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À La Une - Liban

Gouvernement : Hariri persiste dans son refus d’intégrer les sunnites pro-8 Mars

La polémique opposant le parti du Premier ministre désigné à des figures du 8 Mars, avec à leur tête l'ancien ministre Wi'am Wahhab, se poursuit à coups de communiqués et de déclarations.


Le Premier ministre désigné Saad Hariri s'adressant à la presse devant un portrait de son père, l'ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri, le 13 novembre 2018. AFP / JOSEPH EID / AFP / JOSEPH EID

Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a maintenu jeudi son refus d'accorder un portefeuille ministériel aux six députés sunnites pro-8 Mars au sein de son gouvernement dont la formation est attendue depuis six mois. Cette prise de position intervient en réponse à une escalade dans les demandes de ces parlementaires soutenus par le Hezbollah.

"Je ne changerai pas de position et mes propos ne visent à défier personne, mais je pense que le tapage politique ne mène nulle part", a déclaré M. Hariri dans un communiqué publié par son bureau de presse. Et de poursuivre : "Les compromis ne se font que pour l'intérêt du pays et j'étais toujours le premier à y œuvrer, mais ce qui est proposé aujourd'hui n'est pas un compromis et ne sert pas les intérêts du Liban et des Libanais".  M. Hariri a fait ces déclarations devant les députés de son bloc parlementaire et des responsables de sa formation politique.

Moins d'une heure plus tôt, les six députés sunnites avaient annoncé qu'ils veulent désormais choisir eux-mêmes le portefeuille ministériel qui devrait, selon eux, leur être accordé, marquant ainsi une escalade dans leurs demandes. "Nous revenons sur notre engagement à ne pas choisir le portefeuille du ministre qui devra nous représenter", a fait savoir le député de Tripoli Fayçal Karamé, lors d'une conférence de presse qu'il a tenue à son domicile tripolitain. "Nous appelons pour la troisième fois Saad Hariri à nous accorder une audience, car nous ne voulons pas (...) que les choses restent dans un cadre politique", a ajouté M. Karamé. "Demander une audience est une sorte de concession", a-t-il estimé. Il a enfin appelé le chef de l'Etat, Michel Aoun, à "déployer tous ses efforts pour sauver le pays des jeux politiques qui risquent d'emporter le Liban".

Plus tôt dans la journée, une source haut-placée au sein du Courant du Futur avait commenté la demande des sunnites pro-8 Mars d'une rencontre avec le Premier ministre désigné. "Comment Saad Hariri peut-il recevoir un groupe de députés alors que certains parmi eux l'ont accusé de travailler pour l'axe américano-israélien. Des gens de ce niveau ne mettront jamais les pieds à la Maison du Centre", a déclaré ce responsable. La veille, le Hezbollah, qui soutient ces députés, avait affirmé que Saad Hariri "peut attendre indéfiniment" avant que le parti chiite ne change d'avis. 


La polémique Wahhab-Hariri s'envenime
Parallèlement, la polémique opposant le parti de Saad Hariri à des figures du 8 Mars, avec à leur tête l'ancien ministre Wi'am Wahhab, s'est poursuivie jeudi à coups de communiqués et de déclarations.

Alors que le Courant du Futur avait appelé ses partisans au calme mercredi soir, leur demandant de retirer les panneaux et calicots qu'ils avaient accroché dans les rues pour protester contre la campagne menée contre Saad Hariri, et de ne pas descendre dans les rues, des rassemblements ont eu lieu dans certains quartiers sunnites dans la nuit de mercredi à jeudi. Ces rassemblements ont été condamnés par la presse proche du 8 Mars, ce que le Courant du Futur a dénoncé dans un communiqué, affirmant que "le Futur n'a pas besoin d'avoir recours à la rue ni de fermer des routes pour exprimer son opinion politique et qu'il considère comme une ligne rouge la stabilité intérieure" du pays. 

Une vidéo montrant Wi'am Wahhab insulter, sans les mentionner, le chef du Courant du Futur et son père assassiné Rafic Hariri, qui avait fuité en fin de journée mercredi, a également remis de l'huile sur le feu. M. Wahhab s'est toutefois excusé pour cette vidéo et a souligné que les "insultes personnelles" proférées sur l'enregistrement avait été lancées "sous le coup de la colère".

Après la diffusion de cette vidéo, un groupe d'avocats a demandé au procureur général près la cour de cassation d'engager des poursuites contre l'ancien ministre druze, pour "incitation à la division et atteinte à la paix civile". 

Lundi, Wi'am Wahhab avait déjà tenu des propos violents à l'encontre du Premier ministre désigné et de son père lors d'une émission télévisée, ce qui avait provoqué la colère de partisans de M. Hariri qui avaient brièvement coupé plusieurs routes à l'aide de pneus incendiés.


(Lire aussi : Après Hariri, Aoun dans le collimateur du Hezbollah)


Rifi et Joumblatt défendent Hariri
Réagissant à la campagne à l'encontre du Futur, l'ancien ministre Achraf Rifi et le leader druze Walid Joumblatt ont tous deux pris la défense des Hariri. "Porter atteinte au Premier ministre martyr Rafic Hariri, à sa famille et à son fils Saad, constitue un comportement criminel similaire à celui qui a mené à l'assassinat de Rafic Hariri", a twitté M. Rifi. "Nous n'avons pas peur de vos armes et votre projet a échoué. Ne jouez pas avec le feu et ne vous en prenez pas à nos martyrs, Rafic Hariri constitue une ligne rouge", a-t-il poursuivi.

"Il semble que les opérations d'attaques contre les dignités et l'invention de mensonges et de légendes se sont généralisés", a de son côté écrit M. Joumblatt, estimant que "chacun a le droit de défendre ses propres opinions, dans la limite de la loi".

Wi'am Wahhab lui a répondu peu après, affirmant qu'il n'y a "aucune opération" en cours. "Ils ont insulté nos parents et ont voulu nous faire taire", a-t-il écrit sur Twitter. "Nous ne considérons pas que les parents des autres sont plus importants que les nôtres, point à la ligne", a-t-il ajouté. 

Quelques heures plus tard, M. Joumblatt a de nouveau condamné sur son compte Twitter les propos de Wi'am Wahhab. "En mon nom et celui de tous les habitants de la Montagne, je condamne les propos de Wi'am Wahhab dans lesquels il porte atteinte à Saad Hariri, en violation de tous les us et de la morale", a écrit M. Joumblatt. "Ces propos nous rappellent les incitations du parti syrien Baas durant les années passées qui ont apporté des malheurs aux Libanais", a ajouté le chef du Parti socialiste progressiste.

M. Wahhab n'a pas tardé à lui répondre, accusant notamment sur son compte Twitter M. Joumblatt d'avoir lui-même été pro-Baas dans le passé et ce pendant plusieurs années.

M. Wahhab a par ailleurs annoncé qu'il allait intenter une action en justice contre Saad Hariri et ses collaborateurs, en raison de panneaux accrochés par les partisans de M. Hariri et qui contenaient des insultes et menaces de mort à son encontre. Il a précisé que l'affichage de ces panneaux "a précédé la vidéo qui a fuité" et dans laquelle on le voyait insulter Saad Hariri et son père. 



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commentaires (8)

De cette foire seul un gouvernement de technocrates pourra sauver le pays sauf si les intentions sont mauvaises .

Antoine Sabbagha

23 h 09, le 29 novembre 2018

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Commentaires (8)

  • De cette foire seul un gouvernement de technocrates pourra sauver le pays sauf si les intentions sont mauvaises .

    Antoine Sabbagha

    23 h 09, le 29 novembre 2018

  • Mario Monti en 2011, a en effet formé un gouvernement de technocrates, parce que les partis politiques italiens avaient décliné son offre et refusaient de gouverner à son côté. Cela dit l'Italie n'a pas une constitution confessionnelle comme au Liban. Fait intéressant, ce gouvernement de technocrates n'a pas réussi sa mission, ce fut un échec total, sur le plan économique et social, la gestion de l'immigration .... bref c'était la crise qui a d'ailleurs accouché lors des dernières élections sur un nouveau gouvernement (Matteo Salvini, l'extrême droite italien) Comme quoi on n'est pas sur que ce soit une bonne idée !

    Sarkis Serge Tateossian

    18 h 34, le 29 novembre 2018

  • L'Italie a eu un gouvernement de technocrates en 2011 et ca a marché jusqu' a les élections faites la même chose et laissez ce cancer de Hezbollah mourir petit à petit .

    Eleni Caridopoulou

    18 h 03, le 29 novembre 2018

  • Souvent j'entend avec stupéfaction certains reclamer une équipe gouvernementale de technocrates ... Depuis quand les technocrates ont été une solution en politique. En occident où la democratie peut se valoir une avance d'au moins d'une cinquantaine d'années sur nous.... Un technocrate est très péjoratif dans le jargon des démocrates. Le technocrates est une personne dépourvue de tout savoir en dehors de ses connaissances techniques et où l'humain n'est que superficiel. Alors que la politique est l'art d organiser et d'exercer le pouvoir au service du collectif tenant compte du facteur humain, elle porte sur les actions, l'equilibre et le développement interne et externe de la société ... etc.... Une connaissance de la société,la constitution, souplesse de la pensée, garder son sang-froid en toutes circonstances.... etc Pour finir j'ai une question importante ; Qui vous garantie qu'il n'y aura pas de blocage avec une équipe de technocrates ? Puisque en suivant la constitution chaque communauté devra présenter ses ...."technocrates" nest-ce pas ? Je propose une bonne éducation et un enseignement civique dans les écoles pour en finir avec nos péripéties. La clé de tout est le savoir et l'éducation.

    Sarkis Serge Tateossian

    16 h 18, le 29 novembre 2018

  • Ni M Harriri ni le président ne doivent céder au HB Cabinet de technocrates et au diable les revendications des uns et des autres CELA SUFFIT à toujours céder on fini par avoir comme après avoir céder an 1969 aux palestiniens une guerre des plus meurtriere UN GOUVERNEMENT DE TECHNOCRATES ET RIEN D AUTRES Après tout le vote de Mai était pour des députés pas des ministres

    LA VERITE

    15 h 15, le 29 novembre 2018

  • Ils doivent bien se marrer, tous ceux qui lisent, voyent et entendent ce dont sont capables nos "responsables" politiques libanais de toutes les couleurs: sunnites...chiites...druzes...chrétiens !!! Par contre, oeuvrer pour le bien de leur pays...ces mêmes responsables ne savent même pas ce que cela signifie... et que vive ce LIBAN NOUVEAU ET FORT chanté par beaucoup un certain 6 mai 2018... Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 13, le 29 novembre 2018

  • Les insultes personnelles ne devraient pas être permises . Mais un ministre sunnite dissident, qui réclame un siège au gvnment devrait être accepté par les sunnites de Saad , leur père, d'après ce que Saad se réclamait être.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 49, le 29 novembre 2018

  • "La veille, le Hezbollah, qui soutient ces députés sunnites réclamant un ministère, avait affirmé que Saad Hariri "peut attendre indéfiniment" avant que le parti chiite ne change d'avis." Nous savaons très bien que le parti chiite finit toujours par avoir ce qu'il veut. Cette fois, ce ne sera pas différent, bien au contraire: un des six députés "huit-martiens" sera admis au sein du gouvernement. Qui vivra, verra!

    Georges MELKI

    14 h 14, le 29 novembre 2018

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