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Liban - Débat

« Combien de femmes nommerez-vous au gouvernement ? » demande Women in Front

Lors de la clôture de la campagne « Nous parlons politique », les ex-candidates aux dernières législatives chahutent des élus, pour leurs discours jugés discriminatoires.

Les trois cofondatrices de Women in Front, Joëlle Abou Farhat, Nada Saleh Anid et Paola Irani Majdalani, rendent hommage à l’ambassadeur britannique, Hugo Shorter, pour son soutien à la campagne « We do politics ». Photo WIF

« Combien de femmes nommerez-vous au gouvernement ? » La question est au cœur du combat de l’association Women in Front, qui milite depuis plusieurs années déjà pour une meilleure participation politique de la Libanaise. Avec pour objectif immédiat de compenser la faible représentation féminine au nouveau Parlement (6 femmes seulement) par un nombre plus honorable de femmes au sein du gouvernement qui attend toujours de voir le jour. C’est aussi l’interpellation légitime de toute femme libanaise exaspérée par la trop faible représentation féminine au sein de la vie politique et par une législation inique qui la prive de ses droits les plus basiques.
C’est dans ce cadre que WIF a organisé lundi une conférence-débat, non seulement pour clôturer sa campagne « 3amne7ké Siyéssé » (Nous parlons politique) de soutien aux candidates aux dernières législatives (113 candidates, dont 86 retenues sur des listes), mais pour rappeler au Premier ministre désigné, Saad Hariri, les promesses d’équité qu’il a faites aux femmes. Et ce, en partant de trois questions : « Pourquoi le Liban a-t-il besoin de femmes en politique ? Pourquoi le Liban n’a-t-il pas adopté les quotas féminins ? Qu’est-ce qui a poussé les pays arabes et européens à encourager la participation politique des femmes ? » 

La colère des ex-candidates
L’événement a vu la participation de l’ambassadeur britannique, Hugo Shorter, qui doit bientôt quitter le Liban, et dont le gouvernement a fermement soutenu la campagne connue aussi sous le nom « We do politics ». Également parmi les participants, le vice-président du CPL, le député Nicolas Sehnaoui, le représentant des Forces libanaises, le député Eddy Abillama, la représentante du Futur, la députée Roula Tabch, le représentant des Kataëb, le député Élias Hankache, et le représentant du PSP, le député Bilal Abdallah. Quant aux intervenantes, qui ont confronté les représentants de partis – la députée Paula Yacoubian, la femme d’affaires Rana Ghandour, la journaliste Karma Khayat, la représentante de UN Women, Begona Lasagabaster – elles ont insisté sur les compétences des femmes, sur leur capacité à participer à la vie politique, sur la nécessité d’une meilleure représentation féminine dans la vie active, facteur de développement économique, et enfin, sur le poids culturel et traditionnel, qui est vécu comme une humiliation pour les femmes. D’où la nécessité de rectifier le tir, dans le sens de l’égalité de droits entre les Libanaises et leurs compatriotes de sexe masculin et de l’instauration d’un quota de 30 % de participation des femmes dans la vie politique.

Immanquablement, le point fort de ce débat a été les réactions hostiles, voire les huées de l’assistance principalement constituée d’ex-candidates aux législatives, aux discours non convaincants, parfois jugés déplacés, d’élus locaux interrogés sur la position de leur parti quant aux quotas ou à la nomination d’une femme au gouvernement. À titre d’exemple, le député Nicolas Sehnaoui n’a pas réussi à expliquer clairement pourquoi aucune femme ne figurait sur sa liste, lors des législatives. Il n’a pas non plus convaincu, lorsqu’il a exprimé ses réserves à l’égard du quota féminin. Enfin, il a évité de dire si son parti allait accorder à une femme un portefeuille ministériel. 

Les réactions ont été tout aussi hostiles, lorsque le député Élias Hankache, qui se dit pourtant fermement attaché à l’égalité des droits entre l’homme et la femme, a salué l’assistance en la qualifiant de « mignonne », provoquant un tollé parmi les militantes. À un point tel, que certaines ont exigé des excuses. Des réactions qui ne montrent que trop bien le ras-le-bol de ces femmes que la classe politique ne prend toujours pas au sérieux, mais aussi leurs attentes, qui vont bien au-delà de ce que les hommes politiques sont prêts à leur accorder. 

Si la députée du Futur, Roula Tabch, a fait part de l’engagement ferme de son parti en faveur du quota féminin et de Saad Hariri à nommer des femmes ministres, le député FL, Eddy Abillama, a été plus vague, rappelant le combat mené par son parti pour amender les lois discriminatoires envers les femmes, soulignant au passage que la secrétaire générale du parti est une femme. Mais sans pour autant trancher. « Il est possible que nous nommions une femme ministre », s’est-il contenté de dire. Enfin, le député du PSP est arrivé les mains vides. Walid Joumblatt s’était déjà prononcé sur la question, annonçant qu’il ne nommerait pas de femmes ministres.

L’engagement des femmes
C’est dans cette ambiance électrique que l’une des trois cofondatrices de Women in Front, Joëlle Abou Farhat Rizkallah, est revenue sur les enjeux et les défis de la campagne qui visait à faire élire au Parlement un maximum de femmes. « Mais seulement 6 femmes ont été élues », a-t-elle déploré, montrant, chiffres à l’appui, la grande frilosité du Liban à ce niveau : « En matière de participation féminine, le Liban occupe la 184e place. En 75 ans, seulement 8 femmes ont occupé des fonctions ministérielles… ». Et si le Liban persiste à ne pas adopter un système de quotas féminins, Mme Rizkallah a promis que « la Libanaise ne restera pas les bras croisés, mais haussera le ton ». « Nous montrerons que la femme a les capacités pour se lancer dans la politique, pour mener à bien des projets, avec leurs défis et leurs solutions », a-t-elle martelé. 

L’ambassadeur britannique n’a pas manqué de saluer le travail accompli par WIF. Il a reconnu, concernant le nombre encore trop faible de députées, que « les choses ne peuvent pas se faire du jour au lendemain ». Par contre, « elles évoluent plus lentement que nos attentes », a-t-il constaté. Soulignant que « l’opinion publique va parfois plus vite » que les lois, Hugo Shorter « espère que le prochain gouvernement comportera davantage de femmes ». Un message qu’il adresse « régulièrement aux hommes politiques ». Sera-t-il entendu ?


« Combien de femmes nommerez-vous au gouvernement ? » La question est au cœur du combat de l’association Women in Front, qui milite depuis plusieurs années déjà pour une meilleure participation politique de la Libanaise. Avec pour objectif immédiat de compenser la faible représentation féminine au nouveau Parlement (6 femmes seulement) par un nombre plus honorable de femmes au sein du...

commentaires (2)

Si ça pouvait débarasser le pays de la corruption endémique qui le ronge jusqu'à l'os, je leur donnerait tous les Ministères ...

Remy Martin

22 h 38, le 18 juillet 2018

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Commentaires (2)

  • Si ça pouvait débarasser le pays de la corruption endémique qui le ronge jusqu'à l'os, je leur donnerait tous les Ministères ...

    Remy Martin

    22 h 38, le 18 juillet 2018

  • FAUDRAIT DONNER UNE CHANCE AUX FEMMES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 26, le 18 juillet 2018

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