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Liban - crise

Gouvernement : « Pas d’alternative » à l’initiative de Bassil

Alors que l’immobilisme plane sur la formation du cabinet Hariri, des sources du CPL disent espérer une issue avant les fêtes.

Le député Mohammad Raad, chef du bloc du Hezbollah.

Dire qu’il ne se passe pas grand-chose au plan de la formation du gouvernement est un euphémisme. Les déclarations de toutes parts se suivent et se ressemblent, et les positions se sont radicalisées. Sur le terrain, seul le ministre sortant des Affaires étrangères Gebran Bassil poursuit son initiative pour rapprocher les points de vue, mandaté par le président de la République Michel Aoun, une initiative qu’une source de son bloc considère comme « indispensable parce que sans alternative possible ». Mais le nœud essentiel, celui qui s’est manifesté ces dernières semaines, reste inchangé : les six députés dits « du 8 Mars » insistent à se faire représenter au Parlement, appuyés par le Hezbollah, malgré le refus net du Premier ministre Saad Hariri, basé sur le fait qu’ils sont représentés dans divers autres blocs et qu’ils n’en ont jamais formé un entre eux.

Ce week-end, des voix parmi ces députés ont réitéré leurs exigences, les élevant même d’un cran en revendiquant des portefeuilles de poids. C’est ainsi que l’un de ces députés, Jihad el-Samad, a déclaré lors d’une interview télévisée, que « les députés sunnites indépendants sont attachés à leur représentation au sein du gouvernement d’union nationale ». « Nous tenons à un portefeuille ministériel, et nous discuterons du poste que nous accepterons, allant du ministère de l’Intérieur à celui des Télécommunications, ou tout autre qui est intégré dans la part de la communauté sunnite », a-t-il dit. Par ailleurs, des sources proches de ces députés ont indiqué à l’agence al-Markaziya qu’« il est inutile que le Premier ministre fasse des contacts à l’étranger pour tenter de résoudre ce problème ».


(Lire aussi : Le dangereux tournant des pressions sur Hariri)


De son côté, l’appui du Hezbollah ne faiblit pas. Le chef du bloc du Hezbollah Mohammad Raad a déclaré hier qu’« ignorer le droit (des six députés sunnites) à une représentation équitable et la négligence de leurs revendications ne permettent pas de former des gouvernements », réaffirmant l’appui de son parti à ce groupe. Il a dit « espérer que l’initiative en cours portera ses fruits ».

De son côté, le courant du Futur a lui aussi réitéré ses prises de position, la plus virulente étant celle exprimée par le secrétaire général de ce courant, Ahmad Hariri, lors d’une tournée au Akkar. Celui-ci a répondu à ce qu’il a appelé ironiquement « les théories exposées par le député du Hezbollah Nawaf Moussaoui sur le droit de ces députés à une représentation », estimant qu’il s’agit en fait « d’un exemple du processus de blocage adopté par le Hezbollah dans son approche à toutes les crises, qu’elles soient présidentielles ou ministérielles ». Au député Moussaoui, il a conseillé « de ne pas s’ingérer dans la représentation sunnite parce que ce n’est pas son affaire ni sa prérogative ». « M. Moussaoui veut mener le pays à la discorde, et à un conflit avec les pays arabes, et croit que sa victoire en Syrie, entre guillemets, lui donne le droit de porter atteinte à l’Arabie saoudite et d’imposer ses conditions dans la formation du gouvernement, a-t-il martelé. Mais les prérogatives du Premier ministre sont claires et seront toujours respectées avec Saad Hariri. »


(Lire aussi : Gouvernement : les attaques contre Hariri mobilisent sa base)

Une question de critères ?
De son côté, le bloc du Courant patriotique libre continue de tenter d’arrondir les angles, en harmonie avec l’initiative lancée par son président, Gebran Bassil, qui a été reçu par le Premier ministre désigné dans une réunion qualifiée de « positive » mais sans résultats tangibles jusque-là. Le vice-président de ce parti, le député Nicolas Sehnaoui, a estimé que « les députés sunnites ont un point de vue qui se comprend étant donné leur poids populaire, mais ils doivent démissionner de leurs blocs respectifs afin de former un bloc pour rectifier la forme et faciliter la formation du gouvernement ».

Plus tranchée était la prise de position du député Élias Abou Saab, du même bloc, qui a estimé « être optimiste quant à la formation d’un gouvernement avant les fêtes », mettant toutefois en garde contre un blocage qui, s’il persiste au-delà d’un mois, « sera un indicateur du fait que le conflit s’est étendu à l’étranger ».

Une source du bloc du CPL indique à L’OLJ que l’initiative du ministre Bassil se poursuit, mais que les détails restent connus d’un cercle très restreint, « afin de préserver ces efforts des velléités de neutralisation manifestées par certains ». Interrogée sur l’immobilisme qui semble affecter la formation du gouvernement, elle souligne que « la solution n’a de toute évidence pas été trouvée, sinon le gouvernement aurait été formé en un rien de temps. » « Mais, poursuit-elle, nous gardons l’espoir qu’un gouvernement sera formé avant Noël. Sinon, cela voudrait dire que l’affaire dépend de facteurs externes qui nous échappent. Toutefois, jusque-là, nous restons convaincus que le nœud est interne et qu’il sera résolu, comme l’ont été tous les autres problèmes. »

Selon cette source, « le problème vient principalement du fait que le Premier ministre désigné a refusé, dès le début de la période de formation du gouvernement, d’adopter des critères précis de représentativité, sous prétexte de vouloir protéger les prérogatives de la présidence du Conseil ». « Cela aurait été justifiable s’il s’agissait de former un gouvernement de majorité, mais pas dans le cadre d’un cabinet d’union nationale, dit-il. Nous sommes arrivés à un point où nous sommes confrontés à la paralysie, parce que c’est un pays où les parties peuvent opposer un veto, sachant que chaque partie donne un point de vue qui peut se défendre. Cela n’aurait pas eu lieu si l’on avait défini des critères dès le début. »

Dans tous les cas, l’initiative de M. Bassil « se poursuit parce qu’il n’y a aucune alternative, n’en déplaise à ses critiques », selon cette source.


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Dire qu’il ne se passe pas grand-chose au plan de la formation du gouvernement est un euphémisme. Les déclarations de toutes parts se suivent et se ressemblent, et les positions se sont radicalisées. Sur le terrain, seul le ministre sortant des Affaires étrangères Gebran Bassil poursuit son initiative pour rapprocher les points de vue, mandaté par le président de la République Michel...

commentaires (5)

L'alternative? Le renvoyer pour s'occuper de ses affaires... Le coche n'a sûrement pas besoin de la mouche!

Wlek Sanferlou

21 h 24, le 03 décembre 2018

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Commentaires (5)

  • L'alternative? Le renvoyer pour s'occuper de ses affaires... Le coche n'a sûrement pas besoin de la mouche!

    Wlek Sanferlou

    21 h 24, le 03 décembre 2018

  • LE HEZBOLLAH SUR ORDRE DES AYATOLLAHS NE VEUT PAS DE GOUVERNEMENT DANS LE PAYS. A NOTER PAR LE PRESIDENT FORT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 48, le 03 décembre 2018

  • AHMAD HARIRI REPROCHE À M. MOUSSAOUI "EN IMPOSEANT SES CONDITIONS DANS LA FORMATION DU GOUVERNEMENT, IL PORTE ATTEINTE À L'ARABIE SAOUDITE". !!!!! OÙ EST LE RAPPORT AVEC LE LIBAN ???? ON AGIT À VISAGE DÉCOUVERT CARRÉMENT....LE PAYS EST DIVISÉ EN DEUX GOUVERNEMENT, UN QUI ROULE POUR L'ARABIE SAOUDITE VIA LES HARIRI ET L'AUTRE POUR L'IRAN VIA HASSAN NASRALLAH. ET LES GENS LIBRES COMME MOI NE SONT PAS REPRÉSENTÉS DANS CE PAYS.

    Gebran Eid

    11 h 03, le 03 décembre 2018

  • L'intérêt des pro-syriens est prioritaire. L'intérêt du Liban est secondaire.

    Shou fi

    09 h 34, le 03 décembre 2018

  • "...qu'un gouvernement sera formé avant Noël..." Heureusement qu'au Liban nous avons plein de fêtes durant toute l'année, ainsi nos super-responsables peuvent continuer de poser de nombreux jalons...pour la formation du gouvernement. Quant à nous, le plus beau cadeau de Noël serait de voir une "bousta" emmener tous ces vendus en Syrie ou en Iran, du moment qu'ils agissent ouvertement pour ces pays. Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 33, le 03 décembre 2018

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