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13 approches différentes de l’indépendance

Charles Hélou, le président qui a navigué en eaux troubles

Photo d’archives L'Orient-Le Jour

Quand on évoque le nom de Charles Hélou (président de 1964 à 1970), associé aux mots indépendance et souveraineté, on ne peut que se heurter à une date butoir de son mandat : la signature en 1969 de l’accord du Caire, qui a donné le droit aux fedayin palestiniens de garder leurs armes, pavant ainsi la voie à la guerre civile qui devait éclater six ans plus tard. Cet épisode, on l’a souvent reproché à Charles Hélou, mais n’était-ce pas manquer de nuances? C’est ce que pense en tout cas son neveu, Joe Khoury-Hélou, avocat et auteur d’une biographie très documentée de son oncle.

« Les grands problèmes ont commencé avec la guerre des Six-Jours en 1967 qui a exacerbé toutes les passions dans le monde arabe et a fait l’objet de sommets arabes successifs ayant pour objectif de remplacer l’option de guerre contre Israël par un appui aux fedayin, souligne-t-il. On donnait de l’argent à Yasser Arafat, mais c’était au Liban de supporter le fardeau de cette résistance. »

Selon Joe Khoury-Hélou, la liberté, l’indépendance et la souveraineté du Liban étaient mises à rude épreuve durant ce mandat, bien plus que durant les mandats précédents. Des manifestations monstres étaient organisées contre le pouvoir, et la rue musulmane soutenait sans ambiguïté l’action des fedayin. Le président Charles Hélou a ainsi dû faire face à la démission du Premier ministre Rachid Karamé, puis au Congrès islamique général qui avait regroupé, à Dar el-Fatwa, les leaders chiites, sunnites et druzes, prônant l’octroi de la liberté d’action à la Résistance palestinienne. En ce temps-là, Charles Hélou n’a pas obtempéré, préférant rester sans gouvernement durant huit mois.

Le président, selon son neveu, s’est alors tourné vers l’aide internationale, essuyant un refus français de s’ingérer dans les affaires libanaises internes, et un appui américain qui s’est avéré, plus tard, n’être que pure façade. De plus en plus isolé, sans appui clair des leaders chrétiens qui avaient l’œil sur la présidentielle de 1970, Charles Hélou s’adressait encore à la nation, le 31 mai 1969, en termes de refus des armes palestiniennes, provoquant un tollé.

Le président avait vu venir le désastre et a convoqué les leaders chrétiens pour leur enjoindre de porter les armes, assure son neveu. Étant particulièrement hostile à tout compromis concernant les armes des Palestiniens, Charles Hélou a dû, par une ironie de l’histoire, être celui qui signe l’accord du Caire, le 3 novembre 1969, avec l’Organisation de libération de la Palestine, ce qui a, selon Joe Khoury-Hélou, reporté l’échéance de la guerre qui aurait éclaté cette année-là. « Il m’a dit un jour qu’il n’avait pas de remords, parce qu’il n’a pas eu le choix, mais qu’il regrettait d’avoir été là », raconte celui qui a été son confident.

Charles Hélou était un président dans la tourmente et a essuyé les critiques de ce qu’il ressentait lui-même comme une défaite. Il écrit dans ses Mémoires : « On m’a dit faible, indécis. C’est possible. À moins que… (…) Il est donc possible que je mérite les reproches que l’on m’a faits. À moins que ce ne soit le contraire… et que le courage ait consisté à tenir compte des réalités, à prévoir et préparer leur évolution. »


Quand on évoque le nom de Charles Hélou (président de 1964 à 1970), associé aux mots indépendance et souveraineté, on ne peut que se heurter à une date butoir de son mandat : la signature en 1969 de l’accord du Caire, qui a donné le droit aux fedayin palestiniens de garder leurs armes, pavant ainsi la voie à la guerre civile qui devait éclater six ans plus tard. Cet épisode, on...

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