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Campus - RENCONTRE

Les adolescents libanais sous l’emprise d’une double menace

Rencontrés dans le cadre du 2e colloque international en sciences de l’éducation organisé à l’USEK fin octobre, les professeurs Antoine Kattar et Éva Hachem ont répondu aux questions de « L’Orient-Le Jour ».

De gauche à droite, Éva Hachem, Antoine Kattar, Laurence Gavarini et Véronique Kannengiesser.

Lors de ses travaux au Liban qui ont mené à la publication de l’ouvrage Adolescent dans un environnement incertain, une expérience libanaise en 2016, le professeur Antoine Kattar, professeur en sciences de l’éducation à l’Université Picardie Jules Verne (UPJV) et psychologue clinicien, a constaté que les adolescents libanais vivent une double menace. « La menace interne, c’est la quête identitaire par laquelle tout jeune passe dans le but de construire son identité, explique-t-il. Au Liban, s’ajoute la menace externe, c’est-à-dire la difficulté du jeune à se projeter dans l’avenir. Ceci est une grande angoisse qui vient s’ajouter à son angoisse interne. » Éva Hachem, chef du département des sciences de l’éducation à l’USEK, acquiesce, ajoutant que les rites de passage de l’enfance vers l’âge adulte diffèrent entre un adolescent qui a vécu dans un environnement stable et serein, et un autre jeune ayant vécu la guerre et l’instabilité. Par ailleurs, elle souligne qu’il n’y a pas une grande différence entre l’adolescent contemporain et celui d’hier, puisque les angoisses, les pressions sociales et les conflits générationnels demeurent les mêmes. « Avec l’arrivée des réseaux sociaux, les bouleversements numériques qui ont créé le cyber-harcèlement et les autres chantages qui vont avec, il est de notre devoir, nous éducateurs, de prendre (ces facteurs) en compte et d’y travailler avec les jeunes », ajoute-t-elle.

Sur le rôle de l’éducateur auprès des adolescents dans un environnement serein, la Dr Hachem précise : « En tant qu’éducateur des adolescents, notre but est de former l’adolescent non seulement en tant qu’apprenant, mais également en tant que personne qui ressent, personne qui veut et personne qui devient. »

Concernant la question identitaire de l’adolescent, le professeur Kattar constate que l’identité du jeune se développe à travers la rencontre avec les adultes : parents, enseignants ou éducateurs. « Son identité se construit aussi à travers les remaniements internes et la compréhension de ce qui lui arrive », ajoute-t-il. Ainsi, il est important que l’adulte, parent ou éducateur, ne verse pas dans l’excès du pouvoir, car à l’adolescence, le jeune obéit, mais ne se soumet pas. Donc, s’il a face à lui une personne qui est frontale, injonctive et donne des ordres en continu, alors en réaction le jeune se rebelle.


Aller à la rencontre des adolescents

Selon Antoine Kattar, il existe plusieurs moyens d’aider les adolescents à traverser l’âge de la puberté sans en être affectés, surtout pour les jeunes à risques. En premier lieu, il préconise de constituer dans les universités, écoles ou tout centre pour adolescents, des groupes de paroles. « Il s’agit de créer des groupes de six adolescents avec un adulte professionnel, ils viennent échanger avec lui pour parler de leur rapport au monde, de leur rapport aux parents, de leur rapport à l’alcool, de leur rapport à la scène libanaise. Non pas dans le cadre d’un ensemble de mesures pour prévenir les risques, mais pour permettre aux adolescents de s’exprimer. Il est important qu’ils s’extériorisent, que l’on soit d’accord avec leur propos ou non. » Par ailleurs, le professeur Kattar souligne l’importance de former les enseignants et les éducateurs sur le processus de l’adolescence, d’organiser plus de séminaires pour les parents et de les soutenir dans ce processus de passage.


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