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Culture - L’artiste de la semaine

Junaïd Zeineddine, éponge d’arts

Au cinéma, il partage actuellement l’affiche du film « Khabsa » de Shady Hanna. Son parcours du combattant ou de petit soldat, comme son nom l’indique en arabe, lui offre aujourd’hui plus que la reconnaissance : l’accomplissement de soi.


Junaïd Zeineddine. Photo DR

Le travail au service de l’autre, la persévérance et la régularité caractérisent ce jeune homme tombé très tôt dans la marmite de la comédie. Sans avoir eu besoin de quiconque, Junaïd Zeineddine s’est tracé lui-même son chemin, s’adossant parfois à la chance « qu’il faut savoir discerner et saisir quand elle se présente, car souvent on n’est pas prêt pour l’accueillir ». Il a su se bonifier avec le temps, devenant un comédien à part entière et sachant allier le drame et le rire.

Très tôt, à l’âge de 13 ans, comme tous les comiques, il aimait à imiter ses professeurs à l’école et à faire ses one-man-show à la maison. Benjamin de quatre sœurs, il avoue pourtant avoir eu une éducation sévère, ce qui lui a permis de s’initier très vite au travail. Né dans une famille bien enracinée dans le Chouf, d’un père apiculteur et d’une mère qui recyclait tout, avant même que cela ne soit à la mode, le jeune Junaïd s’épanouit dans le respect de l’autre et de la nature, tout en apprenant à avoir des responsabilités envers la société. « Des valeurs que mes parents m’ont transmises dans une grande ouverture d’esprit. C’est pourquoi je leur en suis totalement redevable. »


De l’authenticité

C’est dans ce même esprit rassembleur et unificateur qu’il débarque à Beyrouth de ce Chouf natal, pour poursuivre ses études et se mêler par la suite à ce grand mouvement des jeunes qui revendiquaient un Liban nouveau après la mort de Rafic Hariri. D’ailleurs, plus tard, dans ses stand-up comedies inspirées de ses deux parrains Richard Pryor et Georges Carlin, Junaïd Zeineddine distillera subtilement ses messages sans aucune intention blasphématoire et outrageante, mais dans le but d’éclairer sur l’état des choses. « Le comédien est comme une éponge. Il doit absorber les problèmes des gens pour les transformer en une énergie positive. J’aime me mêler à toutes les catégories de la société et essayer de les représenter. La violence est partout au Liban. Dans la rue, en voiture, les gens sont chagrinés, mâtins. Un rire suffit pour les décontracter, les relaxer. Nous les comédiens, nous sommes là pour ça. Mon devoir, d’abord envers moi-même et ensuite envers les autres, est d’accomplir bien mon travail. Mais je suis surtout tenu envers l’autre, de lui offrir non pas un spectacle cheap, mais de qualité. »

C’est donc après avoir obtenu son diplôme en publicité à l’AUST que Junaïd Zeineddine délaisse le milieu de la publicité pour se lancer comme dans l’inconnu, dans ce monde vers lequel il est depuis longtemps aimanté. Après un cast réussi à la MTV, il participe à SL Cast et se fait connaître par son humour tranchant, incisif, dénué de toute vulgarité ou blasphème. Il est tout de suite remarqué par Mario Bassil, qui lui propose de jouer et certainement d’écrire dans Comedy Night. Il le fera durant neuf ans. Les propositions et les opportunités se multiplient pour Junaïd Zeineddine qui se voit proposer des rôles dans les séries télévisées. « J’ai joué un rôle dramatique auprès de Carmen Lebbos, car elle a trouvé que j’étais à la hauteur de ce genre, tout en surfant sur des shows comme celui dans ChiNN à la New TV et récemment Laugh Story avec Tony Abou Jaoudé et Hicham. »

Plus qu’accomplir un rêve, Junaïd Zeineddine parle d’un travail sur soi. « C’est un voyage dans le monde artistique que j’ai choisi d’entreprendre moi-même. Tout ce qui m’arrive – et je suis convaincu que tout arrive pour une raison quelconque – est le bienvenu. D’ailleurs, je ne crains pas les échecs qui sont autant de leçons pour moi. Ils sont ma boussole et m’indiquent jusqu’où je peux aller et jusqu’où je peux étirer (sans que la corde ne rompe) tout ce potentiel que j’ai en moi.

Une route est tracée pour chacun d’entre nous et le travail n’en est qu’une infime partie. » Et de conclure : « Qu’est-ce que le succès sinon de savoir bien se connaître et s’accomplir soi-même ? J’ai la chance d’avoir ce talent que je dois exploiter. Je vise à être le plus authentique avec moi-même afin de toucher les autres avec cette sincérité. »


23 août 1985

Naissance dans le Chouf

2005

Année de la mort de son meilleur ami qui deviendra une date charnière dans sa vie

2011

« SL Cast » et le devenir d’un personnage public

2012

Diplôme en publicité à l’AUST

Fin 2012

L’approche théâtrale. « Stand-up Comedy » avec Mario Bassil et autres spectacles

2014-2016

L’apprentissage des rôles dramatiques avec la réalisatrice syrienne Racha Charbatji

2018

Participation à « Khabsa », long-métrage réalisé par Shady Hanna


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