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Liban - Maison du Centre

Hariri met directement le Hezbollah en cause dans le blocage

Le Premier ministre désigné affiche une position ferme : « J’ai formé mon cabinet, il est prêt, que chacun assume ses responsabilités. »

Saad Hariri a répondu hier point par point au discours de Hassan Nasrallah, samedi. Dalati et Nohra

Il y avait foule hier à la Maison du Centre, pour assister à la conférence de presse tenue par le Premier ministre désigné Saad Hariri, qui a pris des allures de discours solennel. Dans une grande salle étaient rassemblés non seulement députés et ministres, actuels et anciens, mais aussi une foule de partisans qui ont fait un triomphe au maître des lieux à son arrivée, ce qui contrastait quelque peu avec sa mine grave. La présence d’un si grand nombre de cadres ne visait-elle pas à montrer toute la solidarité nécessaire pour une prise de position cruciale du Premier ministre sortant, mais qui n’a fait d’autre, au final, que confirmer le blocage total du processus ministériel et l’absence de toute solution en vue? Ce qui a fait dire à une source bien informée que « la forme (du discours) est excellente, mais il n’y a rien dans le fond »…

Sans les salutations d’usage, M. Hariri s’est donc lancé hier dans son discours qui était traversé de bout en bout par une responsabilisation du Hezbollah dans le blocage actuel, pointant du doigt l’insistance de ce parti à vouloir faire représenter le groupe de six députés connu désormais sous le nom de « sunnites du 8 Mars ». « Je me dois de dire la vérité, la formation du gouvernement fait face à un obstacle, a-t-il martelé. Certains l’appellent le nœud des six députés sunnites. En fait, il est beaucoup plus important que cela. (Le secrétaire général du Hezbollah) Hassan Nasrallah l’a clairement dit : le Hezbollah a décidé de bloquer le gouvernement. Cela me déçoit profondément. Je ne croyais pas que le Hezbollah allait œuvrer autant contre moi que contre le chef de l’État. » Par ces paroles, le Premier ministre pouvait donner l’impression de faire référence à des complications externes, ce qu’il a pourtant nié en réponse à plusieurs questions ultérieures sur le rôle potentiel de l’Iran dans le blocage, assurant que le problème réside dans la perception de la formation du gouvernement et insistant sur le fait que « suivant la Constitution, deux autorités sont chargées de cette tâche, le Premier ministre et le président de la République, un point c’est tout ».

Revenant à la charge concernant les « sunnites du 8 Mars », M. Hariri a estimé avoir été « clair depuis le début » quant au refus de leur accorder un poste ministériel. Il a insisté, au cours du débat qui a suivi, sur le fait que « ces députés n’ont jamais formé un bloc, sinon j’aurais été obligé de leur réserver un poste ministériel ». « Si vous étiez vraiment attachés à la représentation des six sunnites, pourquoi refusez-vous d’en nommer un, ou n’avez-vous pas désigné l’un d’eux comme Premier ministre ? » s’est-il interrogé, s’adressant au Hezbollah. Il s’est aussi défendu « de ne pas vouloir inclure dans le gouvernement des sunnites qui ne sont pas dans le giron du Futur, preuve en est, un des ministres du bloc du président est sunnite, et un autre a été désigné en collaboration avec (l’ancien Premier ministre et député) Nagib Mikati ».


(Lire aussi : Hariri se montre ferme face au Hezbollah mais évite la confrontation)


« Je suis le père des sunnites »
Se prévalant de l’école de son père (le Premier ministre assassiné) Rafic Hariri, Saad Hariri a rappelé à plusieurs reprises à quel point son parti est transcommunautaire et insisté sur « l’importance de l’ouverture au sein des partis ». Toutefois, face à un parterre de partisans et de cadres, dont deux anciens Premiers ministres, Fouad Siniora et Tammam Salam, il a affirmé être « le père des sunnites au Liban ». « Je suis seul à savoir où se trouvent leurs intérêts et comment les protéger et défendre leur cause », a-t-il lancé, sous un tonnerre d’applaudissements. « Ils essaient de me briser depuis 2005, depuis 13 ans, mais personne ne peut briser Saad Hariri », a-t-il assuré. Il a aussi parlé des « sacrifices » qu’il a faits « quoi qu’il m’en ait coûté, parce que le pays le mérite » – notamment en acceptant une loi proportionnelle qui a changé la représentation de la communauté–, mais a estimé que « l’on ne paye pas une facture deux fois ».

Le blocage est total, donc, et il n’y a pas de solution en vue, ainsi que l’a clairement répété Saad Hariri hier. « S’il y avait une solution, je me serais rendu à Baabda » pour annoncer la formation du gouvernement depuis le palais présidentiel, a-t-il affirmé. La fin de son discours montre clairement que l’escalade verbale consiste surtout en une prise de position qui jette la balle dans le camp du Hezbollah. « J’ai formé mon gouvernement, il est prêt, que chacun assume ses responsabilités », a-t-il simplement dit. À une question sur ce qui pourrait le pousser à jeter l’éponge, il a simplement dit : « Chaque chose en son temps. »


(Lire aussi : « Hassan Nasrallah se trouve en confrontation avec tout le monde »)


Une situation « très inquiétante »
Dans le même sillage de l’immobilisme confirmé, le Premier ministre a esquivé toutes les questions sur des initiatives précises, comme celle de trouver un consensus dans la personne d’un homme politique sunnite « modéré » qui rejoindrait le bloc du président de la République, ou encore le détail de ses pourparlers avec le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, chargé par le président de la République Michel Aoun d’œuvrer à résoudre ce dernier nœud apparu in extremis, alors même que le « nœud chrétien » se résolvait par une acceptation des Forces libanaises des conditions de leur représentation au sein du cabinet. « (Le chef du Parlement) Nabih Berry (NDLR : proche allié du Hezbollah) et moi étions prêts à nous diriger à Baabda pour annoncer le gouvernement, mais il semble que certaines parties comptaient sur un blocage plus long du fait du nœud chrétien, et ont dû afficher leur volonté de blocage », a-t-il dit.

Rien d’étonnant, donc, à ce qu’un ancien député déclare à L’OLJ que « la situation est très inquiétante ». Jusqu’à quand pourrait-elle durer ? « Nous attendrons autant que faire se peut », a-t-il répondu, soulignant l’étendue de l’impasse par ces quelques mots. Un autre ancien député a trouvé les propos du Premier ministre « logiques et fermes ». Pour lui, « seul le président de la République peut encore intervenir pour débloquer le processus, lui qui entretient de bonnes relations avec les deux parties ».


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Il y avait foule hier à la Maison du Centre, pour assister à la conférence de presse tenue par le Premier ministre désigné Saad Hariri, qui a pris des allures de discours solennel. Dans une grande salle étaient rassemblés non seulement députés et ministres, actuels et anciens, mais aussi une foule de partisans qui ont fait un triomphe au maître des lieux à son arrivée, ce qui...

commentaires (5)

Concernant Jawad Ibn Hassan Nasrallah, on est sûr d'une chose , c'est qu'il N'est pas en occident dit DÉMOCRATIQUE à prendre du " plaisir" comme le font tous les fils de . LIBANAIS......etc.... AVEC QUI IL VA AVOIR A TRAITER UN JOUR , SI DIEU LUI DONNE LONGUE VIE , PUISQU'IL N'A PAS CHOISI LA FACILITÉ NI LA CORRUPTION DE SES MOEURS ET CONVICTIONS .

FRIK-A-FRAK

11 h 06, le 14 novembre 2018

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Commentaires (5)

  • Concernant Jawad Ibn Hassan Nasrallah, on est sûr d'une chose , c'est qu'il N'est pas en occident dit DÉMOCRATIQUE à prendre du " plaisir" comme le font tous les fils de . LIBANAIS......etc.... AVEC QUI IL VA AVOIR A TRAITER UN JOUR , SI DIEU LUI DONNE LONGUE VIE , PUISQU'IL N'A PAS CHOISI LA FACILITÉ NI LA CORRUPTION DE SES MOEURS ET CONVICTIONS .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 06, le 14 novembre 2018

  • comme on dit : A CHACUN A SON TOUR.... sauf que cette fois-ci HN ayant exagere sa participation a ce jeu la..... a bien merite-tardivement bien sur- une telle rebuffade .

    Gaby SIOUFI

    10 h 35, le 14 novembre 2018

  • L,INTIMIDATIOM DES ARMES EMPECHERA TOUT GOUVERNEMENT DE POUVOIR FONCTIONNER... LA PARALYSIE A TOUT TOURNANT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 05, le 14 novembre 2018

  • LA FAIBLESSE DE HARIRI DONNE DES AILES À HASSAN NASRALLAH QUI FORME LE GOUVERNEMENT VIA BASSIL, SI GOUVERNEMENT VOIRA LE JOUR. HARIRI NE TARDERA PAS DE VOYAGER POUR CONSULTER AILLEURS.

    Gebran Eid

    07 h 01, le 14 novembre 2018

  • "Le bloage est total" pourquoi? Comme le rappelle Hariri, " suivant la Constitution, deux autorités sont chargées de cette tâche, le Premier ministre et le président de la République, un point c’est tout". Donc que le président de la République signe la liste préparée par le Premier Ministre et c'st fini! Et si le Hezbollah refuse de participer, ce n'en sera que mieux!

    Yves Prevost

    06 h 33, le 14 novembre 2018

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