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Moyen Orient et Monde - Rapport

Téhéran s’enfonce... littéralement

À force de constructions et de pompage des ressources hydrauliques souterraines, une partie de la capitale iranienne s’affaisse de presque 25 centimètres par an. Une conséquence « logique » de son inexorable urbanisation.


Une partie de la ville de Téhéran s’affaisse de 25 centimètres par an. Reuters.

Au pied de l’Elbourz, les Téhéranais seraient menacés par un sérieux affaissement de leur ville. C’est ce que viennent de démontrer deux chercheurs du German Research Centre for Geosciences (GFZ) de Potsdam en Allemagne. Leur étude, qui s’appuie sur des données satellite collectées ces quinze dernières années, montre que toute une partie de la capitale s’affaisserait de presque 25 centimètres chaque année. Le phénomène touche jusqu’à l’aéroport international Imam-Khomeyni, qui s’enfonce de 5 centimètres par an depuis 2003.

Le rapport, publié dans la revue scientifique Remote Sensing of Environment, explique que la plaine occidentale de Téhéran, où se mélangent étendues urbaines périphériques, villes satellites et terres agricoles, serait la région la plus touchée du pays. De même pour la plaine de Varamin, haut lieu historique de la Perse situé dans la partie sud de la province de Téhéran.

« Certaines de ces zones abritaient des activités agricoles et industrielles auparavant. Mais avec l’expansion de Téhéran, elles se sont récemment transformées en quartiers résidentiels », décrypte Mahdi Motagh, contacté par L’Orient-Le Jour. Ce scientifique a identifié avec son collègue Mahmoud Haghshenas Haghighi que cet affaissement s’étendrait dangereusement vers l’est, au cœur de la plus grande métropole de l’Asie occidentale.

Le phénomène n’est pas nouveau dans la région du Grand Téhéran, qui abrite près de 13 millions de personnes. En cause, l’épuisement des sols, notamment au niveau des aquifères, alors que sont sous pression les ressources hydrauliques en raison des activités humaines. L’inéluctable pression démographique qui pèse sur Téhéran, l’une des métropoles les plus peuplées du monde, requiert d’immenses besoins en eau, notamment pour l’irrigation agricole, et en espaces profonds pour les fondations des tours et des nouveaux immeubles. « Le nombre de puits dans la région est passé de tout juste 4 000 en 1968 à plus de 32 000 en 2012 », précise l’étude. Avec l’apparition de graves sécheresses ces dernières années, le niveau des eaux contenues dans les sous-sols de la région de Téhéran a baissé de près d’une quinzaine de mètres par rapport à celui de 1984. Et avec lui, le niveau d’élévation à la surface.

(Lire aussi : LebQuake : les séismes désormais tout proches)

« Rien n’arrêtera le phénomène »
« Ces dernières années, on nous a signalé des dommages sévères », explique Mahdi Motagh, pour qui « les gens sont plus sensibilisés sur ces questions depuis que le problème est devenu plus visible. La presse iranienne en a parlé, ce qui a contribué à faire réagir l’opinion publique et les politiques ». De larges fissures sont apparues il y a peu au sud de la ville, mettant en péril notamment la sécurité des lignes de chemin de fer. Régulièrement, des paysans se retrouvent bloqués dans de larges trous après que la terre se fut dérobée sous leurs engins, témoigne-t-on du côté du Centre de recherche des constructions et de l’habitat de Téhéran.

Pour Roberto Tomas, chercheur à l’Université d’Alicante, interrogé par Nature, « les chiffres de l’affaissement à Téhéran sont parmi les plus sérieux au monde ». S’il confirme que « l’affaissement à Téhéran est un grand danger », Mahdi Motagh estime qu’il est impossible de déterminer une échéance précise avant qu’une catastrophe de grande ampleur se produise. « Tout dépend des types de construction, de la profondeur des fondations, des matériaux utilisés… » « Mais le bon côté des choses est que nous pouvons le stopper en ayant les bons réflexes, en corrigeant l’impact de l’activité humaine, nuance-t-il. Si l’Iran ne revoit pas ses politiques de gestion des ressources en eau, rien n’arrêtera le phénomène. »

* Haghshenas Haghighi, M. & Motagh M., 2018. « Ground Surface Response to Continuous Compaction of Aquifer System in Tehran, Iran : Results from a Long-Term Multi-Sensor InSAR Analysis. Remote Sensing of Environment ». DOI : 10.1016/j.rse.2018.11.003


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commentaires (5)

les pauvres teheranais .. il paye de leur avenir pour un etat qui lui s'en fiche pas mal pourvu qu'il puisse dominer ailleurs …

Bery tus

18 h 45, le 09 décembre 2018

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Commentaires (5)

  • les pauvres teheranais .. il paye de leur avenir pour un etat qui lui s'en fiche pas mal pourvu qu'il puisse dominer ailleurs …

    Bery tus

    18 h 45, le 09 décembre 2018

  • OLJ, vous etes accuses de trahison supreme a la cause perso vali fakihienne ! VOILA. gare a vous le jour ou ce dernier prendra les rennes du pouvoir pour de vrai, ouvertement.

    Gaby SIOUFI

    10 h 43, le 09 décembre 2018

  • LA SOLIDARITE MOUMANA3ISTE LA REFLOTTERAIT PAR DES PRIERES ...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 17, le 09 décembre 2018

  • "Téhéran s'enfonce littéralement 25 centimètres par an. Une conséquence logique de son urbanisme urbanisation." (L'OLJ du 8/12/18). Le Liban-Sud s'enfonce littéralement X centimètres par an. Une conséquence logique du poids des armes étrangères et autre matériel de guerre accumulés sur ce territoire.

    Un Libanais

    12 h 26, le 08 décembre 2018

  • PUFFFFF !!!!!!! MAIS ARRËTEZ DONC DE NOUS POMPER L'AIR AVEC CE GENRE D'INFOS INUTILES QUI NE TROMPENT PERSONNE QUANT A LEUR CREDIBILITE , DEBILE .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 20, le 08 décembre 2018

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