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Culture - L’artiste de la semaine

Georges Tomb, chasseur d’oscars

Le plus jeune compositeur libanais à faire jouer son œuvre par l’Orchestre philharmonique du Liban va inaugurer le théâtre du Boulevard à Beyrouth sous la direction de la maestra Joanna Medawar Nachef.


Georges Tomb. Photo DR

Avant de se produire avec l’Orchestre symphonique d’Italie, à San Remo, qui se déroulait il y a quelques jours dans le hall de l’opéra de la ville italienne, Georges Tomb avait été présenté par le maestro Francesco Attardi comme « le jeune Ennio Morricone ». Parce que la musique est vivante, qu’elle avance, parce qu’il existe des questions esthétiques, sociales, philosophiques qui traversent l’histoire de la musique (et de l’humanité) et qui, à chaque période, trouvent des réponses différentes, écrire de la musique, pour Georges Tomb, est une manière d’appartenir à son époque, et, à travers le langage musical, de communiquer ses propres réponses.

De nos jours, lorsque l’on parle de la « musique classique », on pense souvent à la musique « sérieuse », la musique d’orchestre ou d’opéra, que l’on oppose à la musique « populaire », la « variété ». En réalité, en musique, le classicisme représente une certaine manière d’écrire la musique, un style dont les compositeurs Haydn, Mozart et Beethoven sont les représentants principaux. C’est à travers cette démarche que le jeune compositeur Georges Tomb tente de trouver sa place. Son histoire a prouvé qu’il était capable de tous les défis.


Leçon de composition
Georges Tomb naît le 20 novembre 1992 à Beyrouth, dans une famille d’artistes. Son père Samir Tomb est un compositeur de renom, son grand-père est peintre, sa grand-mère et ses tantes chanteuses. Sans doute faut-il aussi rechercher les raisons du succès de ses œuvres dans l’éclectisme et l’ouverture d’esprit qu’il a toujours manifesté : « J’ai été élevé dans une maison où l’on ne séparait pas la musique orientale de Mozart. » Il grandit alors dans l’univers rigoureux de la musique, pour laquelle il éprouve une passion dévorante. Grâce au piano qui lui est enseigné dès l’âge de quatre ans, il est admis au Conservatoire (l’âge requis étant sept ans) : « Mes jambes étaient trop courtes pour atteindre les pédales. » Mais cela ne l’empêchera pas de recevoir un prix des mains de la Première dame quand, à 7 ans, il joue Mozart au palais présidentiel.

De son professeur de piano Liza Toutounjian, qu’il cite avec le plus grand respect, il se souvient : « Un jour, j’ai manqué à faire mes devoirs, elle m’a alors enfermé dans la salle pour terminer mes exercices. Quand, à 10 heures du soir, le gardien m’a demandé ce que je faisais encore à cette heure tardive et que je lui ai répondu que j’attendais mon professeure, il était parti d’un grand fou rire. Elle avait quitté depuis longtemps, me laissant seul face à mes responsabilités. »

Son parcours scolaire achevé, il se laisse tenter par des études d’ingénierie pour se garder un plan B. « Sauf que, dit-il d’un air amusé, c’était pour moi un plan D. Je savais que la musique était mon unique royaume. » De ce cursus accompli, il en retient la discipline et le sens de l’organisation.


Une nourriture spirituelle
Dès l’âge de 18 ans, Georges Tomb compose sans arrêt et n’a de cesse de proposer ses œuvres à l’Orchestre philharmonique libanais. C’est une rencontre inopinée qui activera le processus. Quand à 20 ans, il part pour Los Angeles pour rencontrer des conducteurs, son chemin croise celui de Joanna Medawar Nachef à qui il propose une composition, qu’il jouera face à une classe séduite. « Elle a créé ma carrière, dit-il. Je lui serai toujours reconnaissant, car elle était l’une des rares personnes à avoir cru tout de suite en moi. » Georges Tomb devient le plus jeune compositeur libanais à faire jouer son œuvre par l’Orchestre philharmonique du Liban, et sa carrière est lancée. De l’Orchestre national jordanien, sous le patronage de la reine Noor, à Vienne, en passant par Paris et Londres plus rien ne l’arrête. Il étudie avec Conrad Pope à Vienne, et à Hollywood, à l’issue d’un atelier, il est choisi parmi sept finalistes sur 1 200 candidats. Face au très exigeant public milanais à la basilique de Saint-Marc, son nom figure dans un programme comprenant Haendel, Bach, Beethoven, Brahms et Mahler. Le jeune artiste se fait applaudir et passe le test avec les honneurs. « Ce que j’essaye d’accomplir, c’est de réunir l’écriture forte de John Williams, que je tiens dans la plus haute estime, à la mélodie de Morricone. »

Aujourd’hui, à l’heure où toutes les compositions, ou presque, sont électroniques, le jeune prodigue veut persévérer dans les scores musicaux.

Il affiche une grande confiance que d’aucuns pourraient accuser d’arrogance. Sauf que pour lui, la musique est un langage divin et il n’en est que le messager. Et à défaut de prévoir ce que l’avenir préserve, il ne faut pas craindre la création, l’envie de se renouveler sans cesse et de créer un échange.

Au risque de paraître prétentieux, il avoue : « Un jour, je gagnerai un oscar. » Mais la prétention n’a pas lieu d’être, face au parcours sans faute de cet artiste qui côtoie les étoiles, mais qui risque, un jour, de leur faire de l’ombre.Les compositions de Georges Tomb seront joués par l’Orchestre philharmonique du Liban sous la baguette de Joanna Medawar Nachef le 12 janvier au théâtre du Boulevard.


31 mars 1770

Naissance de Beethoven, son compositeur favori.

20 novembre 1992

Naissance, à Beyrouth, de Georges Tomb.

28 novembre 2014

L’Orchestre philharmonique de Beyrouth joue ses œuvres, conduit par Joanna Nachef.

8 juin 2015

Première journée au Hollywood Music Workshop à Vienne, rencontre avec Conrad Pope.

9 novembre 2016

Première en Italie à San Remo et son orchestre symphonique. Francesco Attardi le désigne comme le jeune Morricone.

Avril 2018

Rencontre à Los Angeles avec le chef d’orchestre Gustavo Dudamel.

18 décembre 2018

« The Deviation » propulse sa carrière, joué par l’Orchestre philharmonique de Milan et conduit par le maestro Attardi.




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Avant de se produire avec l’Orchestre symphonique d’Italie, à San Remo, qui se déroulait il y a quelques jours dans le hall de l’opéra de la ville italienne, Georges Tomb avait été présenté par le maestro Francesco Attardi comme « le jeune Ennio Morricone ». Parce que la musique est vivante, qu’elle avance, parce qu’il existe des questions esthétiques, sociales,...

commentaires (2)

En voulant à tout prix donner le la en anglais, l'OLJ en devient "francofautes", et pas des moindres! Lol

Tina Chamoun

09 h 33, le 05 janvier 2019

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Commentaires (2)

  • En voulant à tout prix donner le la en anglais, l'OLJ en devient "francofautes", et pas des moindres! Lol

    Tina Chamoun

    09 h 33, le 05 janvier 2019

  • Scores = partitions en français Conductor conducteur (de train, de tram) = chef d'orchestre

    M.E

    11 h 22, le 04 janvier 2019

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