps, a souligné le leader chiite. L’Iran est fort, en Iran et dans la région et ne sera pas tout seul si une guerre est déclenchée, car le destin de notre région est lié à l’existence de ce régime islamique".
"Aujourd'hui, la plupart des médias donnent une mauvaise image de l'Iran. Certains disent que ce qui se passe dans la région est une guerre israélo-iranienne ou un conflit saoudo-iranien, cela n'est pas vrai, a affirmé Hassan Nasrallah. C'est une guerre américaine contre la République islamique et l’Arabie saoudite est un instrument de cette guerre. Ceux qui combattent l'Iran avec la politique, les sanctions ou le takfirisme, mettent en œuvre un projet américain".
"Pourquoi l'Amérique insiste à mener la guerre contre l'Iran ?, a-t-il interrogé. Pour deux raisons : la première est que l'Iran est un État indépendant, maître de ses décisions, qui possède son pétrole, son gaz, son fer. La deuxième raison est la politique régionale de l'Iran et sa position sur la question de Jérusalem. Le monde entier peut abandonner la Palestine, mais l'Iran n'abandonnera pas Jérusalem. L’Iran soutient le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique et il est intervenu en Syrie et en Irak et c'est pour cette raison que l’Amérique lui met la pression".
(Pour mémoire : Nasrallah à Netanyahu : Le nouveau gouvernement n'est pas "le gouvernement du Hezbollah")
"Les réalisations de la Révolution"
Au début de son discours, le chef du Hezbollah est revenu sur l'histoire de la Révolution iranienne, énumérant "les réalisations de la Révolution : le renversement du régime du chah, le départ des États-Unis d'Iran avec leurs conseillers, leurs entreprises et leurs corrupteurs, le départ d'Israël et l'obtention d'une véritable indépendance".
"L'imam Khomeyni a dit non aux États-Unis, il s'est tenu debout face à son hégémonie. Il s'est tenu face au projet sioniste, il a rétabli l'équilibre à notre région, a affirmé Hassan Nasrallah. Les musulmans, toutes confessions confondues, n'ont jamais été aussi proches et solidaires qu'après la victoire. Ils se sont réunis autour d'objectifs communs : soutenir les mouvements et les pays de l'axe de la résistance ainsi que le peuple palestinien et sa cause". Il a aussi affirmé que "l'Iran a fait face au terrorisme et au takfirisme". "En Syrie, nous avons combattu pendant des années et le soutien provenait d'Iran", a-t-il dit.
Enfin, l’ambassadeur d’Iran au Liban Mohammad Jalal Firouznia, qui a lui aussi prononcé un discours lors de la cérémonie commémorative dans la banlieue-sud, a affirmé que "la résistance islamique fait face aux projets sionistes et terroristes (...) et a mis en place un pouvoir islamique qui a à son actif de nombreuses réalisations". "L'unité islamique restera bien implantée malgré les tentatives des ennemis de s'en prendre à elle", a assuré le diplomate iranien.
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II – Le projet Hezbollah à l’ombre de la révolution iranienne
III – Le Hezbollah entre culture de l’espace et intégration au système libanais
commentaires (11)
Selon ma calculette, Hassan Nasrallah a cité 24 fois l'Iran, 9 fois islamique et 9 fois Liban et libanais. Nous ne voulons rien de l'Iran, ni ses armes, ni ses médicaments ni des tunnels ni autres choses. Le Liban n'est pas un pays guerrier. Nos dirigeants n'ont jamais été et ne sont pas des Hitler ni Mussolini. Le Liban est un pays libre, souverain et indépendant. Le Liban n'a ni des frères ni des soeurs, il n'a que des amis. Point final.
Un Libanais
13 h 08, le 07 février 2019