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Liban - Exposition

Women In Front veut briser les stéréotypes envers les femmes à travers l’art

Inaugurée hier, l’exposition « Break all Frames » se poursuivra à Beit Beirut jusqu’au 7 décembre.

Jean Oghassabian, Dima Jamali, Christina Lassen, Philippe Lazzarini et Nada Anid. Photo A.-M. H.

Tous les moyens sont bons pour attirer l’attention sur la cause des femmes libanaises. Et comme l’art fédère, c’est par une exposition d’art à Beit Beirut, à Sodeco, inaugurée hier sous le parrainage du Premier ministre désigné Saad Hariri, que l’association Women In Front invite la société à briser les barrières pour donner davantage de place à la femme. Une première pour l’association qui milite pour une meilleure participation des femmes à la vie politique, et qui utilise cette fois la voix des artistes au service de la Libanaise, histoire de toucher un public plus large.

Break all Frames, ou « briser les cadres », autrement dit les stéréotypes, entend donner à la femme le pouvoir à travers l’art. C’est dans cet objectif qu’une trentaine d’artistes libanais, hommes et femmes, exposent jusqu’au 7 décembre et dans ce lieu emblématique de la capitale, cinquante œuvres, peintures, sculptures et films, dont certaines prêtées par des galeries d’art, avec pour thème la femme et le pouvoir, le pouvoir de la femme.

Parmi ces artistes, Dalia Baassiri, 37 ans, présente une installation baptisée Red : un fauteuil, un vrai, posé devant la peinture d’un mur portant des traces de suie, orné de deux chandeliers en cristal. « Cette installation représente ma résistance, celle de rester après la destruction de notre maison à Saïda lors d’un conflit armé », explique-t-elle. En utilisant la suie et les restes des meubles de l’appartement familial, entièrement brûlé, l’artiste a recréé sa pièce préférée, celle où elle aimait s’asseoir, toute petite. « Ce canapé, c’est moi », confie-t-elle.

Leila Jabre Jureidini expose, elle, trois petites sculptures de femmes en mouvement qui attirent les regards, car elles montrent la force des femmes, malgré leur petite taille. Une femme en bronze tente de déplacer une grosse pierre. « Je l’ai baptisée Déplacer des montagnes », affirme l’artiste, évoquant l’aspect symbolique de son travail. Sur les murs, les thématiques liées aux femmes sont abordées sous toutes leurs formes, avec réalisme et humour, abstraitement parfois. On croise alors le cancer du sein de Flavia Codsi, la femme et la chirurgie plastique de Taghrid Darghouth, l’émancipation des filles en zones rurales d’Edgar Mazigi. Les œuvres interpellent, font réfléchir. Le public est nombreux et visiblement conquis.


(Lire aussi : « Si le Liban avait été livré aux femmes, ce serait bien plus agréable aujourd’hui ! »)


Afin que la Libanaise accède à tous les domaines de la société

Pour inaugurer cette exposition d’une semaine aux côtés de la cofondatrice de WIF, Nada Anid, des personnalités politiques, comme Dima Jamali, représentant le Premier ministre désigné, et le ministre sortant d’État aux Droits de la femme, Jean Oghassabian. Également présents, les partenaires de l’association, l’Union européenne qui finance l’événement, représentée par l’ambassadrice Christina Lassen, et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) représenté par Philippe Lazzarini, coordonnateur spécial adjoint de l’ONU.

Quant aux discours, ils ont insisté sur la nécessité de casser les stéréotypes, à l’instar du thème de l’exposition, afin que la Libanaise accède à tous les domaines sociaux, économiques, politiques, car elle a l’éducation nécessaire et les capacités de le faire. « Il y a certes une prise de conscience, observe Christina Lassen. Mais alors, pourquoi les résultats des législatives de mai dernier étaient-ils si mauvais ? » demande-t-elle. Mauvais au point que le Liban est désormais à la traîne du monde en matière de participation féminine à la vie politique, « à la 185e position sur 194 pays ». Et qu’avec six députées au Parlement, « il est difficile de changer les lois ».

Constatant que le Liban est « une société patriarcale où les hommes monopolisent le pouvoir », Philippe Lazzarini insiste sur la nécessité « de changer les mentalités et les lois discriminatoires envers les Libanaises ». « Dans les pays où les femmes ont les moyens de développer leurs capacités et d’accéder à des positions de pouvoir, les sociétés sont plus stables, nous assistons à moins de conflits », observe-t-il, invitant les hommes à s’engager aussi dans ce sens.

C’est à Nada Anid que revient le mot de la fin. Après avoir brièvement rappelé les efforts vains de Women In Front pour faire élire davantage de femmes au Parlement et changer les lois discriminatoires envers les Libanaises, elle évoque le long travail auprès des médias, des politiques et des femmes candidates... « L’association fait aujourd’hui appel aux artistes, explique-t-elle, car ils sont à l’avant-garde d’une société. Ils défient tabous et stéréotypes. Ils permettent d’aller de l’avant. »


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