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À La Une - Egypte

En Egypte, l'EI sous pression, conserve sa capacité à frapper

"La campagne anti-EI n'a pas réuss malgré des efforts évidents des autorités pour l'abattre dans différentes parties du pays", estime un expert. 


Des coptes portent le cercueil d'une des victimes de l'attentat revendiqué par l'Etat islamique, à Minya, au sud du Caire, le 3 novembre 2018. AFP / MOHAMED EL-SHAHED

Le groupe Etat islamique (EI) conserve sa capacité à mener en Egypte des actions sanglantes, malgré la répression du régime d'Abdel Fattah al-Sissi et le recul général des jihadistes dans la péninsule du Sinaï, en Syrie et en Irak. Après une accalmie de quelques mois, l'EI a revendiqué vendredi, un nouvel attentat sanglant contre la communauté copte à Minya, qui a fait sept morts, à 250 km au sud du Caire.

Selon Mostafa Kamel El Sayyed, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire, malgré la pression sécuritaire, il existe en Haute-Egypte (sud) un "terrain fertile" pour des opérations de l'EI comme celles de vendredi.

"Au moment où l'EI est affaibli dans le Sinaï, il tente de faire des opérations ailleurs en Egypte. Les islamistes étant enracinés en moyenne et Haute Egypte, notamment à Minya et Assiout, il n'est pas difficile pour l'EI de recruter dans cette région", assure à l'AFP le professeur. Pour lui, l'objectif de l'EI est de montrer que "l'Egypte n'est pas stable alors que le président tente de donner cette impression en organisant une réunion internationale de la jeunesse à Charm el-Cheikh" cette semaine.

HA Hellyer, chercheur non-résident à l'Atlantic Council de Washington et au Royal United Services Institute de Londres, va plus loin en affirmant que "cette dernière attaque montre que la campagne anti-EI n'a pas réussi en Egypte, malgré des efforts évidents des autorités pour l'abattre dans différentes parties du pays".

Depuis décembre 2016, les chrétiens, soutiens affichés du régime de M. Sissi, ont été pris pour cible, avec plus d'une centaine de morts dans divers attentats. La dernière attaque d'envergure contre les coptes remontait à décembre 2017, lorsqu'un jihadiste de l'EI avait tué neuf personnes dans une église près du Caire. "L'attaque a caractère confessionnel (de vendredi) montre aussi que le problème plus large du confessionnalisme, instrumentalisé pour soutenir une partie de l'opposition extrémiste radicale, reste un souci majeur", analyse HA Hellyer.


Pression militaire accrue

Depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en 2013, les extrémistes ont régulièrement attaqué les forces de sécurité, tuant des centaines de policiers et soldats. En réponse et sous couvert de lutte contre le terrorisme, M. Sissi a mis en place une répression impitoyable contre toute forme d'opposition islamiste, mais aussi laïque.

Fin novembre 2017, M. Sissi avait donné trois mois à son appareil sécuritaire pour rétablir l'ordre dans le Sinaï à la suite d'un attentat qui avait fait plus de 300 morts dans une mosquée du Nord-Sinaï, dans le nord-est de l'Egypte.

Près d'un an après cet ultimatum, l'insurrection jihadiste dans le Sinaï est toujours active, et l'attentat antichrétien de vendredi montre que l'EI possède encore des capacités d'action, notamment hors de la péninsule. Pourtant, selon les experts, l'EI en Egypte est représentée par quelques centaines de combattants tout au plus, qui ont subi cette année une pression militaire accrue. Le 9 février, l'armée a lancé l'opération "Sinaï 2018" pour tenter de neutraliser l'EI.

L'armée, qui communique régulièrement sur le bilan de l'opération, a assuré en octobre avoir éliminé plus de 450 jihadistes depuis le début de l'opération. Une trentaine de soldats ont également été tués, selon les chiffres officiels. Toutefois, la zone nord du Sinaï est entièrement bouclée et totalement inaccessible pour la presse, dans l'incapacité de constater par elle-même l'impact des opérations.

En revanche, les organisations de défense des droits humains dénoncent régulièrement un approvisionnement défaillant des populations en raison des opérations, ce que démentent les autorités.

Le groupe égyptien Ansar Beit al-Maqdis a prêté allégeance à l'EI en 2014, obtenant l'expertise et le soutien logistique du groupe extrémiste, alors à la tête d'un "califat" autoproclamé en Irak et en Syrie. Puis les jihadistes du Sinaï ont intensifié leurs attaques contre les civils. En novembre 2015, ils font exploser une bombe à bord d'un avion de ligne russe dans le Sinaï, tuant les 224 personnes à bord.

 


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