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Liban - Éclairage

Aoun prend l’initiative en vue d’un déblocage du nœud sunnite

Voilà bientôt sept mois que le bras de fer se poursuit autour de la formation du nouveau gouvernement entre le Premier ministre désigné Saad Hariri, d’un côté, et le Hezbollah et les six députés sunnites du 8 Mars – ou les « sunnites de Ali Mamlouk », le chef de la sécurité nationale syrienne, pour reprendre la formule du chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt.

Selon des sources politiques qui suivent de près les contacts en cours entre les forces politiques, des signaux augurant d’une solution au nœud sunnite pointent désormais à l’horizon, si bien que le cabinet pourrait bientôt voir le jour… à condition que le blocage soit vraiment dû à des considérations intérieures et non régionales et internationales.

Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil reste ainsi attaché à sa médiation envers et contre tout. M. Bassil refuse d’en constater l’échec, en dépit de l’attachement du Hezbollah à l’intégration des députés sunnites du 8 Mars au sein du nouveau cabinet et du maintien par Saad Hariri de son veto à cette revendication du parti chiite. Chacune des deux parties campe sur ses positions et aucune ne semble disposée à faire des concessions. Le secrétaire général du Hezbollah ne reviendra pas sur sa position dans la mesure où cela se répercuterait sur l’ensemble de l’axe qu’il représente tant au niveau local que régional. Le chef du courant du Futur, lui, ne saurait payer de sa propre quote-part l’intégration d’un ministre sunnite proche de l’axe Damas-Téhéran, compte tenu du coup que cela porterait à son image, notamment au niveau de la rue sunnite souverainiste.


(Lire aussi : Geagea propose à Aoun et Hariri de former un cabinet avec les ministrables déjà proposés)


Le Premier ministre désigné aurait mis au point une mouture qui serait entre les mains du président de la République. Elle n’attend plus que les noms des ministres du Hezbollah – le parti chiite refuse toujours de communiquer à ce sujet tant que le nœud sunnite n’est pas réglé – afin que les décrets soient signés. Saad Hariri refuse de réviser sa formule ministérielle, arguant du fait que les six députés sunnites, qui ne forment pas un groupe parlementaire homogène, sont déjà représentés au gouvernement à travers les blocs auxquels ils ont pris part au lendemain des législatives. Leur constitution tardive en groupe parlementaire à des fins politiques ne leur donne pas leur droit de participer au gouvernement, estime le Premier ministre désigné. Sur le plan communautaire, ils sont déjà représentés par les autres ministres sunnites et sur le plan politique par le Hezbollah et ses alliés.

Cette question de représentation n’est pas sans ouvrir du reste la boîte de Pandore. Le député maronite du Akkar, Hadi Hobeiche, membre du groupe parlementaire du courant du Futur, a ainsi annoncé, mimétisme oblige, que des députés chrétiens déjà membres de différents blocs comptaient à leur tour former un nouveau groupe parlementaire afin d’exiger un poste ministériel.

Les positions exprimées samedi par le président de la République Michel Aoun, notamment sa référence à l’histoire biblique du jugement de Salomon, ont été considérées dans ce contexte comme un prélude à une démarche concrète pour sauver le mandat, débloquer la formation du cabinet, mettre fin au bras de fer et sauver l’économie d’un éventuel effondrement, à l’ombre de mises en garde internationales à ce sujet. Des visiteurs du palais présidentiel ces derniers jours rapportent ainsi un vif mécontentement exprimé par le président de la République vis-à-vis de certaines forces politiques, qu’il accuse de torpiller son mandat et de l’empêcher de gouverner, ce qui l’aurait incité à entreprendre une démarche concrète de déblocage. La phrase sibylline lancée le week-end dernier par Walid Joumblatt sur son compte Twitter – concernant la nécessité d’un compromis quel que soit le caractère amer de ce dernier – compléterait ces positions du président Aoun. La référence par le président de la République au jugement de Salomon signifierait qu’il serait prêt à ouvrir la voie à une solution en acceptant lui-même une figure sunnite du 8 Mars au sein de sa quote-part. Qui pourrait donc être ce « ministre-roi » sunnite qui viendrait trancher, au sein de la quote-part du chef de l’État, le nœud gordien gouvernemental ?


(Lire aussi : Gouvernement : la quadrature du cercle)


Selon certaines parties politiques qui suivent de près le processus de formation du nouveau cabinet, la décision d’en finir avec le nœud sunnite aurait d’ores et déjà été prise. Des contacts auraient lieu loin du feu de la rampe pour s’entendre sur la personnalité sunnite qui intégrera le camp des ministres du président Aoun. Le chef de l’État et son gendre, le chef du CPL, souhaiteraient que ce soit le député et ancien ministre

Abdelrahim Mrad, dans la mesure où il était déjà candidat sur la liste appuyée par le CPL dans la Békaa. Saad Hariri refuse toute intégration d’une figure sunnite du 8 Mars à son bloc ministériel, mais en accepterait une qui serait nommée au sein d’un autre groupe que le sien.

Le Hezbollah insiste pour sa part sur l’intégration de l’un des six députés de la Rencontre consultative sunnite et plébiscite dans ce cadre Fayçal Karamé. Cependant, MM. Aoun et Bassil tiendraient à la candidature de M. Mrad ou, par défaut, à celle de son fils, dans le cadre d’une solution équitable pour tous. M. Karamé, qui a répondu aux dernières prises de position du président Aoun, serait désormais persona non grata pour Baabda. Du reste, il fait déjà partie avec Jihad el-Samad du groupe parlementaire des Marada, qui est déjà représenté par un ministre au gouvernement, détenteur du portefeuille des Travaux publics. Or le parti de Sleiman Frangié pourrait perdre ce portefeuille si M. Karamé intégrait le cabinet. Enfin, loin du nœud sunnite, et sans doute plus près des raisons réelles qui continuent de bloquer la formation du gouvernement, le Hezbollah aurait décidé de nommer une personnalité chiite importante et non partisane au portefeuille de la Santé pour éviter les répercussions des sanctions américaines sur ce ministère. Affaire à suivre.



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Voilà bientôt sept mois que le bras de fer se poursuit autour de la formation du nouveau gouvernement entre le Premier ministre désigné Saad Hariri, d’un côté, et le Hezbollah et les six députés sunnites du 8 Mars – ou les « sunnites de Ali Mamlouk », le chef de la sécurité nationale syrienne, pour reprendre la formule du chef du Parti socialiste progressiste Walid...

commentaires (4)

Natourit el Mafatih version réelle. On va laisser le pays au président et le hezb! Yallah, khalikoun!

Wlek Sanferlou

13 h 01, le 27 novembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Natourit el Mafatih version réelle. On va laisser le pays au président et le hezb! Yallah, khalikoun!

    Wlek Sanferlou

    13 h 01, le 27 novembre 2018

  • Pour dénouer le noeud, essayer de nommer l'ex-ministre Michal Samaha, ainsi les six députés de Ali Mamlouk seraient satisfaits.

    Un Libanais

    12 h 49, le 27 novembre 2018

  • On est plus proche d'un assouplissement du côté de Saad que de la résistance victorieuse.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 15, le 27 novembre 2018

  • QUELLE HONTE ! QUELLE DECADENCE POLITIQUE ! QUEL MALHEUR POUR LE PAYS ! OU CERTAIN REJETON DE GRAND HOMME DE L,INDEPENDANCE S,ASSUJETTI A L,ETRANGER POUR TORPILL ER LA FORMATION DU GOUVERNEMENT ET LE GOUVERNEMENT MEME QUAND CONSTITUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 03, le 27 novembre 2018

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