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Campus - Bénévolat

Qui a dit que la jeunesse libanaise ne pensait pas aux plus démunis ?

L’engagement associatif ne fait pas peur à la nouvelle génération libanaise qui, généreuse et solidaire, ne recherche pas uniquement la convivialité et l’épanouissement personnel en offrant des services et de l’aide à son prochain. Portraits de quatre jeunes qui ont placé leur engagement au centre de leur vie pour créer, grâce à leur mobilisation, un changement positif dans la société.

Kevin Dagher.

Kevin Dagher, mission sans frontières

« Aider l’autre, où qu’il se trouve, est ma motivation première, ma raison d’exister et une source inépuisable de joie dans mon existence », confie d’emblée Kevin Dagher. Âgé de 19 ans, cet étudiant en éducation musicale multiplie, depuis l’âge de 14 ans, ses engagements bénévoles. « Je fais partie, sur le plan local, du groupe de jeunes baptisé S’aime (Sagesse, amour, intelligence, mission, espoir) pour servir les pauvres, de Rabitat al-Oukhouwa à Sed el-Bauchrié et de la communauté Mission de vie-Liban. Avec les autres bénévoles, nous nous occupons des plus démunis et des personnes vulnérables en les aidant financièrement mais aussi en leur offrant divers services comme nettoyer leurs maisons, accompagner les personnes âgées et les orphelins, préparer des repas, organiser des concerts… »

Et parce que son désir de se rendre utile l’appelle constamment sous d’autres cieux que ceux du pays du Cèdre, Kevin Dagher a décidé depuis 2016 de consacrer ses vacances à des missions à l’étranger. Il a pu ainsi visiter le Kenya, le Népal, l’Éthiopie et la France pour dispenser ces mêmes services aux nécessiteux. « Je multiplie mes petits boulots durant l’année pour pouvoir financer ces séjours qui m’ont appris à aimer l’être humain quelles que soient sa couleur, sa langue, sa nationalité et sa différence. Ces voyages m’ont permis de devenir autonome à l’âge de 16 ans, de quitter ma zone de confort et de grandir en me confrontant aux difficultés de l’existence tout simplement », livre, non sans émotion, le jeune homme.Le jeune musicien est actuellement responsable du groupe missionnaire Rabitat al-Oukhouwa de Sed el-Bauchrié, au sein duquel il prépare une trentaine de jeunes à vivre leur mission bénévole au quotidien. En se lançant dans toutes ces activités, l’étudiant a eu la conviction qu’il veut faire du bénévolat plus qu’un mode de vie, sa priorité : « Je cherche à vivre pour les autres aussi, pour pouvoir semer la joie et l’amour dans leur vie et par conséquent dans la mienne. Ma grande satisfaction est de pouvoir, par le biais de mes actions, encourager d’autres jeunes à suivre cette voie. » Bien que son engagement l’entraîne à faire des concessions au quotidien, le jeune musicien ne souhaite pas compter les heures qu’il dédie à ceux qui ont besoin de son aide. Avec de nombreux bénévoles, Kevin se mobilise particulièrement pour les fêtes de fin d’année. Au programme, visite d’un hôpital, dîner de Noël offert aux plus démunis, sacs contenant vêtements et nourriture distribués aux mendiants et aux sans-abri, récitals… « La musique est aussi ma passion, et j’essaie de la partager avec tous ceux à qui nous proposons de l’aide afin de leur apporter de la joie et du réconfort et parce qu’il s’agit d’un langage universel », note enfin Kevin Dagher.

Joy Cherfan, le pouvoir d’un sourire

« Enfant, j’ai appris, par le biais du scoutisme, à me mettre au service des autres. Cette volonté, que je partage avec les membres de ma famille, ne m’a plus quittée depuis », annonce d’emblée et avec le sourire Joy Cherfan. Titulaire en 2014 d’un BA en publicité de l’AUST, et en 2016 d’un MA en communication organisationnelle de l’Université d’Arkansas aux États-Unis, la jeune femme n’hésite pas à mettre ses compétences en matière de communication, de coaching, d’écriture et d’organisation au service des autres, et plus particulièrement les personnes fragilisées, seules et vulnérables, et des minorités. « Mon engagement associatif commence vraiment au cours de mon voyage aux États-Unis en 2014 où j’ai pu, à Arkansas, intégrer l’Association chrétienne internationale des étudiants ISCA, que j’ai présidée en 2015, et dont la mission principale consiste à faciliter au quotidien l’intégration des étudiants étrangers », explique-t-elle. Mue par des valeurs de partage, d’écoute et d’entraide, la jeune femme œuvre au quotidien pour accueillir les autres, en frères et sœurs, quelles que soient leur origine, leur culture et leur histoire. Prôner la tolérance, Joy a continué à le faire au Liban en travaillant auprès de la Commission internationale catholique pour les migrations (ICMC), afin d’aider et de protéger les personnes déracinées : les réfugiés, les personnes déplacées et les migrants, indépendamment de leur foi, de leur origine ethnique ou de leur nationalité. « Pendant ces dernières années, j’ai eu l’opportunité d’accompagner des réfugiés afin de leur assurer une orientation culturelle leur permettant de s’adapter à leur pays d’accueil. De plus, j’ai pu avec d’autres jeunes et dans le cadre d’un programme de leadership du mouvement des Focolare permettre aux réfugiés chrétiens irakiens d’aller à la rencontre de la population locale, afin d’expliquer à la nouvelle génération libanaise ce qu’est la persécution tout en l’incitant à s’ouvrir à l’autre plutôt que de le juger », raconte avec enthousiasme Joy. La jeune femme dynamique a fait partie du groupe Jeunesse de Bickfaya et du comité de jeunesse du diocèse d’Antélias. « Actuellement, je suis au service de la jeunesse du Metn-Nord et de son comité auprès de l’organisation Akhawiyat Chabibat al-Azra », précise la jeune femme qui souhaite créer un changement dans la vie des personnes qu’elle rencontre. « On peut bien sûr aider financièrement ceux qui sont dans le besoin, mais on peut aussi contribuer à changer leur vie en les orientant, en les écoutant, en les encourageant et souvent tout simplement en leur souriant. Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir d’un sourire », ajoute Joy. Celle qui souhaite pendant la période des fêtes de fin d’année apporter une aide à ceux qui en ont besoin, entre collectes, dîners et divers services rendus, tient à rappeler aux jeunes « qu’il est possible de faire quelque chose pour les autres pendant toute l’année, il suffit de regarder autour de soi pour trouver quelqu’un qui n’attend qu’une attention ou un sourire ». « Donner, promet-elle, apporte à celui qui le fait une joie et une paix profondes. » 

Victor Chrabieh, pour une jeunesse responsable

Animé par le désir de former une nouvelle génération porteuse de valeurs positives, Victor Chrabieh s’est engagé pour la septième année dans le groupe des scouts de Notre-Dame de la Délivrance à Bickfaya. Le jeune homme de 22 ans jongle entre sa mission, ses études et son travail, ce qui, note-t-il, « demande de l’organisation et de la responsabilité, car s’occuper des jeunes n’est pas chose facile ». Chef de troupe à la tête d’une unité de 45 élèves âgés de 12 à 17 ans, Victor Chrabieh prépare chaque semaine ses réunions et les activités de sa troupe tout en suivant des études d’architecture d’intérieur et en travaillant dans l’entreprise familiale. « Mon rôle auprès de ces personnes consiste à les accompagner dans le développement de leur personnalité, leur spiritualité, leur vie sociale ainsi que leurs compétences physiques et manuelles. J’aimerais rappeler qu’un scout n’apprend pas qu’à camper, à construire une tente, à chanter et à organiser des jeux de groupe, il s’engage surtout à respecter son pays et à aider son prochain », explique l’étudiant.

Les activités de Victor Chrabieh lui ont permis d’envisager autrement la vie en prenant conscience de l’injustice et de la souffrance qui font partie du quotidien d’une partie de la population. « J’ai découvert, dit-il, que nombreux sont ceux qui ont besoin d’une aide, qu’elle soit financière ou morale. Il est très important d’avoir une nouvelle génération altruiste, capable de créer un impact positif dans la société grâce à de bonnes actions faites au quotidien. » Il motive constamment sa troupe pour aider ces adolescents à se dépasser, à être des vecteurs de changement en collectant de l’argent et de la nourriture, en s’occupant des personnes âgées, en embellissant par des jeux et des chants le quotidien des orphelins, en effectuant des réparations diverses dans des maisons et en visitant des maisons de retraite. « Je pars du principe qu’un adolescent de 12 ans peut, tout aussi bien qu’un adulte, changer le quotidien des autres grâce à des actions simples et efficaces qui vont lui apprendre à proposer spontanément ses services de façon désintéressée, à grandir et à se responsabiliser », note avec confiance le jeune homme. « Malgré un emploi du temps chargé, mon désir d’aider reste intact, nourri sans cesse par la joie profonde que m’apporte mon service. Cet engagement me permet d’atteindre, à force de travail, mon objectif qui est de rendre meilleur le monde autour de moi, et ça, ça n’a pas de prix », conclut Victor Chrabieh.

Nouhad Ibrahim, le bénévolat comme l’exemple

Multiplier ses engagements ne fait pas peur à Nouhad Ibrahim, 21 ans, qui reconnaît avoir le cœur sur la main. Si l’étudiante en 1re année de master en biologie moléculaire et cellulaire est responsable dans le Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ) de l’école des Saints-Cœurs à Bickfaya, cela ne l’empêche pas de vouloir se montrer utile ailleurs. « Au sein du MEJ, je m’occupe de jeunes âgés de 7 à 16 ans que je rencontre chaque samedi, pour les former aux niveaux spirituel et social, leur apprendre l’autonomie et les rapprocher de la religion chrétienne. Nous organisons également des camps et des missions d’aide durant l’année », précise-t-elle. L’étudiante bénévole est également membre du diocèse maronite d’Antélias au sein duquel elle prend part aux activités sociales.

Et parce que s’investir au sein de la société est un besoin chez Nouhad, la jeune femme s’engage également dans l’enseignement en donnant les après-midi des cours de sciences aux enfants syriens. « Le fait de multiplier mes engagements m’a rendue plus endurante et a développé en moi le sens des responsabilités. J’ai un plaisir à servir les autres et, même si parfois je me sens fatiguée, aller à la rencontre des jeunes et les voir sourire me donne une énergie positive incroyable », confie la jeune femme, qui se réjouit de pouvoir faire preuve de générosité en pensant aux besoins des autres avant les siens. « Souvent, dans les camps, les repas ne sont pas très bons, mais étant responsable de mon groupe, je dois faire bonne figure pour servir d’exemple aux jeunes dont je suis responsable », précise-t-elle. Son expérience de bénévole, la jeune femme n’hésite pas à la partager et à en parler dans son entourage pour encourager les autres à s’impliquer dans le bénévolat. « J’entends autour de moi des adultes qui répètent que notre monde est triste parce que plus personne ne rend un service désintéressé à l’autre, or ce n’est pas tout à fait vrai. » Inculquer aux autres les valeurs du partage, c’est ce que Nouhad Ibrahim espère faire auprès de la nouvelle génération, tout en prouvant, grâce à son engagement quotidien, que ce n’est pas seulement pendant les périodes des grandes fêtes religieuses que les volontaires et les bénévoles se mobilisent.



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