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Liban - Gouvernement

Le Futur tranche : Pas d’entretien entre Hariri et les sunnites prosyriens

La Rencontre consultative revient sur « la concession » qu’elle avait faite concernant le portefeuille qui devrait être attribué à son représentant au sein du cabinet.

Les députés sunnites prosyriens réunis hier. Photo ANI

Le bras de fer opposant le Premier ministre désigné Saad Hariri au Hezbollah et empêchant encore le gouvernement de voir le jour semble loin de s’estomper. Et pour cause : le parti chiite n’en finit pas d’accentuer ses pressions sur M. Hariri pour le mener à intégrer les députés sunnites prosyriens à la future équipe ministérielle. En face, le chef du gouvernement campe sur sa position traditionnelle : la mouture gouvernementale est prête. Il ne lui manque que les ministrables du Hezbollah. Une façon pour les milieux de la Maison du Centre de faire barrage à une éventuelle représentation des députés gravitant dans l’orbite du 8 Mars, en dépit de tout le forcing du parti de Hassan Nasrallah.

C’est en tout cas dans ce cadre qu’il conviendrait de placer des propos tenus hier par Saad Hariri (qui s’est entretenu avec Waël Bou Faour, député joumblattiste de Rachaya, en présence du ministre sortant de la Culture, Ghattas Khoury, à l’issue d’un meeting regroupant le bloc parlementaire de son parti, ainsi que ses principaux cadres. « Je ne modifierai pas ma position concernant la formation du gouvernement, non parce que je veux défier quiconque, mais parce que l’escalade ne résout pas les problèmes d’électricité et de déchets », a souligné le Premier ministre. Et d’ajouter : « Les compromis ont lieu lorsqu’ils sont dans l’intérêt du pays. Mais ce qui est évoqué aujourd’hui n’a rien à voir avec les compromis, encore moins les intérêts du pays et des Libanais. »

Plus tôt dans la journée, un haut responsable au sein du courant du Futur n’a pas mâché ses mots. « Il n’est pas question que des députés qui accusent le Premier ministre d’être un agent d’Israël viennent à la Maison du Centre », a-t-il dit, selon plusieurs médias locaux. Il s’agit de la toute première fois où les milieux de la Maison du Centre affirment clairement que Saad Hariri ne s’entretiendra pas avec ses concurrents.

En face, forts de l’appui indéfectible du Hezbollah, les députés sunnites pro-Assad continuent de plaider pour ce qu’ils appellent leur « droit » à prendre part au cabinet, à la faveur des résultats des législatives de mai dernier.

Interrogé par la Voix du Liban (93,3), Jihad Samad (Denniyé) a ouvertement déclaré que la Rencontre consultative sunnite (dont il fait partie) « n’entend aucunement se désister de son droit à prendre part au cabinet par le biais d’un de ses députés ». Allant encore plus loin, il n’a pas manqué de faire valoir que les parlementaires en question pourraient même demander à être représentés par deux ministres, à raison d’un représentant de la Rencontre consultative sunnite et un autre relevant des quatre députés sunnites non haririens, mais qui n’en font pas partie. Il s’agit de Tammam Salam (Beyrouth), Fouad Makhzoumi (Beyrouth), Nagib Mikati (Tripoli) et Oussama Saad (Saïda).

Plus tard dans la journée, cinq des membres de la Rencontre consultative sunnite se sont réunis au domicile de Fayçal Karamé à Beyrouth. Étaient présents, outre M. Karamé : Abdel Rahim Mrad (Békaa-Ouest), Jihad Samad (Denniyé), Walid Succarié (Baalbeck-Hermel) et Adnane Traboulsi (Beyrouth). L’occasion pour ces parlementaires de réitérer leur insistance pour demander un rendez-vous avec Saad Hariri, à la demande du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, en sa qualité d’émissaire présidentiel chargé de trouver des solutions à même de faciliter la tâche du Premier ministre, comme on peut lire dans un communiqué publié à l’issue de la réunion.

Les députés sunnites du 8 Mars se sont par ailleurs indignés « des accusations » lancées contre eux. « Nous avons veillé à ne pas répondre à ces accusations parce que le problème est avec Saad Hariri, en sa qualité de Premier ministre désigné », précise le texte, appelant M. Hariri à expédier les affaires courantes depuis le Sérail, et non la Maison du Centre. « La Rencontre consultative revient sur la concession qu’elle a déjà faite en acceptant de ne pas demander un portefeuille bien déterminé », souligne le communiqué qui ajoute : « À l’instar des autres protagonistes, nous insistons pour que des contacts soient menés avec nous concernant le poste ministériel en question. » Et les députés de réitérer leur attachement à ce que l’un d’eux les représente au cabinet.


(Lire aussi : Après Hariri, Aoun dans le collimateur du Hezbollah)


Modifier Taëf ?

Mais à en croire la LBCI, des efforts seraient actuellement déployés loin des feux de la rampe pour tenter de défaire le nœud sunnite. La solution en gestation serait axée sur la nomination d’une personnalité sunnite (n’appartenant pas à la Rencontre consultative), et qui obtiendrait l’aval de Saad Hariri. Elle relèvera de la quote-part du président de la République, Michel Aoun.

Quoi qu’il en soit, les milieux de la Maison du Centre assurent à L’OLJ qu’il ne s’agit pas d’un « nœud sunnite ». C’est le nœud du Hezbollah qui bloque la genèse du cabinet, depuis plus d’un mois, souligne-t-on, affirmant qu’il n’est pas question de former un cabinet sans le Hezbollah.

Mais il n’en reste pas moins que la position du parti chiite et de ses alliés suscite de sérieuses craintes quant à une éventuelle crise de système. Selon notre chroniqueur politique Philippe Abi-Akl, certains cercles politiques estiment que par le blocage actuel, le Hezbollah entendrait lancer le chantier de la révision des équations politiques établies par l’accord de Taëf, afin de remplacer la parité par le système des trois tiers.


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commentaires (2)

selon certains calculs- ou les calculs de certains, nous serions restes sans pouvoir ( les 3, 1ers pouvoirs cumules ) 7 ans durant depuis 2005. c.a.d plus de la moitie de la periode passee jusqu'a ce jour. le liban s'en est il affecte? bien sur dirons les "nationalistes" de tous bords. le liban se serait il mieux porte ? idem alors pourquoi donc ce(s) vide(s) finalement agrees par tout ce beau monde?

Gaby SIOUFI

09 h 49, le 30 novembre 2018

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Commentaires (2)

  • selon certains calculs- ou les calculs de certains, nous serions restes sans pouvoir ( les 3, 1ers pouvoirs cumules ) 7 ans durant depuis 2005. c.a.d plus de la moitie de la periode passee jusqu'a ce jour. le liban s'en est il affecte? bien sur dirons les "nationalistes" de tous bords. le liban se serait il mieux porte ? idem alors pourquoi donc ce(s) vide(s) finalement agrees par tout ce beau monde?

    Gaby SIOUFI

    09 h 49, le 30 novembre 2018

  • Tant que nos responsables politiques se prosternent devant leurs commanditaires extérieurs et non-libanais, au lieu de se prosterner devant leur patrie, le Liban, cela ira de plus en plus mal à tous points de vue. Mais eux, ils ont les moyens de survivre confortablement, alors que nous, le petit peuple, sombrons dans la misère de par leur incroyable et criminelle inconscience ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 43, le 30 novembre 2018

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