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13 approches différentes de l’indépendance

Élias Hraoui et la gestion du fait accompli syrien

Photo archives L'Orient-Le Jour

En octobre 1989, le Liban s’apprêtait à se lancer dans le chantier de la reconstruction à la suite d’une longue guerre fratricide. Les députés ont donc élu à cette date René Moawad à la tête de l’État. Il appartenait à ce premier président de l’après-Taëf d’engager le pays sur la voie du redressement. Sauf que le destin en a voulu autrement. Le président nouvellement élu est assassiné le jour de la fête de l’Indépendance, le 22 novembre 1989. C’est Élias Hraoui qui lui succédera.

Lancer le processus de réédification d’un État à l’époque n’était évidemment pas chose facile. « Il ne restait pratiquement rien des éléments d’un État », souligne Farès Boueiz, gendre de l’ancien président Hraoui et ministre des Affaires étrangères tout au long du mandat (1989-1998).

Évoquant la ligne de conduite suivie à l’époque par Hraoui dans un contexte marqué par un renforcement de l’emprise syrienne sur le Liban, M. Boueiz souligne d’emblée qu’après les guerres de « libération » et « d’élimination » lancées en 1989 par le général Michel Aoun, alors commandant en chef de l’armée, contre respectivement les troupes syriennes et les Forces libanaises, l’armée était divisée et dépourvue des moyens d’assumer des missions de sécurité. Pire encore : les administrations publiques, notamment le ministère des Affaires étrangères, étaient sorties de la guerre particulièrement affaiblies. À cela, l’ancien chef de la diplomatie évoque ce qu’il qualifie de « fatigue » qu’éprouvait la communauté internationale à l’égard du dossier libanais depuis 1975.

Abandonné en quelque sorte par la communauté internationale, le Liban a donc dû se tourner vers Damas, souligne M. Boueiz en prenant bien soin de mettre les points sur les « i». « Nous avons intelligemment usé de la présence syrienne au Liban afin d’édifier un État, en ce sens que nous avons “exploité” en quelque sorte l’appui syrien pour équiper le pays, pour rétablir l’indépendance », souligne M. Boueiz, avant de poursuivre : « Nous savions que les calculs politiques de la Syrie étaient différents des nôtres. Mais il était crucial de bénéficier d’un appui pour édifier un État. »

Allant encore plus loin, l’ex-chef de la diplomatie insiste sur le fait que sous le mandat Hraoui, le Liban a mis à profit plusieurs échéances pour s’affirmer comme État souverain et indépendant, en dépit de la tutelle syrienne. « Le Liban a réussi, au prix d’un conflit politique qui m’a opposé au chef de l’État, à imposer ses conditions pour participer à la conférence de Madrid (1991), malgré le veto de certaines parties appuyées par Damas qui craignaient une éventuelle paix avec Israël », relève M. Boueiz, qui note que personne ne croyait que le Liban allait accepter de prendre part à la conférence de Madrid si la Syrie d’Assad ne donnait pas son aval.

Et M. Boueiz de conclure : « À travers ce fait, tout comme notre adhésion à nombre de traités internationaux en dépit des positions de Damas, nous avons préservé notre indépendance et notre souveraineté, mais surtout, nous avons jeté les bases d’un État libanais, même s’il ne répond toujours pas à nos ambitions. »     


En octobre 1989, le Liban s’apprêtait à se lancer dans le chantier de la reconstruction à la suite d’une longue guerre fratricide. Les députés ont donc élu à cette date René Moawad à la tête de l’État. Il appartenait à ce premier président de l’après-Taëf d’engager le pays sur la voie du redressement. Sauf que le destin en a voulu autrement. Le président nouvellement...

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