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Liban - Coopération

Coup de pouce de la France à l’enseignement public francophone au Liban

Deux millions d’euros seront consacrés à développer les compétences des enseignants en français et assurer les équipements pédagogiques nécessaires. Un partenariat à quatre mains.

Philippe Lazzarini, Yasmina Sherif, Fady Yarak, Bruno Foucher et Hamed al-Hammami. Dalati et Nohra

Depuis le début du conflit syrien, il y a sept ans, le nombre d’élèves scolarisés à l’école publique libanaise a quasiment doublé. Et depuis l’adoption de la loi 46 qui accorde des augmentations sensibles de salaires aux enseignants, provoquant d’importantes hausses des écolages, l’école publique doit relever un nouveau défi, celui d’assurer une éducation de qualité aux élèves qui quittent le secteur privé, par manque de moyens financiers. C’est dans ce contexte qu’a été lancé hier au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur le projet « Promouvoir l’enseignement et l’éducation francophones au Liban ». Un projet qui vise à améliorer l’apprentissage francophone et du français comme vecteur de l’enseignement des élèves les plus vulnérables, dès leur plus jeune âge, qu’ils soient libanais, syriens, palestiniens, ou autres. Compte tenu que plus de la moitié des élèves de l’école publique sont étrangers. Au-delà de cet objectif à court terme, investir dans la langue française au Liban est un investissement pour le plurilinguisme et le pluralisme du pays, un pas significatif vers les objectifs du Liban pour le développement durable.


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300 écoles publiques bénéficiaires
Initiée par quatre partenaires, le ministère de l’Éducation, l’ambassade de France, l’Unesco et le Fonds mondial « L’Éducation ne peut attendre », financée par la France à hauteur de deux millions d’euros suite à une décision du président français Emmanuel Macron, l’initiative mise en application par l’Unesco devrait bénéficier à 300 écoles publiques, 140 000 élèves, 120 formateurs et plusieurs centaines d’enseignants. Concrètement, il s’agit d’assurer aux écoles publiques concernées les équipements pédagogiques nécessaires à l’apprentissage du français et des matières scientifiques en langue française, de développer les compétences pédagogiques des professeurs dans la langue de Molière en renforçant les ressources et les capacités des conseillers pédagogiques, et enfin d’assurer aux élèves un environnement adéquat leur permettant de mieux posséder la langue française.

Organisée sous forme de table ronde, la cérémonie de lancement a vu la participation de l’ambassadeur de France, Bruno Foucher, du coordonnateur spécial adjoint de l’ONU pour le Liban, Philippe Lazzarini, du directeur général du ministère de l’Éducation, Fady Yarak, représentant le ministre Marwan Hamadé, du directeur du bureau de l’Unesco à Beyrouth, Hamed al-Hammami, et de la directrice du fonds « L’éducation ne peut attendre » (ECW), Yasmina Sherif.

Chiffres à l’appui, M. Lazzarini montre d’abord la difficile adaptation du système éducatif public libanais à la crise des réfugiés syriens. « Seulement 60 % des réfugiés ont accès à l’éducation au Liban, alors que ce chiffre atteint un taux mondial de 90 % ; et seulement 25 % des réfugiés syriens du Liban ont accès à l’enseignement secondaire, contre 80 % dans le monde. » Sans oublier que les élèves syriens (200 000 dans les écoles publiques du Liban) sont issus d’un programme scolaire totalement différent, enseigné en arabe exclusivement. La directrice d’ECW, Yasmina Sherif, fait alors part de l’engagement du fonds mondial via lequel s’est opérée la donation française. « Nous soutenons ce projet qui entend améliorer les performances de lecture, d’écriture, de calcul, tout en privilégiant l’apprentissage des langues et plus particulièrement du français », dit-elle, saluant la dimension plurielle et multiculturelle d’une telle approche.


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Construire des écoles, ultérieurement
Évoquant l’importance stratégique d’un tel investissement pour la France, Bruno Foucher reconnaît que ce projet n’aurait jamais eu lieu si le Liban n’avait pas fait montre de son engagement ferme pour la scolarisation des petits réfugiés syriens. « Certes, la cohabitation est difficile. Mais les efforts du Liban nous ont convaincus de poursuivre les nôtres au service de l’enseignement du français », affirme-t-il. L’ambassadeur promet d’aller plus loin. « La France veut s’engager ultérieurement dans la construction d’écoles publiques au Liban à travers l’Agence française de développement », assure-t-il, faisant état d’un « projet de 50 millions d’euros, en coopération avec les autorités libanaises ».

Faisant part du profond attachement des Libanais à la culture française, Fady Yarak rappelle que les élèves francophones représentent 60 % des élèves au Liban. « C’est un héritage que nous voulons préserver et même développer », assure-t-il, observant que « le Liban est la porte d’entrée de la francophonie au Moyen-Orient ».

Promouvoir l’enseignement et l’éducation francophones au Liban va dans le sens de la politique de soutien de l’Unesco au ministère de l’Éducation, en vue de l’objectif de développement durable 4. C’est la raison pour laquelle l’organisation onusienne « soutient techniquement le projet », et s’engage à « développer les compétences des enseignants », fait remarquer Hamed al- Hammami. Ainsi soutenu et amélioré, conclut-il, « le modèle libanais francophone pourrait même être reproduit à l’étranger ».


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