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Nos Lecteurs ont la Parole - par Marie-Louise HACHER

Michel Chiha l’incontournable

Le temps ne change rien à l’affaire. Ou plutôt il confirme, de la manière la plus éclatante, l’importance de l’œuvre, de la philosophie politique, de la vision du monde de Michel Chiha. La meilleure preuve, s’il en était besoin, on la trouve dans l’anthologie qui vient de paraître sous le label de la Fondation Chiha.

Riche d’une immense culture, acquise par la fréquentation des textes des plus grands écrivains et penseurs, Chiha a forgé, à travers ses éditoriaux, ses écrits politiques ou littéraires, une doctrine qui traverse les âges par la qualité, la richesse et l’élégance de la langue, ainsi que par l’acuité, la profondeur et la pertinence de la représentation qu’il se faisait de la société, dans ses différentes composantes, politiques, culturelles, économiques ou spirituelles.

Du Liban, Chiha avait une conception idéale. Il pensait, il a écrit, que si ce pays n’existait pas, il eût fallu le créer car il est le seul à être le foyer de la liberté de conscience, de la liberté tout court. Il n’a cessé d’insister sur le fait, unique au monde, que le Liban était le foyer de communautés confessionnelles minoritaires associées. La règle d’or pour lui épargner des troubles mettant en danger son existence même consiste, a-t-il répété, à tenir compte de cette spécificité.

Le fondateur du Jour a de même écrit des pages d’une rare intelligence sur le processus de déstabilisation du Proche-Orient provoqué par la création de l’État d’Israël en terre palestinienne. Il a su montrer à quel point, dans cette opération de brigandage international, la perfidie des grandes puissances, la pusillanimité des petits pays et les plans scabreux de la Jordanie avaient joué un rôle déterminant. Il a dénoncé continûment l’ambition insatiable d’agrandissement territorial d’Israël et les dangers qu’elle faisait courir à la stabilité et à la paix dans tout le Proche-Orient. Sur Jérusalem, la ville dite trois fois sainte, et la nécessité de la doter d’un statut international, il a rédigé des textes d’une saisissante actualité.

Chiha était imprégné de la culture et de l’histoire de la Méditerranée, et il n’a pas manqué de leur consacrer des pages admirables. Dans la même inspiration, dans le même souffle s’inscrivent ses poèmes, ainsi que les textes sur sa foi, une foi ardente et communicative.

L’anthologie des écrits politiques et littéraires de Michel Chiha, que la Fondation Chiha met aujourd’hui à la disposition du public, comporte également un choix de textes publiés sous le titre Essais, des articles sur les relations avec la Syrie, d’autres de réflexion générale, ainsi qu’un résumé des conférences qu’il a données.


Le temps ne change rien à l’affaire. Ou plutôt il confirme, de la manière la plus éclatante, l’importance de l’œuvre, de la philosophie politique, de la vision du monde de Michel Chiha. La meilleure preuve, s’il en était besoin, on la trouve dans l’anthologie qui vient de paraître sous le label de la Fondation Chiha.Riche d’une immense culture, acquise par la fréquentation des...

commentaires (1)

La mémoire de ce grand homme, et ses écrits, nous rappelle à quel point les mouvements politiques actuels au Liban, mais pas seulement au Liban, manquent cruellement de relais intellectuels, pour définir leurs existences et pour clarifier leurs objectifs. Sans ancrage dans le passé, et sans vision claire de l'avenir souhaité, les partis politiques sont voués à la disparation au fil du temps. Je me demande, à chaque événement majeur au Liban, pourquoi personne ne songe à la neutralité comme modèle politique, pourtant le peuple dans son ensemble ne serait pas contre.

Shou fi

11 h 36, le 07 novembre 2018

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Commentaires (1)

  • La mémoire de ce grand homme, et ses écrits, nous rappelle à quel point les mouvements politiques actuels au Liban, mais pas seulement au Liban, manquent cruellement de relais intellectuels, pour définir leurs existences et pour clarifier leurs objectifs. Sans ancrage dans le passé, et sans vision claire de l'avenir souhaité, les partis politiques sont voués à la disparation au fil du temps. Je me demande, à chaque événement majeur au Liban, pourquoi personne ne songe à la neutralité comme modèle politique, pourtant le peuple dans son ensemble ne serait pas contre.

    Shou fi

    11 h 36, le 07 novembre 2018

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